Premier débat : échanges corsés et tirs groupés contre François Legault

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« Vos micros sont fermés! » a lancé à plusieurs reprises un Pierre Bruneau résigné devant la ténacité de certains chefs à lancer la réplique aux adversaires. L’animateur du Face-à-Face de TVA a eu fort à faire pour contenir la cacophonie, jeudi soir, dans un débat qui a donné lieu à des échanges passionnés sur l’environnement, l’immigration, la pandémie et les taxes.

Sans surprise, c’est le premier ministre sortant François Legault qui a été la cible principale des attaques pendant la majorité de la soirée. Les salves sont venues de gauche comme de droite, lui laissant parfois peu d’espace pour décocher ses propres flèches.

Environnement… hydrocarbures et troisième lien

Le thème de l’environnement a été le premier abordé pendant le débat. Or, il a donné lieu à des échanges musclés tout au long de la soirée.

Outre Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ), qui se sont échangé des félicitations pour leurs bons plans qui présentent plusieurs similarités, les chefs n’ont généralement pas hésité à s’attaquer sur l’environnement, terrain sur lequel certains présentent des visions diamétralement opposées.

D’un côté, le chef caquiste François Legault a remis en question la faisabilité du plan solidaire – qui vise une réduction de 55 % des gaz à effet de serre (GES) par rapport à 1990 d’ici 2030 –, notamment en s’inquiétant du manque d’électricité et de travailleurs pour le réaliser. De l’autre, le solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a accusé M. Legault de manquer d’ambition avec sa cible de 37,5 %.

Au conservateur Éric Duhaime, la libérale Dominique Anglade a reproché la volonté de relancer le projet d’exploitation des hydrocarbures de GNL Québec pour soutenir la transition énergétique de la province. C’est clair, pour vous, l’environnement, ce n’est pas important, lui a-t-elle lancé. On n’est pas en 1950.

Mais c’est la promesse de François Legault de construire un troisième lien entre Québec et Lévis qui lui a valu des tirs groupés en provenance de tous ses adversaires, incluant Éric Duhaime, seul autre chef à soutenir la construction d’un tel lien autoroutier.

Le chef conservateur a pressé son rival caquiste de rendre publiques les fameuses études sur le projet, comme il l’avait déjà fait à plusieurs reprises depuis plusieurs semaines.

De son côté, le chef du Parti québécois (PQ) a accusé M. Legault de s’entêter à vouloir construire ce troisième lien dont tout le monde sait qu’il n’arrivera jamaisCAQ se concentre sur un projet de tunnel en fonction des sondages du jour","text":"La CAQ se concentre sur un projet de tunnel en fonction des sondages du jour"}}">La CAQ se concentre sur un projet de tunnel en fonction des sondages du jour, a déclaré Paul St-Pierre Plamondon.

Quant à Gabriel Nadeau-Dubois, il estime qu’il est plutôt vain de se lancer dans des sacrifices individuels si des efforts de collectifs ne sont pas faits pour effectuer la transition écologique.

« On aura beau tous boire notre Seven Up avec une paille en carton, si M. Legault fait le troisième lien, ça va annuler tous les efforts des gens. » — Une citation de  Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire

Un striptease de taxes

Le leader solidaire a allègrement attaqué ses adversaires, notamment Dominique Anglade qu’il a accusée à maintes reprises d’avoir été une mauvaise opposition à l’Assemblée nationale en raison de son discours trop similaire à celui de M. Legault. toute est dans toute","text":"Vous êtes vous-même une ancienne caquiste,toute est dans toute"}}">Vous êtes vous-même une ancienne caquiste, toute est dans toute, lui a-t-il lancé.

Or, il a lui-même été la cible d’attaques de toutes parts concernant les différentes taxes que son parti souhaite instaurer, dont celle sur les véhicules à essence les plus polluants, mais surtout celles sur les actifs et les successions de plus d’un million de dollars.

François Legault a dénoncé les « taxes orange » à plusieurs reprises dans la soirée. Mais les échanges les plus musclés ont eu lieu entre le chef conservateur et M. Nadeau-Dubois.

« C’est ce qui est hallucinant avec Québec solidaire : à chaque fois qu’il y a un problème, il y a une taxe. D’ailleurs, leur campagne ressemble à ça. C’est une nouvelle taxe par jour. C’est une espèce de striptease, de taxes.  » — Une citation de  Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec

Nadeau-Dubois","text":"À un moment donné, c'est parce qu'il y a des gens qui doivent payer pour ça, c'est ça le problème, M.Nadeau-Dubois"}}">À un moment donné, c’est parce qu’il y a des gens qui doivent payer pour ça, c’est ça le problème, M. Nadeau-Dubois, a ajouté M. Duhaime.

Devant l’attaque, le chef solidaire a invité son rival conservateur à se présenter comme gouverneur du TexasVous allez être vraiment à votre place.

L’immigration revient hanter Legault

Le chef caquiste s’est lui aussi fait rattraper par un sujet qui lui colle à la peau depuis maintenant plusieurs jours, celui de l’immigration. La semaine dernière, François Legault a dû clarifier des propos sur les nouveaux arrivants, l’intégration et la violence, se défendant d’avoir voulu faire un lien entre les trois.

Encore ce soir, il a dû expliquer sa pensée, à la demande de ses adversaires, mais également de l’animateur, qui n’a pas hésité à faire référence à cette déclaration dans le préambule de certaines questions.

D’abord, on va mettre une chose au clair. Le Québec et les Québécois sont parmi les plus accueillants au monde. Deuxièmement, l’immigration, pour moi, et je suis sûr pour tout le monde ici, c’est une richesse, a-t-il assuré.

