Une borne d’amarrage aurait provoqué l’accident mortel au quai de Cap-aux-Meules

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Une borne d’amarrage arrachée du quai aurait engendré l’accident mortel survenu dimanche lors de l’accostage du traversier Madeleine II au quai de Cap-aux-Meules.

Selon le Syndicat des Métallos, une bitte d’amarrage (une imposante pièce métallique fixée au quai permettant d’attacher les amarres de bateau) aurait cédé sous la pression des câbles, causant la mort du membre de l’équipage Jean-Nicolas Poirier, 34 ans.

Ils étaient en train de faire une manœuvre d’accostage, donc le câble du navire était attaché après la bitte, et en tirant le bateau, la borne d’amarrage aurait lâché, rapporte le représentant du Syndicat des Métallos, Luc Laberge.

«La bitte a revolé environ 800 pieds [NDLR environ 240 mètres] plus loin. Ça aurait provoqué l’accident qui a été mortel pour le travailleur», ajoute M. Laberge sans toutefois s’avancer sur la cascade potentielle d’événements engendrée par la propulsion de la pièce métallique et l’effet sur les amarres tendues.

Sven Meier, un résident de Bassin aux Îles-de-la-Madeleine, se trouvait sur le quai dimanche matin, en attente d’un proche qui était à bord du traversier.

Constatant la présence de nombreux véhicules d’urgence et des retards dans le débarquement des passagers, il s’est informé auprès d’un travailleur qui se trouvait sur le quai.

L’employé du quai m’a expliqué avoir vu personnellement la borne revoler de l’autre côté du quai durant l’accostage et c’est ce qui aurait provoqué l’accident, raconte M. Meier.

Ce dernier précise que l’employé l’a aussi informé qu’un véhicule stationné près du cap aux Meules, la butte qui surplombe le port, aurait été percuté par la pièce métallique au terme d’un vol plané d’environ 200 mètres.

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«Je suis allé voir et, effectivement, il y avait un camion avec toute la partie arrière – le toit et la porte – qui était arrachée et on pouvait voir les traces très visibles de la borne qui a rebondi sur le sol», explique M. Meier. «De l’autre côté du camion, derrière une clôture, la borne était encore visible à cet endroit-là.»

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Les traces près du camion permettent de deviner la trajectoire de la borne par rapport à où elle a atterri sur le sol avant de rebondir, croit Sven Meier, qui a pris des photos au moment où les véhicules d’urgence se trouvaient encore à proximité du navire.

La Coopérative de transport maritime et aérien, l’employeur du travailleur décédé, recueille actuellement toute l’information entourant l’événement et refuse de le commenter davantage.

Des questions en suspens concernant l’état du quai

En mars, Ottawa a condamné plusieurs bornes d’amarrage et a interdit la circulation sur certaines portions du port de Cap-aux-Meules au printemps dernier, en raison de la dégradation du quai. Transports Canada avait précisé que la capacité portante de certaines portions ouvertes du quai avait été réduite de moitié depuis la construction du quai en 1971.

Aucune restriction n’était toutefois en vigueur dans la section du quai où s’amarre le Madeleine II.

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On sait que les infrastructures de Cap-aux-Meules sont vieillissantes et qu’elles ont été entretenues de façon très superficielle ces dernières années parce qu’Ottawa voulait s’en dessaisir, rappelle le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau.

Du même souffle, le député ajoute qu’il est encore trop tôt pour s’avancer sur les causes exactes de l’accident mortel et qu’il faut attendre les conclusions de l’enquête menée conjointement par Transports Canada et la Sûreté du Québec.

« Est-ce qu’on peut faire un lien entre l’accident et l’entretien des infrastructures? C’est impossible de le faire à l’heure actuelle et on ne veut pas jouer aux experts là-dessus. »

— Une citation de  Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine

Alors que les résultats d’une inspection détaillée du quai réalisée cet automne sont attendus à la fin du mois de janvier, le député demande à Transports Canada de ne rien cacher aux Madelinots.

Le gouvernement fédéral doit faire preuve d’une totale transparence pour nous dire quel est l’état réel du quai pour rassurer tous les utilisateurs et doit consentir les montants nécessaires pour assurer la sécurité, ajoute Joël Arseneau.

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Depuis son arrivée dans l’archipel en mars 2021, le nouveau traversier s’amarre près du terminal de croisières, à l’endroit où est habituellement accosté le navire de croisière le Vacancier, en attendant que les travaux d’ajustement à la rampe d’embarquement habituelle du traversier soient terminés.

LA UNE :  Selon plusieurs témoignages recueillis par Radio-Canada, une borne d’amarrage du quai de Cap-aux-Meules aurait cédé durant les manœuvres d’accostage avant d’être propulsée dans les airs sur une distance d’environ 200 mètres (archives). PHOTO : RADIO-CANADA