Mais cette année, c’est surtout la chute de la valeur du dollar canadien qui fait sourire les transformateurs. Bon an, mal an, près de 80 % des produits marins transformés du Québec sont vendus à nos voisins du sud.
À environ six semaines du Boston Sea Food Show, le plus grand rendez-vous des gens de la mer en Amérique du Nord, tout s’annonce pour que ce soit un marché d’acheteurs. « Les transformateurs du Québec sont en bonne position pour négocier de bonnes ententes », observe Robert Nicolas, rédacteur en chef de Pêches Impact.
Robert Nicolas estime que certaines espèces, notamment le crabe des neiges, pourraient bénéficier d’un coup de pouce de plus en raison de la baisse des stocks du crabe de l’Alaska. « Ça pourrait générer une hausse de prix sur les marchés américains et japonais », précise M. Nicolas.

Ce sera aussi, croit-il, une bonne année pour le homard. Malgré des volumes de plus en plus importants, les prix du homard sont à la hausse en raison de la reprise américaine. L’industrie a aussi investi beaucoup d’efforts pour développer le marché chinois pour le homard, rappelle le rédacteur en chef de Pêches Impact.
Quant à la crevette, si certaines variations dans les prix peuvent survenir, M. Nicolas estime qu’elles risquent d’être compensées par les avantages d’un dollar plus faible. Le seul bémol que voit M. Nicolas est l’arrivée de la crevette d’eau chaude plus petite.
« On parle souvent, ajoute Robert Nicolas, du crabe, de la crevette et du homard, mais il ne faut pas oublier les poissons à chair blanche qui sont de plus en plus en demande. Il y a une centaine d’entreprises de pêche en Gaspésie et les deux dernières années ont été très bonnes sur le plan financier. »
Une industrie disciplinée
Ce succès n’est pas le fruit du hasard, puisque le secteur des pêches récolte le résultat de ses efforts de modernisation et de rationalisation.
« On a des stocks qui sont relativement en bonne santé, on a une industrie rentable, très rentable même avec une valeur des stocks au débarquement supérieure à ce qu’on avait avant le moratoire sur la pêche à la morue en 1992. Contrairement à la perception générale, c’est une industrie qui globalement va bien », constate Laurent Girault, directeur de la valorisation au centre de recherche Mérinov.

Ces bonnes années viendront pallier les crises qu’a traversées l’industrie, dans les secteurs entre autres de la crevette et du homard, au cours des dernières années.
L’an dernier en a été la démonstration, selon Jean-Marc Marcoux, président de l’AQIP, et coassocié d’Unipêche MDM. « On vient, dit-il, de passer une des meilleures années qu’on a eue, autant pêcheurs que transformateurs. »
La valeur des retombées directes du secteur des pêches aux Îles, en Gaspésie et sur la Côte-Nord est de plus de 500 millions de dollars. Pour la première fois, l’an dernier, la valeur des prises au débarquement a dépassé 200 millions de dollars.