Alimentation, énergie, industrie cosmétique: Québec a le vent dans les algues

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Les fermes marines doivent profiter de la manne de l’algoculture

Pesto, bioéthanol ou crème «anti-âge» à base d’algues: l’algoculture est en plein essor au Québec et a un potentiel immense tant dans l’alimentation que dans l’industrie cosmétique ou l’énergie.

«L’algue, c’est un peu comme le homard ou le crabe qu’on jetait autrefois dans les champs : une ressource abondante considérée comme un déchet. Mais on est en train de réaliser que c’est au contraire une ressource extrêmement prisée dans un marché mondial en expansion», lance Éric Tamigneaux, chercheur et enseignant au Cégep de la Gaspésie et des Îles.

Ce dernier présente demain au congrès de l’ACFAS une conférence sur le sujet en collaboration avec Fanny Noisette, titulaire de la Chaire UNESCO en analyse intégrée des systèmes marins à l’UQAR.

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PHOTO COURTOISIE Éric Tamigneaux, Chercheur et enseignant

Depuis quelques années, plusieurs fermes marines du Québec, du Nouveau-Brunswick et de Nouvelle-Écosse produisent la laminaire sucrée (S. latissima), l’alarie succulente (A. esculenta) et la dulse (P. palmaria) qui sont vendues dans des entreprises locales. On en fait des pestos et différents produits fins.

Particulièrement riches en fer et en calcium, les algues sont une source d’iode et regorgent de vitamine C et B-12. On ne produit pas au Québec de ces algues fines qui servent à faire les sushis, mais les espèces indigènes sont de plus en plus utilisées dans l’alimentation humaine, ainsi que dans l’industrie cosmétique, dans l’alimentation animale et dans la production de bioéthanol.

Encore marginale

Encore marginale au Québec, l’algoculture a un potentiel immense.

«En Corée du Sud, on mange des algues presque à chaque repas », note le professeur au Cégep de la Gaspésie et des Îles, qui s’est rendu sur place avec une délégation québécoise en 2019.

L’Asie détient 97 % de la production mondiale d’une valeur de près de 15 milliards de dollars.

Au Canada, la Colombie-Britannique est la pionnière dans ce marché en expansion. Dans le Maine, l’algoculture est de plus en plus prospère.

Alors que les bassins d’aquaculture où on élève des poissons rejettent de grandes quantités de phosphore et d’azote, l’algoculture est au contraire bénéfique pour l’écosystème, car elle génère de l’oxygène et fixe le carbone. «C’est le sommet du développement durable», mentionne l’enseignant originaire de Belgique installé en Gaspésie depuis 1999.

Comme la période de croissance s’étend de mai à octobre, l’algue peut être cultivée par les producteurs de moules qui recyclent leurs installations durant la saison morte.

Recherche fertile

  • Avec des partenaires industriels et les universités, la recherche scientifique sur les algues va bon train.
  • Un projet sur les potentiels de séquestration de carbone de la laminaire sucrée est en cours à Gesgapegiag, en collaboration avec les Micmacs et Malécites de Gaspésie.
  • Une équipe de Rimouski tente de créer une variété de laminaires sucrées résistante aux changements climatiques.

LA UNE : Culture en mer de la laminaire sucrée, l’algue la plus exploitée dans les fermes marines du Québec. PHOTO COURTOISIE, MÉRINOV
PAR MATHIEU-ROBERT SAUVÉ