Impasse entre les crevettiers et les usines

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Même si la Régie des marchés agricoles vient de rendre sa décision sur le prix de la crevette au débarquement, l’ouverture de la saison de pêche à la crevette reste paralysée.

C’est dans un contexte de crise, que la Régie a donné raison aux transformateurs qui offraient un prix moyen de 1,12 ¢ la livre, soit le même prix que l’an dernier.

Les pêcheurs refusent de sortir à ce prix. Dans bien des cas, les pêcheurs vont perdre moins d’argent en restant à quai qu’en allant à la pêche, soutient le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec, Patrice Élément.

Le dossier était en arbitrage après plusieurs semaines de pourparlers infructueux.

Les pêcheurs demandaient une hausse moyenne de 37 % compte tenu de l’augmentation du prix du carburant.

Cette décision ne sera valide que pour trois semaines et quelques jours puisque, selon la convention entre les parties, ce prix est valable pour la période du 1er avril au 30 juin 2022.

D’autres discussions

D’ici là, pêcheurs vont tenter de rouvrir les négociations, sinon elles reprendront de toute manière pour la deuxième période de pêche qui débute le 1er juillet.

Mais rien n’est réglé

L’état du marché de la crevette ne permet pas, actuellement, toutes les hausses de coûts du carburant et de la main-d’œuvre dans le prix du produit.

Le directeur général de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP), Jean-Paul Gagné, reconnaît que la situation cette année est très difficile.

Il rappelle toutefois qu’un programme d’aide existe pour les pêcheurs, ce qui n’est pas le cas pour les usines.

Le directeur de l’AQIP fait valoir que malgré leurs difficultés, les transformateurs ont même offert plus qu’à Terre-Neuve. Mais, dit-il, ce n’est pas ça, on veut garder nos clients, on peut qu’il y ait une pêche en prenant une chance que le prix en Europe monte particulièrement et on veut doubler la promotion sur le marché québécois.

La Régie a d’ailleurs reconnu la nécessité pour les transformateurs d’avoir une saison de pêche en 2022 afin de sécuriser leurs marchés et conserver leur main-d’œuvre pour les prochaines années.

En plus d’un marché international chancelant, perturbé par la pandémie et la guerre en Ukraine, les crevettiers et les transformateurs doivent encaisser une baisse de quotas de 12 % cette année et de 18 % l’an prochain.

Cette baisse des captures autorisées jumelées à l’augmentation du prix du carburant engendrent un cocktail explosif pour les pêcheurs. Certains auront à débourser jusqu’à 300 000 $ en carburant, soit le double de l’an dernier.

L’équilibre entre la rentabilité des entreprises de pêche, celles des usines et la capacité du marché à absorber le prix semble presque impossible à trouver.

La présente saison, si elle démarre, sera inévitablement sous le signe du partage des pertes entre pêcheurs et industriels. Ce niveau de perte devra être acceptable pour les pêcheurs si on veut sauver la saison de pêche, ajoute Patrice Élément.

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Tant les pêcheurs de l’Office que les transformateurs auraient besoin d’une embellie sur les marchés européens, notamment une reprise de la demande au Royaume-Uni, pour relancer leur industrie.

Le marché québécois sera peut-être aussi une solution. Améliorer la mise en marché au Québec est d’ailleurs un des engagements pris par les usines devant la Régie.

La Régie estime que les transformateurs et les pêcheurs devront revoir leur mise en marché ainsi que l’organisation des activités de pêche pour affronter les nouveaux enjeux auxquels ils font face.

LA UNE : La saison de pêche a la crevette est toujours dans une impasse malgré la décision rendue, lundi, par la Régie des marchés agricoles. PHOTO : RADIO-CANADA / JOANE BÉRUBÉ

PAR Joane Bérubé