Une véritable reconnaissance de l’insularité madeleinienne doit passer par la création d’une région administrative distincte pour les Îles de la Madeleine. Rien de moins !

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Dans le cadre de l’actuelle campagne électorale le candidat de la CAQ, Jonathan Lapierre, considère que l’usage d’un décret gouvernemental est suffisant pour reconnaître l’insularité madeleinienne.  Pour sa part le candidat du PQ, Joël Arseneau, préconise l’usage d’une loi pour mieux enchâsser le caractère insulaire de notre Archipel.  Mais si la véritable solution était ailleurs !

D’entrée de jeu, il faut saluer encore et encore l’adoption de ce décret par le Gouvernement libéral de Philippe Couillard en mai 2016.  Ce fut une grande première et un pas dans la bonne direction pour la reconnaissance véritable de notre insularité.  Lorsque l’on parle de cette insularité, il ne faut jamais perdre de vue que l’on soulève, ici, la délicate question de son « isolement » géographique et que l’on met aussi en relief les particularités qui en découlent.

Bravo aux élus et aux décideurs en place en 2016.  Vous pouvez être fiers de cette réalisation. Mais cette pièce maîtresse est aussi l’aboutissement d’un travail à long terme sur des dizaines d’années d’un nombre très important de décideurs et de travailleurs acharnés aux Îles de la Madeleine.  Nous sommes portés à l’oublier et nous ne le dirons jamais assez.

Je ne suis pas un juriste et je ne m’en attribue pas la compétence, mais je me permets quelques brefs commentaires.

On comprend aisément qu’un décret gouvernemental est nettement plus rapide à adopter qu’une loi, car il ne nécessite pas de débat à l’Assemblée nationale du Québec, contrairement à l’adoption d’une loi, qui elle l’exige.  Cette dernière procédure peut prendre de très longs mois.

En termes de contraintes minimales, le décret me semble avantageux.  Mais il a sa contrepartie, il peut faire l’objet d’annulations assez facilement.  Pensons ici à l’annulation des deux décrets du Gouvernement Couillard qui devait permettre à la CTMA d’aller de l’avant avec un appel d’offres international pour la construction d’un navire neuf en vue d’assurer la desserte les Îles – Montréal et qui furent annulés par le Gouvernement Legault (voir mon texte du 7 septembre dernier :

https://www.ilesdelamadeleine.com/2022/09/des-projets-determinants-sur-lesquels-les-candidats-et-les-formations-politiques-doivent-nous-faire-connaitre-leurs-intentions/ )

À mon avis, une loi assure une plus grande garantie ou si vous préférez, une loi a un caractère davantage permanent qu’un décret gouvernemental.  De plus une loi oblige un vote à l’Assemblée nationale, ce qui lui assure un visage plus démocratique.  Mais dans les deux cas, la reconnaissance de notre insularité peut être modifiée et abrogée sans trop de contraintes, lorsqu’un gouvernement est majoritaire.  De plus, un décret ou une loi oblige les décideurs locaux à reprendre à l’infini leur bâton de pèlerin et à user leurs genoux de pantalon pour aller quêter des reconnaissances à la pièce à Québec.  C’est énergivore, épuisant et peu efficace à la longue.

La création d’une région administrative distincte pour les Îles de la Madeleine

Et si la solution pour assurer un caractère plus permanent et plus durable à la reconnaissance de notre insularité était ailleurs que celle du décret ministériel et/ou d’une loi :  par la création d’une région administrative distincte pour les Îles de la Madeleine.

Nous savons que les régions administratives servent à organiser les services gouvernementaux et le développement du territoire en fonction de leurs particularités régionales. Elles jouent également un rôle identitaire qui lui est singulier.

J’estime que cette proposition mériterait d’être analysée en profondeur par la mise en place d’un Groupe de travail sous la houlette de la Communauté maritime des Îles de la Madeleine, en collaboration avec notre député à l’Assemblée nationale, avec le Gouvernement du Québec, avec les différents groupes d’intérêt aux Iles sans jamais oublier la participation citoyenne de notre population. Ainsi, nous pourrions nous doter d’une structure à notre image qui correspondrait à nos réels besoins tout en assurant l’essentielle permanence d’une reconnaissance beaucoup plus complète de notre insularité.  Quel bel outil pour nous permettre d’amarrer notre vision des Îles d’aujourd’hui avec celle de demain !

Pour notre mémoire et à titre de comparaison – même imparfaite – rappelons-nous que lors de la création des régions touristiques, nous étions jumelées à la Gaspésie.  Malgré le bon voisinage avec notre cousine et voisine qui de nous, aujourd’hui chez nous aux Îles, ne voit pas les immenses avantages et ne préfère pas l’autonomie à part entière des Îles de la Madeleine comme région touristique…

Il serait utile à la population des Îles de connaître le point de vue des cinq candidats ainsi que de leurs formations politiques face à cette suggestion et ce avant que les électrices et les électeurs déposent leur bulletin de vote dans l’urne le 3 octobre prochain.

La prochaine chronique sera publiée le mercredi 14 septembre 2022.  Elle portera sur le transport aérien aux Îles de la Madeleine.

LA UNE : La Plage du Bout du Banc à Havre-Aubert.  Été 2022, Alain Al. Longuépée.