Le transport aérien régional : des solutions à court, à moyen mais surtout à long terme doivent être envisagées

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(Première de deux parties)

De nombreux dossiers, aux Îles, sont fort préoccupants et représentent autant d’enjeux pour l’avenir de notre archipel.  Mais j’estime que celui du transport, et de façon toute particulière le transport aérien, vient en tête de liste. La fragilité de notre Communauté et sa possible résilience sont tributaires du transport comme lien avec la GRANDE TERRE. Le lancement du Ponchon, le 2 février de l’an 1910, est devenue, à ce jour, la plus belle, la plus singulière et la plus haute expression historique de cette insularité.

L’Archipel madelinot est une région totalement isolée, notre point le plus proche avec la terre ferme est Chéticamp en Nouvelle-Écosse à environ 90 kilomètres de nos Îles.  Entre les deux, il y a la mer, la mer à perte de vue.  Il y a l’immensité du Golfe Saint-Laurent.  Nous ne le dirons ni ne le répèterons jamais assez.  Nous sommes un coin de terre « isolé » et, géographiquement, loin de tout.   « Isolé » n’a rien de péjoratif et encore moins de gênant.  C’est notre fierté, notre richesse et ce qui fait notre charme.  C’est notre signature bien à nous, mais c’est aussi notre réalité avec ses aléas.  Et cette réalité nous oblige, de façon permanente, à relever des défis de tout ordre. L’un d’eux est notre lien avec la GRANDE TERRE.  Nous ne pouvons pas prendre l’autoroute 20 ni la 40 pour nous déplacer !!!  Ni un pont, ni un tunnel ne peuvent y être construits. On ne parle pas ici de deuxième ni de troisième lien, on parle du tout premier lien. Il est bien important d’avoir et de garder cette réalité bien en tête.

D’où toute l’importance qu’une véritable reconnaissance de l’insularité madeleinienne doive passer par la création d’une région administrative distincte pour les Îles de la Madeleine, comme je l’exposais dans ma dernière chronique de lundi dernier, soit celle du 12 septembre.

Tant et aussi longtemps que nous n’apporterons pas une solution permanente au transport aérien, aucun dossier n’aura été résolu aux Îles. C’est le dossier de tous les dossiers.  Et il doit être envisagé de façon globale en y appliquant des solutions à court, à moyen et surtout à long terme.  Agir autrement en tentant de solutionner ce dossier avec des mesures à courte vue nous amènerait à tourner en rond et à répéter les mêmes erreurs qui nous ont trop longtemps fait « avancer par en arrière.»

Les solutions annoncées sont des mesures à court terme

Le ministère des transports du Québec a mis en place, le 9 juillet 2020, un groupe de travail, présidé par ministre lui-même, « afin de déterminer et d’analyser des pistes de solution visant à assurer l’avenir à long terme des dessertes aériennes régionales. »  Suite à ces travaux, un Plan québécois de transport aérien régional a été élaboré et présenté en avril dernier.  https://www.transports.gouv.qc.ca/fr/ministere/role_ministere/plan-transport-aerien-regional/Pages/plan-transport-aerien-regional.aspx

Le Premier ministre Legault est venu nous le présenter aux Îles en personne, quelques jours plus tard, en pleine pré-campagne électorale.  Il s’agissait de la première visite aux Îles de François Legault depuis qu’il occupait la fonction de Premier ministre.  Cette annonce est mieux connue, pour l’essentiel, sous l’appellation « des billets à 500$ ».  Il faut se rappeler que le lancement de ce Plan, à tambour battant, fut fait dans une certaine confusion.

Malgré l’enthousiasme gouvernemental, beaucoup de gens sont restés sur leur appétit.  J’en suis.  Près de deux mois après sa mise en application, le programme mis en place n’a pas connu tous les succès escomptés, nous apprend Julien Arsenault dans un papier publié dans La Presse le 20 août dernier : https://www.lapresse.ca/affaires/2022-08-20/billets-d-avion-a-500/a-mi-chemin-de-la-vitesse-de-croisiere.php .  Je crois qu’il est encore trop tôt pour porter un jugement définitif et les avis sont divergents.  Toutefois, j’estime que ce sont des mesures très importantes, mais elles ne permettront pas d’« assurer l’avenir à long terme des dessertes aériennes régionales…»  Il s’agit, toujours selon moi, de mesures à court terme qui devront être évaluées par le biais d’un monitoring rigoureux et être ajustées dans les meilleurs délais afin d’être mieux adaptées aux particularités des Îles et de nos régions.  Et cela doit se faire en étroite collaboration avec les intervenants de première ligne ainsi qu’avec les décideurs locaux et régionaux.

Il s’agit d’un programme étalé sur cinq ans et accompagné d’une enveloppe budgétaire de 261 millions$.  Ce n’est pas rien.  Mais qu’en est-il vraiment ?  C’est un gros chiffre 261 millions$.  C’est même un peu intimidant, surtout pour les personnes qui éprouvent des difficultés à payer leur loyer ou à faire face au remboursement hypothécaire de leur maison chaque mois ou encore pour les personnes qui n’auront pas les moyens de se procurer de ces fameux « billets à 500$. »  Gardons bien en vue que cet investissement de 261 millions$ sera répartie sur cinq ans et qu’il s’appliquera au transport régional du Québec au complet.  Première question : de ce montant de 261 millions$, il restera combien de dollars dans le porte-feuille de chaque Madeleinienne et de chaque Madelinot à terme?  Deuxième question : et plus important encore : est-ce que ce Plan apportera des solutions durables à la problématique du transport aérien régional au Québec et de façon plus particulière aux difficultés que connaît la population madeleinienne en matière de transport aérien ?  Voilà les véritables questions.  À la première, je n’en sais rien et je ne risquerai pas de réponse.  Mais sans être un spécialiste en transport aérien, je réponds sans hésitation NON NON NON à la deuxième.

La prochaine chronique sera publiée le vendredi 16 septembre 2022.  Elle sera la suite et la fin du présent texte.

 

LA UNE : Phare de la Pointe-Basse au Havre-aux-Maisons.  Été 2022 par Stephen Prokosh.