Marie et Edward Blanchard et leur fille Amy

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Chaque semaine ou presque, Amy Blanchard-Graham raconte sur son compte Facebook les petits voyages qu’elle faits avec sa mère, «Ma».  Des histoires savoureuses, toujours drôles et pleines de tendresse entre une fille et sa mère.  Enfant unique, Amy est très présente dans la vie de ses parents.  «Je connais les histoires par cœur, celles qu’ils racontent en tout cas», dit-elle. 

Mariés le 3 août 1963, Marie Allain de Saint-Édouard et Edward Blanchard de Saint-Rock, ont vécu des jours paisibles jusqu’à l’arrivée de leur fille Amy, en 1974.

«J’étais une surprise», dit Amy.  Elle raconte avec humour que ses parents n’avaient pas de place pour elle et qu’ils avaient dû agrandir la maison pour lui faire «un p’tit coin».  Après 10 ans de mariage, le couple s’était fait à l’idée qu’il n’aurait pas d’enfants et Amy est venue changer cela.

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Marie s’occupe de la maison.  Tout y est propre et bien entretenu.  Sur le poêle on remarque le mot Acadie. (Photo : J.L.)

Marie Allain est née à Saint-Édouard (presqu’en face de sa maison actuelle) dans la maison où vit maintenant son petit-fils Alain Graham, qui vient souvent donner un coup de main.  Elle était la plus jeune de six frères et sœurs.  Edward était quant-à lui le plus vieux de six frères et sœurs.  «Les gars de par chez nous, à Saint-Rock, disaient qu’il y avait des filles par ici.  On a donc décidé de venir voir ces filles-là et de les emmener faire un tour d’auto.  Marie était venue avec sa soeur.  J’ai choisi Marie», dit Edward.

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Dans son atelier, Edward est le roi.  Il sait où se trouve tout ce dont il a besoin.  Il est connu pour les manches de hache et de marteau qu’il fait à la main, et pour les chaînes de scies mécanique, qu’il est un des seuls à savoir aiguiser.  (Photo : J.L.)

Jeune homme, Edward a travaillé dans les chantiers de bûcherons en dehors de l’Île.  Il a occupé quelques autres emplois, jusqu’à ce qu’il décroche un emploi au moulin à scie de Tignish en 1962.  Après l’incendie qui a détruit l’installation au début des années 1980, il a participé à sa reconstruction à Saint Félix.  Il a travaillé dans cette entreprise pendant 38 ans.  «J’avais 66 ans quand j’ai arrêté. Ça me tannait de laisser.  Je connaissais tout le monde de Tignish à Portage», dit Edward.

Avec le temps, le travail dans la scierie est devenu plus sécuritaire, mais durant ces années, Edward a vu des accidents arriver.  Des accidents graves qu’il ne peut pas s’empêcher de raconter.

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Durant leurs sorties «à trotter les chemins», Amy et sa mère rient un bon coup et partagent des moments précieux. (Photo : Amy Blanchard)

Sa femme, bien sûr, connait toutes ces histoires.  «Il me racontait tout ça.  Je savais que c’était un travail dangereux.  Quand il partait le matin, je ne savais jamais s’il allait revenir le soir», avoue Marie.

Marie, quant-à elle, a travaillé quelques saisons à l’usine de poisson de French River.  «Je restais par là la semaine et je revenais la fin de semaine.  J’ai travaillé là avant de me marier et après aussi, mais pas longtemps.  Edward n’aimait pas que je le laisse tout seul.  Il disait qu’il n’avait rien à manger…».  Par chance, les parents de Marie vivaient juste à côté de l’endroit où elle et Edward ont construit leur maison.  «Il allait des fois manger chez ma mère», dit-elle.

Tous deux en excellente santé malgré les années qui ont passé, Marie et Edward vivent encore dans leur maison et n’ont pas l’air de vouloir aller ailleurs.  Marie entretient sa maison avec grand soin.  «Elle fourbit la place à la main.  Elle passe l’aspirateur, elle fait la nourriture, le pain, les galettes et les biscuits (galettes blanches)», dit Amy.  Et elle ajoute : «Et de temps en temps, on part elle et moi et on trotte les chemins, à Summerside et à Charlottetown, à Cavendish et à Borden aussi.  On aime magasiner.»

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Amy sait toujours dans quels albums photos chercher pour trouver une page de l’histoire de ses parents.  (Photo : J.L.)

Le duo profite toujours des ventes d’après Noël pour préparer le Noël suivant.  «On n’a pas encore été cet hiver.  La COVID nous a pas laissé.  Y aura pu rien c’est sûr.  Faudra attendre à l’automne», dit Marie.

Les jours de «trottage», Marie et Amy apportent leur propre nourriture.  «C’est pas à cause de la COVID.  Dans les restaurants c’est long avant d’être servies», dit Marie.  C’est souvent au cours de ces excursions que la mère raconte les histoires de sa vie passée à sa fille.  «Je connais les histoires par cœur.  J’aime passer du temps avec ma mère.  On rit tellement ensemble.»  Comme preuve, elle retrouve une petite vidéo des minutes de rire précédant la prise d’une photo «officielle» pour les réseaux sociaux.

«J’aime raconter sur Facebook les histoires que Ma me raconte et aussi le plaisir qu’on a ensemble», dit Amy, qui est maintenant grand-maman de trois petits-enfants, son fils ayant pris sous son aile les deux enfants de sa conjointe, avant de devenir lui-même papa.

Alors qu’Amy et sa mère passent du temps ensemble, Edward passe du temps dans son atelier où il se tient occupé.  «Je fabrique des manches de hache, de marteau et de massues, et aussi, j’aiguise les chaînes des scies mécaniques des gens des alentours.  Je ne charge pas cher, c’est pour passer le temps.»

L’atelier d’Edward est un vrai capharnaüm en apparence, mais le propriétaire sait où tout se trouve.  En comparaison, la maison tenue par Marie semble «vide».  «Je n’aime pas beaucoup le désordre», dit-elle.

Le couple n’a pas été inquiété par la COVID-19.  Il a continué à faire ses propres commissions.  «Je n’ai pas peur de l’attraper.  Si je l’ai, je l’ai.  Mais je n’ai pas peur», dit Edward.  Alors que sa femme ne se rappelle pas du tout avoir entendu parler de la grippe espagnole qui a sévi dans les années suivant la Première Guerre mondiale, Edward a entendu des histoires dans son jeune temps.  «Ça a emporté beaucoup de monde, mais je pense que ce n’était pas autant partout que cette grippe de COVID», suggère-t-il.

Edward et Marie vont célébrer leur 60e anniversaire de mariage le 3 août 2023.  «J’espère qu’on va vivre jusque-là», dit Marie.

PAR : Jacinthe Laforest

LA UNE : Edward et Marie Blanchard de Saint-Édouard, dans la région Prince-Ouest, profitent d’une vie joyeuse et sans tracas dans la maison où ils vivent depuis presque 60 ans. (Photo : J.L.)