Rêver nos Îles, les dessiner – Rêver notre Québec, le bâtir…

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Rêver nos Îles, les dessiner : ses villages et ses cantons, ses deux municipalités, sa Communauté maritime, son milieu de vie, son développement, son « Vivre ensemble. »  Rêver notre Québec, le bâtir :  sa métropole : le Grand Montréal, sa capitale : le Grand Québec, et ses régions.  Les rencontrer, les ausculter, les mieux rêver, plus grandement et plus bellement encore et toujours. Les écouter attentivement et les projeter dans leur demain.  Se mettre à la table à dessin et transposer au fusain et à l’huile ce que nos Îles, nos régions et le Québec portent dans leur ventre.

Le rêve est le point de départ de l’imagination et de la créativité.  Et les plus grandes réalisations commencent par un rêve.  Tout commence par un rêve, par une vision d’abord rêvée, imaginée.  Les rêves ne s’opposent pas au pragmatisme des idées ni au réalisme de leurs nécessaires concrétisations.  Le rêve est le lieu de tous les possibles et de leurs ancrages.  Être de l’équipage, se tenir debout à la proue, à l’écoute des gens, en devançant leurs appels, en marchant vers elles et vers eux, en écoutant leurs regards et non en demeurant à la poupe ou, pire encore, dans la cale en réagissant à la petite semaine, sans convictions et selon les sondages d’opinion.

Je sais que beaucoup de chantiers et de groupes de travail existent aux Îles et au Québec.  Je salue ces initiatives ainsi que leurs idéateurs.  Cependant, j’estime que nous devons aller plus loin.  Nos chaloupes prennent de l’eau.  Certaines de nos chaloupes, avec le temps, se sont transformées en paquebots sans que nous y prenions garde.  Sans nous flageller, il faut reconnaître que nos institutions ont souvent mal vieilli et certaines d’entre elles sont devenues dysfonctionnelles et ne répondent plus adéquatement aux missions pour lesquelles elles ont vu le jour.

Je propose, rien de moins, que la création de vastes chantiers de réflexions, pour les Îles, et de véritables États généraux pour le Québec, afin de définir ensemble les Îles et le Québec de demain.  Nous en sommes rendus là, afin d’assurer une cohésion dans nos actions.  Quitter le travail en silo et à la pièce pour porter un regard transversal avec audace et courage.  Car il en faut de l’audace et du courage pour regarder tout court mais encore davantage pour regarder au loin.  Pas de petits comités bidons, pas de rapports à être tablettés, une véritable réflexion citoyenne qui nous ouvrira à l’horizon lointain et si proche à la fois.

Je partage avec vous, des amorces de réflexions en souhaitant qu’elles en suscitent d’autres, de plus complètes, de plus à propos, de plus motivantes de plus emballantes.  Tous ces Chantiers et États généraux sont à peaufiner et à mieux définir évidemment.

Aux Îles de la Madeleine

  1. Les changements climatiques

De toute première importance. Ce chantier devrait aboutir non seulement à un portrait de la situation et à un plan d’actions étoffé, mais aussi et surtout donner lieu à un monitoring serré qui nous permettrait d’établir une veille permanente ainsi que de vigoureux et de rigoureux suivis.

  1. La reconnaissance de notre insularité

La reconnaissance de notre insularité est actuellement inscrite dans un décret.  Certains préfèreraient qu’elle soit inscrite dans une loi.  Pour ma part, je souhaite que cette reconnaissance passe par la création d’une région administrative.  Si les moyens diffèrent, il y a unanimité sur sa nécessité.  Ce chantier pourrait approfondir la question.

On pourrait profiter de la mise en place de ce Chantier pour inviter le Gouvernement du Québec à dépoussiérer les structures des Régions administratives, afin que leurs rôles ne se réduisent pas à ceux d’une boîte aux lettres.  Il faut, je crois, que les ministères cessent d’utiliser leurs directions régionales comme des bras au niveau des opérations, en les rendant décisionnels et imputables.  Est-il légitime de penser que les régions devraient :  1) définir leurs besoins;  2) développer leurs projets;  3) attacher une formule de financement avec le Gouvernement du Québec;  et 4) assumer le contrôle ainsi que la gestion de leur structure administrative ?

