Crabe des neiges: un marché qui favorise le produit aux dépens des consommateurs

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À quelques semaines du début de la saison de pêche au crabe des neiges en Atlantique, les conditions du marché semblent favoriser le produit canadien, mais avec des prix ayant atteint des niveaux historiquement élevés en 2021, les consommateurs seront-ils au rendez-vous?

La date d’ouverture de la saison n’a pas encore été déterminée en raison de l’abondance de la glace dans le golfe du Saint-Laurent. L’an dernier, elle a pris son envol le 3 avril.

La semaine dernière, la ministre des Pêches et des Océans, Joyce Murray, a cependant été la porteuse de bonnes nouvelles en annonçant une hausse d’environ 34% du total autorisé des captures dans l’ensemble du golfe, soit 32 519 tonnes contre 24 261 tonnes en 2021.

Dans la zone 12, la région fréquentée par la plupart des crabiers acadiens et qui englobe la majeure partie du sud du golfe, le quota s’élève à 28 065 tonnes.

Cette hausse importante du quota n’est pas le seul facteur qui pourrait être à l’avantage de la flottille acadienne, explique Gilles Thériault, président de l’Association des transformateurs de crabe du Nouveau-Brunswick.

D’abord, les États-Unis ont récemment interdit l’importation de fruits de mer provenant de la Russie en réponse à l’invasion de l’Ukraine.

«Ça représente environ 30% du marché», précise M. Thériault.

Deuxième facteur en cause, l’automne dernier, le gouvernement de l’Alaska a baissé le quota de 88%, afin de protéger les stocks de crabe des neiges, qui semblent vulnérables au réchauffement de la mer de Béring. Grâce à la pêche en Alaska, les États-Unis sont avec le Canada et la Russie, l’un des grands joueurs de l’industrie.

«Avec tout cela en tête, on peut présumer que la demande pour le crabe canadien sera assez forte. À première vue, on pourrait se dire que c’est une très bonne nouvelle, mais le prix est rendu très élevé et on remarque depuis quelques mois des signes que le consommateur a commencé à arrêter d’en acheter. Le prix est trop élevé, surtout au marché du détail.»

Avec plus de temps à la maison et la plupart des restaurants fermés, les consommateurs américains se sont montrés très friands des fruits de mer. Plusieurs ont profité des chèques reçus du gouvernement américain visant à stimuler l’économie pour se payer quelques luxes, comme du crabe des neiges à environ 20$ la livre.

«Ils pouvaient se permettre de le payer, mais la contribution du gouvernement américain est terminée. On ne sait pas encore où on va se situer en comparaison à l’an dernier. Le message qu’on reçoit des acheteurs, c’est qu’ils ne peuvent plus se permettre de faire payer le même prix que les consommateurs ont payé à la fin de 2021.»

L’arrivée des baleines noires

Depuis quelques années, les crabiers, avec l’aide du gouvernement fédéral, mettent les bouchées doubles afin de permettre, dans la mesure du possible, un début de saison hâtif. L’an dernier, les crabiers de la Péninsule acadienne ont pris la mer le 3 avril.

Cette année, en raison de l’étendue des glaces dans le golfe du Saint-Laurent, ils risquent de devoir attendre jusqu’à la mi-avril.

L’objectif est de leur permettre de capturer une partie importante de leur quota avant l’arrivée des baleines noires, une espèce en voie de disparition, plus tard au printemps. Par contre, dans les usines, cela risque de créer une surcharge de travail pour les employés.

«Cela nous préoccupe un peu, parce que les pêcheurs vont vouloir prendre le plus de crabes possible avant l’arrivée des baleines, surtout avec le quota à la hausse.»

Contrairement au homard, qui peut être conservé dans des viviers en attendant sa transformation, le crabe doit être cuit immédiatement.

«D’autre part, on est limité dans ce qu’on peut transformer en une journée. Le crabe ne survit pas dans les viviers comme le homard. Si une usine a une capacité de transformation de 150 000 livres par jour et qu’on en reçoit 200 000, qu’est-ce qu’on fait? Si on ne le cuit pas, on peut le perdre, donc ce sont des situations qu’il faut gérer.»

Malgré tout, les usines essaient de travailler ensemble pour limiter les pertes, explique Gilles Thériault.

«On a déjà connu ce genre de défi dans le passé. Entre usines, on essaie de s’échanger des produits. Si j’en ai trop et une autre usine, pour une raison quelconque en a moins, on peut faire un partage.»

LA UNE : La semaine dernière, la ministre des Pêches et des Océans, Joyce Murray, a annoncé une hausse d’environ 34% du total autorisé des captures de crabe des neiges dans l’ensemble du golfe St-Laurent. – Archives.

Par David Caron