Zachary Richard, passionné de création depuis 50 ans

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Un demi-siècle et au-delà d’une vingtaine d’albums plus tard, Zachary Richard qui a toujours autant de plaisir à faire ce métier célèbre son héritage maternel avec son nouvel opus Danser le ciel. Une œuvre qui revisite en mode symphonique des pièces phares de son vaste répertoire en y insufflant la grâce d’un orchestre de chambre.

«J’ai compris à un moment donné que le succès artistique n’était pas attaché aux chiffres de vente. Le succès c’est la satisfaction qui arrive en sachant qu’on fait un bon travail et qu’on respecte non simplement l’art, mais qu’on a du respect pour les gens qui nous entourent», a confié en entrevue le célèbre chanteur et poète louisianais.

S’il admet que 50 ans de carrière est un chiffre qui fait un peu peur, il se considère privilégié d’exercer ce métier depuis autant d’années et d’avoir un public qui le soutient.

«J’ai autant de plaisir à faire mon métier maintenant qu’au début, avec peut-être un peu plus de sagesse, mais je suis très chanceux de pouvoir exercer ce métier encore 50 ans plus tard avec des musiciens que j’ai connus qui ont été non simplement des gens de grands talents, mais aussi des amis, des gens très sympathiques parce que dans ce métier, on n’a pas de temps pour des trous du cul.»

La carrière d’auteur-compositeur-interprète est faite de soubresauts, un peu comme des montagnes russes, note-t-il. À ses débuts lorsqu’il a connu ses premiers succès, il confie qu’il était plutôt insouciant et arrogant.

«Mes premiers succès à 25 ans, ça c’est un piège parce qu’on n’est pas forcément capable de gérer le succès quand on est jeune. Dix ans plus tard, j’étais un «nobody» et je retournais en Louisiane et je recommençais ma vie en chantant en anglais. Ce n’est pas avant le Congrès mondial acadien en 1994 que je suis revenu à la langue française.»

Or il estime que la vie l’a gâté et que s’il a réussi à passer à travers les hauts et les bas du métier, c’est un peu grâce à l’héritage de ses parents.
«Ma mère c’est elle qui a inventé la devise ‘’ça va bien aller’’. Quand j’étais au fond, elle me disait il va se passer quelque chose de bien et mon père m’a donné cette force de discipline et de la satisfaction qui vient avec le travail bien accompli.»

Amener les chansons ailleurs

Danser le ciel, pièce-titre de son nouvel album, rend hommage à sa mère, Marie-Pauline Boudreaux, décédée à l’âge de 99 ans en janvier 2021. Cette chanson lui est venue naturellement après le tourbillon des funérailles et de la succession. Ce n’est pas une chanson triste, au contraire, elle célèbre la vie de cette femme qui lui a donné tant d’amour et qu’il a accompagnée dans son dernier voyage. Cette chanson lui a aussi permis de commencer à faire le deuil de sa mère.

L’album rassemble 12 pièces, dont deux inédites et dix réinterprétations de quelques-uns de ses succès, dont les incontournables Cap Enragé, La ballade de Jean Batailleur, Au bord du Lac Bijou, Pagayez et Sunset on Louisianne.

Le projet a commencé à émerger lorsqu’il a chanté Au bord du Lac Bijou avec la Symphonie Acadiana à Lafayette, il y a cinq ans. Par la suite, il a exploré différentes possibilités afin de créer un album orchestral. C’est ainsi qu’il a collaboré avec des amis musiciens, Nicolas Petrowski (réalisation) et son frère Boris Petrowski (arrangements) au studio Mixart. Les chansons ont été en quelque sorte réinventées dans de nouveaux arrangements avec un orchestre de chambre d’une vingtaine de musiciens, principalement des cordes. La création et la production ont pris environ quatre mois, à raison de quelques semaines pour chaque pièce.

«Je suis un assez grand amateur de musique classique notamment du début du 20e siècle, donc Debussy, Satie, Ravel, Stravinski, toutes ces sonorités assez riches et complexes donc je voulais quand même un peu goûter à ça», a expliqué l’artiste.

Certaines versions surprennent, comme celle de La ballade de Jean Batailleur. Zachary Richard explique que l’objectif n’était pas tant de surprendre, mais de traiter les chansons d’une nouvelle façon, dans des ambiances classiques et élégantes. Ce sont les mêmes mélodies, les mêmes textes, mais pas nécessairement les mêmes chansons. Il les amène ailleurs.

«Ce qu’on voulait c’était d’oser et de s’aventurer. Évidemment les mélodies restent les mêmes, et comme toutes les chansons, il y a un gars qui joue une guitare acoustique ou un piano. C’était quand même l’image d’un chanteur folk que je suis, mais entouré d’un orchestre de chambre et puisque ça surprend, ça me plaît parce que si c’était juste pour faire les chansons de la même façon, ça aurait été vraiment sans intérêt.»

Pour certaines pièces telles que L’arbre est dans ses feuilles, il sort de l’univers classique. Il a intégré des cuivres, à l’image des fanfares de rue de la Nouvelle-Orléans. Il présente Travailler c’est trop dur dans une ambiance décontractée «comme en Louisiane avec une bière froide, assis sur la galerie sans prétention qui fait ainsi un peu le contrepoids avec la sophistication et la complexité des arrangements avec les orchestres.»

Parmi les inédites, on retrouve un magnifique hymne à sa terre natale, My Louisianne, une chanson écrite par un ami maître charpentier. L’album Danser le ciel sort ce vendredi. L’auteur-compositeur-interprète entreprend une tournée qui l’amènera en Acadie au début du mois d’août. Il donnera des concerts notamment à Grand-Pré, à Bouctouche, à Caraquet, à Dieppe et à Edmundston.

Par Sylvie Mousseau