  1. Le transport aérien et le transport maritime

J’ai déjà très largement discuté de ces dossiers dans certaines de mes chroniques.  C’est un euphémisme que de souligner l’indispensabilité de ce Chantier.  Ces dossiers doivent sortir de certaines officines locales, où trop de discussions se font et où trop de décisions se prennent derrière des portes closes.  Ces dossiers doivent être conduits par les porteurs de ces dossiers, mais ils sont trop importants et porteurs d’avenir pour ne pas accorder une grande place à la parole citoyenne.  Répétons-le encore et encore.

  1. L’avenir de l’industrie des pêches et de la transformation des produits halieutiques

L’avenir des industries liées à la pêche doivent, de façon pressante, faire l’objet d’un vaste chantier de réflexion.  La pêche et les activités de transformation des produits halieutiques constituent la principale activité économique aux Îles.  Notre signature, notre image de marque, ce sont nos laboureurs du golfe et nos ouvrières ainsi que nos ouvriers qui transforment le fruit de leur labeur océanique.

Pour l’heure, les prises et les revenus sont intéressants, mais qu’en sera-t-il demain ?  Les ressources ne sont pas illimitées et sans être alarmiste certains dangers guettent cette industrie.  Les changements climatiques, la pénurie de main-d’œuvre, la baleine noire, les attaques mesquines et frontales de certains regroupements animalistes sont quelques-uns des défis qui s’invitent dans la danse.  J’estime, également, que notre méconnaissance du processus de régénérescence de notre jardin marin et de ses labours nécessite une vision globale et un travail collectif encore jamais entrepris.

Les associations et regroupements de pêcheurs, les divers intervenants du milieu ainsi que les travailleuses, les travailleurs et les entreprises liées aux ressources halieutiques doivent être aux premières loges de ce titanesque Chantier qui, à termes nous fournira peut-être l’occasion de créer un Groupe de travail permanent de réflexion.

La mise en marché de nos produits de la mer, la productivité, l’harmonisation du travail dans le processus de gestion des pêches et la protection de nos ressources halieutiques ainsi que les deuxième et troisième transformations sont là quelques autres enjeux majeurs sur lesquels j’estime important de réfléchir collectivement.

  1. L’occupation du territoire et sa préservation

Occuper le territoire, le penser, le protéger, le partager, imaginer sa transformation dans le temps, le parcourir aussi.  Définir la place et les besoins en agroalimentaire, en villégiature, en lieux communs, en développements industriels, commerciaux et institutionnels.  Demeurer sensible à la fragilité de notre milieu dunaire, faunique, de nos falaises, de nos rives et de nos buttes. 

En plus de la révision du schéma d’aménagement, je crois qu’il est primordial de mettre en place un vaste Chantier de réflexion, où l’implication citoyenne sera garante de son succès.  Ce sera une occasion taillée sur mesure pour y discuter des problèmes liés à l’habitation et au logement, en sol madelinot, ainsi que de leur rareté et des coûts élevés qui y sont rattachés.

Ce vaste Chantier est urgent et primordial, quant à notre avenir proche, mais il nous faut le rêver loin également…

  1. L’avenir de l’industrie touristique

Le tourisme occupe une place de choix dans nos vies et dans notre économie.  Ces « étranges » sont nos ami-es ou le deviennent rapidement.  Mais un Chantier doit être mis en place pour connaître et pour mesurer nos limites épidermiques à les accueillir en grand nombre sans sentir l’envahissement nous priver du bonheur d’habiter nos Îles et d’en profiter nous aussi.  Une évaluation complète doit aussi être faite eu égard à la capacité de nos infrastructures à les recevoir.  Je pense ici, notamment à nos ressources en eau potable, au traitement des eaux usées, à la récupération et au traitement des déchets, au ravitaillement alimentaire, aux besoins en termes de soins de santé, à la pénurie de main-d’œuvre ainsi qu’aux impacts sur notre réseau routier et sur l’entretien de nos routes.  Ce Chantier devra permettre une discussion franche et ouverte.  Jamais, nous devrons échanger nos droits d’aînesse pour un plat de lentilles.  Notre population en est une de bras ouverts à l’accueil, mais je crois que notre population veut pouvoir chanter encore longtemps : « Il existe un coin charmant, dans les eaux de l’Atlantique… »

