Cotes rouges de Seafood Watch: l’industrie des pêches fulmine

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La décision de l’organisme Seafood Watch d’attribuer des cotes rouges à certaines pêcheries canadiennes et américaines, dont le crabe des neiges et le homard, ne plaît pas du tout à l’industrie.

Cette note sous-entend que la consommation, notamment, de crabe des neiges et de homard provenant du Canada et des États-Unis est à éviter.

Seafood Watch affirme que ses évaluations mettent en évidence les risques importants d’enchevêtrement pour la baleine noire de l’Atlantique Nord liés à la pêche aux casiers et aux filets.

C’est absurde, ridicule et irresponsable, croit Gilles Thériault

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Gilles Thériault, président de l’Association des transformateurs de crabe des neiges du Nouveau-Brunswick et consultant dans le milieu des pêches, est furieux que l’organisme ait pris cette décision.

 On nous donne une cote rouge et on dit aux consommateurs de ne pas acheter notre crabe? C’est absurde, ridicule et irresponsable. C’est inacceptable. Ça vient d’un organisme déconnecté de la réalité et d’un manque de connaissance sur le terrain. Cette position va davantage nuire à cet organisme qu’à notre industrie. » — Une citation de  Gilles Thériault, président de l’Association des transformateurs de crabe des neiges du Nouveau-Brunswick

Gilles Thériault ne pense pas que cette cote aura une effet sur l’industrie du crabe des neiges. Il affirme que les efforts pour protéger la baleine noire de l’Atlantique Nord a donné d’excellents résultats depuis quelques années.

Nous avons démontré notre sérieux et nous avons innové pour protéger la baleine noire , a-t-il poursuivi.

Décevant et triste, selon Jean Lanteigne

L’évaluation de Seafood Watch est injuste, croit aussi Jean Lanteigne, directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels (FRAPP).

« C’est très décevant et triste que ça vienne d’un organisme qui connaît très peu le fonctionnement de nos pêches et de nos efforts. » — Une citation de  Jean Lanteigne, directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels

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Jean Lanteigne croit que la cote rouge n’aura que peu d’effet sur l’industrie. Selon lui, les pêcheurs pratiquent leur métier dans les meilleures conditions et en respectant les règlements en mer.

Quand un produit est en demande, que quelqu’un vienne te dire que ce n’est pas certifié… Je ne dis pas qu’un client n’en tiendra pas compte, mais cela n’aura pas un gros impact , juge-t-il.

Un peu de mauvaise foi, accuse Nathanaël Richard

Nathanaël Richard, le directeur général de l’Association des transformateurs de homard des Maritimes, accuse l’organisme Seafood Watch ne pas avoir suffisamment tenu compte des efforts de l’industrie de la pêche pour protéger les baleines noires.

Le Canada en entier, le gouvernement canadien, l’industrie, on a fait des pas de géants. On a déployé des mesures, écoutez, impressionnantes objectivement, affirme-t-il. Je pense qu’il y a un peu de mauvaise foi.

À l’instar de son homologue de l’industrie du crabe des neiges, il ne croit pas que cette décision aura un effet quelconque.

Je crois que les consommateurs sont capable de faire la part des choses, déclare M. Richard.

Une nouvelle loi américaine

Si la note offerte par Seafood Watch n’aura pas d’effet sur les ventes selon plusieurs représentants de l’industrie de la pêche, une nouvelle loi américaine sur la protection des mammifères marins qui doivent entrer en vigueur le 1er janvier 2023 pourrait changer le marché.

Une disposition de cette loi prévoit que les pays qui n’ont pas des mesures comparables de protection envers les espèces en péril pourraient se voir interdire l’exportation des produits de pêche qui nuisent l’espèce.

Plus de 85 % du homard canadien et environ 90 % du crabe des neiges du Canada sont exportés aux États-Unis.

Nathanaël Richard ne croit pas que la note offerte par Seawood Watch puisse mener à une interdiction d’exporter.

De son côté, Jean Lanteigne croit que les normes imposées seront respectées.

On a travaillé en collaboration avec [les États-Unis] afin de remplir toutes les conditions qu’ils nous demandaient, puis, dans plusieurs instances, on pense qu’on dépasse même ce qu’ils demandaient, explique-t-il.

La National Oceanic and Atmospheric Administration doit publier ses conclusions le 30 novembre. Une fois mise pied, cette loi prévoit un an d’adaptation.

Seafood Watch prône la prudence

La baleine noire de l’Atlantique Nord est une espèce en voie de disparition. Il n’en resterait que 340 et les enchevêtrements sont la cause première de décès chez cette espèce.

Seafood Watch affirme que 90 % des enchevêtrements sont causés par certains équipements de pêche, alors que seulement 12 % des enchevêtrements sont liés à un endroit en particulier. L’organisme prône donc la prudence jusqu’à ce qu’il soit possible de dresser un portrait plus juste.

LA UNE : L’industrie du crabe des neiges est un atout majeur dans le milieu des pêches au Nouveau-Brunswick. PHOTO : RADIO-CANADA / YVES LEVESQUE