Hugo Barrette, double champion canadien en cyclisme sur piste, vient des Îles-de-la-Madeleine. Exotique, non?
Il n’y a pas de vélodrome aux Îles. Mais de la brise, ça oui. « Pédaler dans un vent de 90 km/h dans ta face, y’a rien de plus dur. »
Son secret est percé.
Hugo voulait patiner sur les glaces de la LNH. Le rêve a été remplacé à l’âge de 15 ans, à la suite de la Traversée des Îles, une course de vélo de 90 km qu’il a remportée en deux heures. Le tour complet à 45 km/h en moyenne, vent derrière et vent devant.
C’est à ce moment qu’il a compris, son équipe de hockey aussi. Son avenir était sur deux roues.
« Le lendemain de mon dernier jour de classe à l’école secondaire, j’ai quitté ma famille et mes amis pour faire des courses sur le circuit québécois. Mon plan était de devenir professionnel du sport. Je m’étais mis beaucoup de pression : je devais réussir à tout prix. »
Le cycliste alors âgé de 17 ans aboutit à Sherbrooke pour ses études collégiales, une main sur les guidons. Son entraîneur Patrick Gauthier lui a fait découvrir la piste. Nouveau coup de foudre.
« C’est comme le hockey. Faut être un guerrier dans ces courses. De la puissance pure. » Sa voix le trahit, il est en amour.
Le pistard de 22 ans habite Santa Monica, en Californie, depuis trois ans. Double champion canadien individuel (keirin et sprint), il roule plein gaz à des pointes de 70 km/h sur les ovales dans une douzaine de rendez-vous internationaux par année.
Fort d’une 4e place en janvier dernier en Coupe du monde au keirin, sa meilleure discipline, il a conclu la saison au 7e rang du classement général. Les Jeux du Commonwealth seront ses premiers grands Jeux.
« Les pays du Commonwealth sont des puissances en piste. La Grande-Bretagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande remportent des médailles olympiques. Mais nos chances de médailles sont excellentes et, personnellement, je vais me battre pour des podiums dans mes quatre épreuves. »
Tant mieux. Cyclisme Canada et À nous le podium investissent beaucoup de sous dans cette discipline, plus que dans toutes les autres (BMX, montagne et route). Avec l’arrivée prochaine d’une première piste de haut niveau au pays à Milton, en Ontario, pour les Jeux panaméricains de Toronto en 2015, l’équipe pédalera enfin dans la roue des meilleures nations.
Hugo n’a jamais refait la course des Îles. « Anyway, je ne fais que des sprints d’un kilomètre maintenant. » Il retourne voir sa famille et ses amis une fois l’an, dans le temps des fêtes, en faisant attention à ce qu’il mange. Aucun excès, car il a vraiment le physique de l’emploi : 1,75 m (5 pi 9 po) et 84 kg (185 lb). « C’est le même que l’actuel champion du monde et le champion olympique. Fini l’ère des monstres, c’est l’équilibre poids et force qui compte maintenant. »
Le moule est fait. Hugo veut passer dedans et devenir la fierté de son coin de paradis.
« Je n’en sais rien pour les Jeux du Commonwealth ni pour les Jeux panam, mais je sais qu’il n’y a personne des Îles-de-la-Madeleine qui est allée aux Jeux olympiques. »
Ce qu’un 90 km dans le vent peut donner comme rêve.