Et pourquoi ne pas rêver à ce que les Îles de Madeleine puissent devenir un modèle de conscience écologique et que nous en fassions une condition d’entrée pour nos visiteurs sur l’Archipel.  Et comment ?  Notamment, en développant des moyens de traiter chez nous nos déchets; en misant sur une volonté collective de protéger nos nappes phréatiques; en accordant un grand soin au traitement de nos eaux usées; en utilisant les ressources énergétiques avec parcimonie; en récupérant l’eau de pluie; en plantant des arbres de façon bien planifiée et en procédant au nettoyage complet de nos ruisseaux pour leur donner vie.  Aux Îles, nous n’avons pas de rivières ni de véritables lacs, mais nous avons des ruisseaux !

En raison des courtes distances dans nos déplacements sur nos Îles, le transport électrique ne pourrait-il pas facilement s’implanter chez nous pour notre population ? Explorer des réflexions sur l’implantation de transport collectif adapté à notre réalité insulaire. Pas juste demander de l’argent mais développer des idées, avec de l’imagination et de la créativité…

Et pourquoi ne pas rêver à faire des Îles de la Madeleine, le royaume du transport actif où le marcheur et le cycliste seraient ROIS; où l’autosuffisance alimentaire serait audacieuse autant dans ses objectifs que dans les moyens à préconiser.

À l’échelle du Québec

Ici, je ne fais qu’une nomenclature possible d’États généraux.  Dans chacun de ceux-ci nous devrons faire un état des lieux et nous projeter vers l’avenir pour définir ce que nous voulons que soit, dans chacun des aspects notre BEAU QUÉBEC :

  1. Les changements climatiques et nos milieux de vie (Incluant transport et mobilité);
  2. Nos aîné-es;
  3. L’avenir de nos enfants (Notamment eu égard à la DPJ);
  4. Le système de santé;
  5. L’Éducation;
  6. L’immigration;
  7. Notre jeunesse;
  8. La famille;
  9. L’avenir de nos régions;
  10. L’occupation du territoire, l’habitation et le logement;
  11. La fiscalité;
  12. Le système de justice et la primauté du droit;
  13. La protection du français et la reconnaissance respectueuse des anglophones ainsi que des allophones;
  14. Les organismes communautaires et nos bénévoles;
  15. Le système électoral, incluant notre mode de scrutin, nos institutions parlementaires et l’implication citoyenne;
  16. L’avenir politique du Québec. 

Ces États généraux, et tous les chantiers qui en découleraient, pourraient devenir des « Points de mire. » Québécoises et Québécois de toutes origines, de toutes classes économiques et sociales, peu importe notre niveau d’éducation, et sous l’impulsion de ce grand démocrate, nous nous transformerions – dans le sens premier et noble du terme – en petits « René Lévesque », sans perdre l’essence de ce que nous sommes… peu importent nos allégeances politiques.

Quel bel hommage à rendre à René Lévesque, le Père du Québec moderne, en ce 100e anniversaire de naissance de ce plus Grand que nature de New-Carlisle, de notre voisine Gaspésie.  Quelle belle reconnaissance, quel beau et affectueux clin d’œil nous ferions à celui qui, à l’instar des Mahatma Gandhi, Martin Luther King jr, Nelson Mandela, Charles de Gaulle, Winston Churchill, Franklin D. Roosevelt, fait partie de la courte liste de «LIBÉRATEURS DE PEUPLES… » comme le clamait le Géant de l’Île, Félix Leclerc.

Bonnes discussions, de chaleureux dialogues et de fructueux échanges ! 

La prochaine chronique sera publiée, le samedi 1er octobre 2022.  Je ferai un clin d’œil sur la campagne électorale qui tirera à sa fin.

 

Crédit de la photo: La Grave à Havre-Aubert. Été 2022, Stephen Prokosh.