
La Gaspésienne avait été placée temporairement sur un terrain municipal, le temps de réaliser des travaux d’agrandissement au Musée. Elle a été soulevée et transportée sans encombre par camion. Il s’agissait d’une délicate opération de transport pour un bateau de pêche à grande valeur historique.
Maintenant de retour, il sera restauré au printemps et placé près de la terrasse du Musée, surplombant fièrement la baie de Gaspé.
Vingtième d’une série de 50 exemplaires, construits il y a 60 ans, le bateau est l’un des derniers encore en bon état. Le Musée de la Gaspésie est d’ailleurs à la recherche de bénévoles pour effectuer les travaux dans les règles de l’art.
« Ici, elle prend toute son importance. Quand on en parle, on voit briller les yeux des Gaspésiens. Ça rappelle tellement de souvenirs aux gens! C’est une époque charnière de notre histoire. »— La directrice du Musée de la Gaspésie, Nathalie Spooner

Témoin d’une ère de changement pour les Gaspésiens
Selon Jeannot Bourdages, archiviste au Musée de la Gaspésie et chargé du projet, le bateau rappelle l’affranchissement des Gaspésiens des familles jersiaises, les Robin, entre autres, qui détenaient un monopole sur le commerce de la morue.
« Les Gaspésiennes ont permis aux pêcheurs de se défaire du règne des Robin. Ils se sont pris en main et ont fondé des coopératives. »— Jeannot Bourdages, archiviste au Musée de la Gaspésie et chargé du projet
En même temps, le gouvernement du Québec avait décidé de venir en aide aux pêcheurs en faisant construire 50 nouveaux bateaux de pêche appelés Gaspésiennes.
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L’architecte américain Howard Chapelle en a conçu les plans. 47 exemplaires ont été bâtis au chantier maritime Davie de Lévis, 3 autres à celui de Gaspé.
Selon M. Bourdages, les pêcheurs étaient vraiment satisfaits de ce nouveau bateau qu’ils jugeaient plus sécuritaire en cas de tempête.
Il disposait aussi d’une remontée mécanique pour la « trall » ou palangre (longue ligne horizontale qui soutient des lignes verticales auxquelles sont accrochés des milliers d’hameçons). « C’était une grande innovation puisque ce travail s’effectuait manuellement avant », raconte-t-il.
L’historien rappelle également que ce modèle constituait un chaînon manquant entre les anciennes barges et les chalutiers d’aujourd’hui. Les Gaspésiennes étaient plus longues (45 pieds) que les anciennes barges (20 pieds).