Le homard est en excellente santé dans le sud du golfe

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Que ce soit par les pesées aux quais de débarquement par les pêcheurs et l’industrie, les données collectées par les biocollecteurs ou les relevés au chalut faits par Pêches et Océans, tous les indices disent que le homard est en excellente santé dans le sud du golfe du Saint-Laurent, et ce, à tous les stades de sa vie.  C’est une bonne nouvelle pour les pêcheurs, l’industrie de transformation et pour le consommateur. 

Les scientifiques de Pêches et Océans Canada traitent la colonie de homards du sud du golfe du Saint-Laurent aux petits soins, en collectant des données indépendantes de la pêche.

«Les données qu’on collecte aux quais de débarquement sont précieuses et très utiles, mais elles ne donnent pas un portrait complet du homard.  On ne voit que la population adulte, assez grosse pour rester coincée dans les casiers.  Ça ne nous indique pas si, par exemple, la population de jeunes homards est en santé», dit la biologiste Natalie Asselin de Pêches et Océans Canada.

Deux méthodes sont utilisées par les scientifiques pour collecter les données sur les jeunes homards : Les relevés aux chaluts (depuis 1999) et les biocollecteurs (depuis 2008).

«Un chalut, c’est un gros filet qui traîne derrière notre bateau de recherche.  Dans ce filet, nous attrapons le poisson, le crabe, tout ce qui se trouve à cet endroit, incluant les homards.  Ces derniers sont mesurés, sexés et remis à l’eau le plus vite possible, tout comme le reste du contenu du filet.  Au fil des années, on fait nos relevés dans la même zone et à peu près à la même période (juillet), pour pouvoir comparer», dit la biologiste, qui affirme que les taux de survie après la remise à l’eau de cette faune marine est très bon.  «L’impact est négligeable», assure-t-elle.

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Un exemple d’un biocollecteur utilisé par les scientifiques de Pêches et Océans pour recenser les bébés homards de l’année. (Photo : Pêches et Océans Canada)

Elle précise aussi que le besoin de collecter des données autres que celles fournies par les débarquements est devenu plus criant lorsque les stocks sont devenus très bas.

Ces relevés au chalut permettent de vérifier la quantité de jeunes homards de 2 ou 3 ans, des adolescents, pourrait-on dire.

Depuis 2008, autour de l’Île-du-Prince-Édouard, Pêches et Océans a commencé à utiliser des biocollecteurs, pour pouvoir estimer la densité des «homards de l’année».  «Ils sont tout petits.  Leur carapace mesure entre 5 et 10 millimètres et ils sont complètement formés. Ils pointent leurs pinces avec autant d’agressivité que les gros homards», dit la biologiste Natalie Asselin.

Elle explique.  La femelle porte ses œufs à l’extérieur de son corps jusqu’à ce que les larves émergent et se détachent de leur mère.  Les larves, minuscules, sont sujettes aux courants marins, aux prédateurs, etc. et se tiennent à la surface de l’eau.  En général, cette étape de la vie du homard se produit entre les mois de juillet et septembre-octobre.

C’est justement en juillet, avant que les larves ne muent pour prendre leur forme définitive, que Pêches et Océans, en collaboration avec le gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard et l’association des pêcheurs (PEIFA), dépose ses biocollecteurs au fond de l’eau.

«Les biocollecteurs imitent le fond marin idéal pour les bébés homards.  Lorsque les larves muent, les petits homards quittent la surface et cherchent un endroit approprié pour se fixer au fond marin.  S’ils trouvent du sable ou un sol qui n’est pas de leur goût, ils remontent et essaient plus loin.  Nous plaçons nos biocollecteurs dans des endroits où le fond marin est propice à abriter des petits homards.  Lorsqu’ils descendent au fond, ils se déposent sur les biocollecteurs.  Nous attendons quelques mois et en septembre ou octobre, nous remontons nos biocollecteurs pour compter les bébés qui s’y sont déposés.  Ça nous permet d’estimer le succès de la reproduction cette année-là. Évidemment, tous ces bébés de l’année sont mesurés et remis à l’eau le plus rapidement possible.»

Sept quais à l’Île-du-Prince-Édouard abritent des bio-collecteurs : Alberton, Cove Head, Fortune, Cap-Egmont, Skinners Pond, Nine Mile Creek et Murray Harbour.  Chaque site reçoit 30 biocollecteurs.

C’est toujours difficile d’évaluer l’âge des homards.  Jusqu’à présent, le meilleur indice que les scientifiques possèdent est la grosseur de l’animal.  C’est d’ailleurs sur cette donnée que se basent les mesures de conservation de l’espèce.  «On ne sait pas exactement à quel âge la maturité sexuelle survient, mais on sait qu’environ 50 % des femelles dont la carapace mesure 72 millimètres ont pondu au moins une fois.  La taille minimale est différente selon les zones de pêche alors c’est difficile pour moi d’élaborer sur ce détail.  Le homard mue chaque année et se débarrasse de toutes les parties de son corps qui pourraient garder des signes d’âge.  On n’a pas encore trouvé comment déterminer son âge et c’est un domaine de recherche très actif», dit la scientifique.

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Photo : Laura Ramsay, Prince Edward Island Fishermen’s Association

Évidemment, un autre domaine de recherche particulièrement actif est tout ce qui concerne le réchauffement climatique et l’impact qu’une eau plus chaude aurait sur la répartition du homard.  «C’est une direction que nous prenons en sciences, d’étudier les changements climatiques et leurs impacts.  Dans le Maine (É-U), où l’eau est plus chaude qu’ici, on a remarqué que le homard était moins dense qu’auparavant.  Il recherche les eaux plus froides.  Mais il ne remonte pas nécessairement vers nous.  C’est la même espèce de homard (homard américain), mais ce n’est pas la même colonie, si on peut dire.  De notre côté, ici, la couverture de glace qui se forme chaque hiver sur l’eau dans le golfe du Saint-Laurent nous protège d’un réchauffement rapide.  On ne prévoit donc pas d’impacts avant de nombreuses années», dit la biologiste Natalie Asselin.

En plus de ces deux méthodes éprouvées, des plongeurs effectuent également des relevés visuels sur le fond marin.

 

LA UNE :Les bébés homards prennent très tôt leur forme définitive.  Ils recherchent alors un fond marin adéquat qui leur fournira de la nourriture et surtout de l’abri.  Ils y seront pendant toute la phase benthique de leur développement.  (Photo : Laura Ramsay, Prince Edward Island Fishermen’s Association)

PAR Jacinthe Laforest / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne