Une autre année inhabituelle pour les baleines dans le Saint-Laurent

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Les baleines se font plus rares cet été dans les eaux du Saint-Laurent, au grand dam des touristes. Plusieurs acteurs du milieu scientifique assurent toutefois qu’il est trop tôt pour s’inquiéter, que ce soit pour la saison touristique ou pour la vitalité des grands mammifères marins.

La saison d’observation des baleines a pourtant commencé hâtivement cette année avec des spécimens observés dès le mois d’avril. Or, la présence des cétacés s’est résorbée depuis, selon Robert Michaud, directeur du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM). Depuis les premières observations, très peu d’animaux, concède-t-il.

Depuis 1979, Richard Sears dirige la Station de recherche des îles Mingan, qu’il a lui-même fondée et où il mène des recherches à long terme sur les cétacés du golfe. Selon lui, il faut faire preuve de patience. C’est vrai qu’il n’y a pas eu beaucoup d’animaux dans l’estuaire, dit-il, mais c’est le moment où les animaux commencent à arriver en plus grand nombre.

Capture d’écran, le 2022-07-31 à 11.32.21

On va mieux être en mesure d’évaluer la saison quand on pourra en faire un bilan final, plaide Anthony Ansen, gestionnaire de la conservation des ressources pour Parcs Canada au Parc marin du Saguenay–Saint-Laurent.

L’impossible prédiction des trajectoires

Robert Michaud ne s’inquiète pas de la présence timide de baleines dans le Saint-Laurent. Depuis plusieurs années déjà, le voyage des baleines dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent est détraqué et imprévisible.

ans que j’observe les baleines dans le parc marin et les 20premières années, le système avait une grande prévisibilité","text":"Ça fait 35ans que j’observe les baleines dans le parc marin et les 20premières années, le système avait une grande prévisibilité"}}">Ça fait 35 ans que j’observe les baleines dans le parc marin et les 20 premières années, le système avait une grande prévisibilité, fait remarquer M. Michaud. 2010, on n’a pas une année qui se ressemble. Cet été, par exemple, le fleuve Saint-Laurent reçoit très peu de rorquals communs mais beaucoup de rorquals à bosse, dont le comportement est toutefois inhabituel.","text":"Mais depuis au moins2010, on n’a pas une année qui se ressemble. Cet été, par exemple, le fleuve Saint-Laurent reçoit très peu de rorquals communs mais beaucoup de rorquals à bosse, dont le comportement est toutefois inhabituel."}}">Mais depuis au moins 2010, on n’a pas une année qui se ressemble. Cet été, par exemple, le fleuve Saint-Laurent reçoit très peu de rorquals communs mais beaucoup de rorquals à bosse, dont le comportement est toutefois inhabituel.

Le séjour des rorquals à bosse est quand même plus court, note Anthony Ansen. M. Michaud, lui, explique que comparativement aux années passées, quand ils viennent, les rorquals à bosse bougent partout, faisant allusion notamment à l’observation de spécimens dans le Saguenay et jusqu’à Cap-à-l’Aigle.

« On se demande tous ce qui se passe. Qu’est-ce qu’ils cherchent? » — Une citation de  Robert Michaud, directeur du GREMM

Ce qu’il faut comprendre, selon M. Michaud, c’est que les cétacés, comme beaucoup d’autres animaux, sont bien plus sensibles aux changements climatiques que les humains. % des activités dépendent d’un ajustement fin à l’environnement, répondent abruptement à ces changements-là.","text":"Nous, on commence à goûter à cette médecine-là, mais les animaux, dont 100% des activités dépendent d’un ajustement fin à l’environnement, répondent abruptement à ces changements-là."}}">Nous, on commence à goûter à cette médecine-là, mais les animaux, dont 100 % des activités dépendent d’un ajustement fin à l’environnement, répondent abruptement à ces changements-là.

Capture d’écran, le 2022-07-31 à 11.32.35

Ces ajustements environnementaux chez les grands cétacés souscrivent à un ensemble de facteurs difficilement compréhensibles. Les baleines vivent dans un environnement complexe, affirme M. Michaud. On est de mieux en mieux équipés, on a des outils technologiques prévisionnels de plus en plus performants, mais notre science est imparfaite.

Des gagnants et des perdants

La présence erratique des rorquals à bosse et l’absence d’autres espèces restent pour le moment inexplicables sans toutefois alarmer la communauté scientifique. Peut-être que si les baleines restent à l’extérieur du golfe, c’est que ça va bien pour elles, espère Richard Sears.

Les changements ne feront pas que des perdants, selon Robert Michaud. Dans ces grands bouleversements, il y aura des gagnants. Pensons aux rorquals à bosse, qui semblent bien se tirer d’affaire. Malgré son comportement étonnant dans le Saint-Laurent, en effet, cette espèce a vu sa population prospérer partout dans le monde, ce qui n’est toutefois pas le cas de la baleine noire, dont le nombre continue de péricliter.

Pour naviguer dans les courants océaniques imprévisibles et parfois très déroutants, l’approche la plus sage est la prudence, selon les acteurs du milieu maritime. On est dans un système dynamique qui change rapidement, de là cet appel à la prudence, conclut Robert Michaud.

LA UNE : Un rorqual à bosse dans la baie de Tadoussac (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

PAR Renaud Chicoine-McKenzie