Mais la cheffe libérale s’est montrée très peu convaincue par cette énième sortie. Legault ce soir. C’est vous qui avez dit que l’immigration était une menace","text":"J’ai été très surprise d’entendre les propos de M.Legault ce soir. C’est vous qui avez dit que l’immigration était une menace"}}">J’ai été très surprise d’entendre les propos de M. Legault ce soir. C’est vous qui avez dit que l’immigration était une menace, a réitéré Dominique Anglade.

« Chaque fois que vous parlez d’immigration, vous le faites d’une manière négative. » — Une citation de  Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec

Vous avez tiré dans la chaloupe!

Il aura fallu ce premier débat pour que le thème de la pandémie fasse son entrée de façon marquée dans la campagne. François Legault et Éric Duhaime ont été les premiers à s’affronter sur le sujet, des échanges qui ont fait ressortir les contrastes entre les deux hommes.

Les attaques n’ont pas tardé. M. Duhaime a accusé le premier ministre sortant d’avoir infantilisé les Québécois en imposant des mesures sanitaires trop strictes.

On a mis des mesures, pas pour le plaisir, s’est défendu François Legault. Je ne suis pas venu en politique pour fermer des commerces et mettre des masques, a-t-il dit, ajoutant que son gouvernement a fait ça pour sauver des vies.

Il a ensuite taxé son adversaire d’avoir tenu des discours contre les mesures sanitaires pour gagner des votes.

« Alors que tout le monde ramait dans la même direction, vous avez tiré dans la chaloupe! » — Une citation de  François Legault, chef de la Coalition avenir Québec

Éric Duhaime n’a pas tardé à réagir, retournant l’étiquette d’irresponsable que le chef caquiste a voulu lui accoler. Ce qui est irresponsable, c’est d’avoir géré une crise de façon non scientifique, a-t-il répondu. Il a également accusé François Legault d’avoir été le premier ministre du confinement et le pire confineur du continent.

Toujours sous le thème de la santé, la place du privé a occupé de nombreux échanges. François Legault a fait savoir que seuls son parti et celui d’Éric Duhaime sont ouverts à revoir la formule pour, selon lui, améliorer les services aux patients, et que les trois autres formations y sont réfractaires pour des raisons idéologiques.

Si ça marchait, le privé en santé, on le saurait, a rétorqué Gabriel Nadeau-Dubois. Il n’y a jamais eu autant de privé dans le système, et le système n’a jamais moins bien marché.

L’éducation (ou l’absence de)

Manque de professeurs, pénurie de locaux, écoles en décrépitude, système de ventilation défaillant : le système d’éducation en a pris pour son rhume ces dernières années. Pourtant, la question a occupé les échanges pendant moins de 10 minutes.

Tant Mme Anglade que M. Nadeau-Dubois ont affirmé que l’éducation devait être une priorité, mais que la pénurie de main-d’œuvre à tous les niveaux du réseau scolaire plombait les efforts sur le terrain.

François Legault s’est défendu d’être resté les bras croisés. % le salaire des enseignants","text":"C'est une de mes grandes fiertés, a-t-il dit, d'avoir haussé de 15% le salaire des enseignants"}}">C’est une de mes grandes fiertés, a-t-il dit, d’avoir haussé de 15 % le salaire des enseignants. La Coalition avenir Québec (CAQ) promet à nouveau des investissements majeurs pour la rénovation des écoles de la province.

Sur cet aspect, le leader du PQ l’a accusé de se traîner les pieds. % à 59%. Comment voulez-vous que les élèves soient motivés et ne décrochent passi le lieu où ils étudient est complètement déprimant?","text":"En quatre ans, le nombre d'écoles vétustes au Québec est passé de 50% à 59%. Comment voulez-vous que les élèves soient motivés et ne décrochent passi le lieu où ils étudient est complètement déprimant?"}}">En quatre ans, le nombre d’écoles vétustes au Québec est passé de 50 % à 59 %. Comment voulez-vous que les élèves soient motivés et ne décrochent pas si le lieu où ils étudient est complètement déprimant? a demandé Paul St-Pierre Plamondon.

Les retards sont attribuables à une pénurie de travailleurs de la construction, a rétorqué M. Legault, un argument qui est revenu à maintes reprises dans la bouche du chef caquiste, souvent sans égard au sujet des échanges.

L’enseignement postsecondaire a pratiquement été écarté des débats, si ce n’est d’un échange entre le co-porte-parole de Québec solidaire et le chef du Parti québécois sur la question de la liberté universitaire.

« Si moi je me sens heurté par quelque chose qui est dit ici ce soir, est-ce qu’on va s’empêcher de débattre? » — Une citation de  Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Les deux hommes se sont dits d’accord sur le fait que les idées, toutes les idées, méritaient d’être débattues dans les classes. Le chef péquiste a pour sa part jugé tout à fait inacceptable de s’empêcher de nommer le titre des livres pour ne pas heurter certains étudiants sur les campus universitaires.

Paul St-Pierre Plamondon a alors mis au défi son adversaire solidaire de nommer le titre du fameux ouvrage de Pierre Vallières qui comporte le mot en N, et qui a été la source de nombreux débats dans la dernière année.

Gabriel Nadeau-Dubois s’est exécuté. Plus tard en point de presse, M. Nadeau-Dubois a dit ne pas avoir compris la stratégie de son adversaire, et a estimé que M. St-Pierre Plamondon en a fait une croisade personnelle.

Il a dit avoir choisi de prononcer le titre pour ne pas faire dévier le débat sur la question du racisme systémique, même s’il s’agit, selon lui, d’un mot qu’il ne faut pas utiliser à la légère.

LA UNE : Francois Legault, en mêlée de presse après le « Face-à-Face » de TVA. PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / PAUL CHIASSON

PAR Joëlle Girard et Jean-François Thériault