Fermeture de la pêche au hareng et au maquereau bleu : De plus en plus de pêcheurs «consternés» par la décision de la ministre Murray

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Dans La Voix acadienne du 13 avril 2022, nous avons présenté, dans un article, des réactions à la fermeture, alors récente, de la pêche au hareng et au maquereau bleu.  Dans cet article, Yvon Gallant de Cap-Egmont y faisait part de ses observations sur les causes véritables du déclin de la ressource.  Le 19 avril, c’était au tour du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie d’ajouter la voix de ses membres au débat. 

Traditionnellement, la pêche au hareng, lorsqu’elle a lieu, se produit vers la fin du mois d’avril, quelques jours avant l’ouverture de la pêche au homard sur la côte nord de l’Île.

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Le maquereau bleu est une espèce de poissons de haute mer, apprécié pour sa chair. (Photo : Vincent van Zeijst, Wikipedia, CC BY-SA 3.0)

Dans un communiqué de presse publié le 19 avril 2022, le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie estime que la ministre Joyce Murray fait fausse route avec sa décision, annoncée le 30 mars dernier, de fermer la pêche du hareng de printemps et du maquereau bleu du golfe du Saint-Laurent.

Lors de leur assemblée générale annuelle, tenue le 12 avril, les membres du regroupement ont exprimé leur consternation quant à la décision, mais également, quant à la manière dont ils disent avoir été ignorés dans le processus décisionnel de la ministre qui a annoncé la décision «sans que les Comités consultatifs respectifs soient informés de cette intention», dit le communiqué de presse.

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Joyce Murray, ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne.  (Photo : Gouvernement du Canada)

Le directeur général du regroupement, O’neil Cloutier, affirme que les membres de l’industrie qu’il représente sont très conscients que le stock de hareng de printemps est à des niveaux historiquement bas, mais que la fermeture de la pêche commerciale au hareng n’aura aucun impact sur le redressement de l’espèce puisque la mortalité par pêche est peu significative et ne correspond qu’à 1,7% de la biomasse totale.

En revanche, la mortalité naturelle qui correspondait autrefois à 20% de la biomasse totale, a fait un bond vertigineux atteignant la barre des 70 % en 2021 ce qui démontre une perte totale de contrôle sur le troupeau de phoques gris dans le golfe. Ces données ont été transmises par les scientifiques du MPO lors de la réunion des sciences de mars 2022.

Ce sont ces mêmes chiffres qu’affirmait Yvon Gallant de Cap-Egmont lors de notre entretien plus tôt en avril.  «Le gouvernement ne veut pas entendre parler de gérer le troupeau de phoques gris, par peur de représailles commerciales, entre autres des pays européens», avait-il laissé entendre.

En même temps que la pêche au hareng, une espèce fourragère, la ministre Joyce Murray a fermé la pêche au maquereau bleu pour les pêcheurs de la côte est du Canada en sachant très bien que cette espèce est transfrontalière et que les Américains continuent à pêcher dans le même stock.  C’est une aberration que Gérald Arsenault, pêcheur de homard à Cap-Egmont, avait partagée avec La Voix acadienne, et qu’Yvon Gallant avait, lui aussi, notée peu de temps après.

Tout comme la Coalition des organisations de pêche de l’Atlantique et du Québec, qui dénonçait, dès le 5 avril dernier, la décision alors récente de la ministre, le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie dénonce l’inutilité de cette mesure et réfute les propos de la ministre qui affirme avoir consulté les pêcheurs.

«Contrairement à ce que la ministre avance dans son communiqué, aucune organisation de pêcheurs n’a été consultée sur le sujet. Peut-être lui auraient-elles recommandé, comme mesure plus efficace, de limiter la pêche au maquereau à l’extérieur de la période de ponte du printemps. Ce qui aurait permis de maintenir une activité minimale, moins punitive aux yeux de l’industrie», affirme O’neil Cloutier, directeur général du regroupement.

Les pêcheurs reprochent à la ministre Joyce Murray, à la ministre qui dirige leur industrie, de choisir les environnementalistes, en optant pour une décision qui paraît bien, mais qui ne réglera rien.  Ils en veulent pour preuve l’échec flagrant de la fermeture de la pêche à la morue comme moyen de rétablir les stocks, sans s’attaquer aux réelles causes de l’effondrement des espèces fourragères, disent les pêcheurs.

 

PAR Jacinthe Laforest – IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne

LA UNE : Tyler Betts, un pêcheur de West Point, avec une partie de sa récolte de harengs le 1er mai 2020. (Photo : Archives de La Voix acadienne)