Hugo Barrette : Le bonheur d’être en vie

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Hugo Barrette transformé par son accident en Colombie

«Si j’avais frappé ce poteau avec ma tête à 80 km/h, c’était terminé.»
Hugo Barrette s’en va, bourré d’énergie, aux championnats mondiaux de cyclisme sur piste à Londres, heureux contraste avec le spectacle affolant dont il fut l’unique acteur en Colombie, le 27 octobre dernier. Son histoire est connue, mais on dirait qu’elle croît en mérite chaque fois qu’on la raconte tellement on juge invraisemblable que le Madelinot ait déjà retrouvé son statut d’un des meilleurs sprinteurs au monde.

« J’ai presque tout perdu »

Ce jour d’automne lors d’un entraînement au vélodrome de Cali, le pistard est éjecté alors qu’il file à haute vitesse. Parmi les rares images qu’il en a conservées, il se voit perdre le contrôle et tourner la tête au dernier instant pour éviter une barre métallique avant de freiner sa course au-delà d’une balustrade.

Le visage en sang, il perd conscience momentanément, recroquevillé sur lui-même. Dans les minutes suivantes, une vidéo nous le laisse entendre hurler sa douleur avant que les secouristes ne l’anesthésient. Le diagnostic viendra plus tard: deux vertèbres fracturées, luxation du cou, nez cassé et commotion cérébrale.

Cet accident, dit-il aujourd’hui, l’a rendu plus fort.
«Ça m’a rappelé comment je suis chanceux de faire cette carrière à temps plein. Et même d’être en vie!», insiste l’athlète de 24 ans, joint lundi à Milton en Ontario, où il s’entraîne.

«J’adore le vélo, mais ça faisait six ans que j’en faisais et on aurait dit que j’étais tombé dans une routine. Cet accident m’a amené à en sortir. J’ai presque tout perdu, alors ça m’a donné des ailes pour continuer. Je me suis dit: hé, ce n’est pas vrai que ça va se finir ainsi», affirme le cycliste de Cap-aux-Meules qui a marqué l’année 2015 avec deux médailles d’or et une de bronze aux Jeux panaméricains de Toronto.

Qualifié pour les JO
Barrette a non seulement replongé dans un entraînement intense après l’épouvante colombienne, mais il a vite obtenu des résultats convaincants. Sa deuxième place au keirin de la Coupe du monde de Hong Kong, à la mi-janvier, l’a hissé au huitième rang mondial de cette discipline et, du coup, l’a qualifié pour cette épreuve aux Jeux olympiques de Rio.

De toute évidence, même les craintes liées à ce jeu risqué se sont envolées.
«Dès que j’étais retourné sur la piste le premier jour, j’étais derrière la moto à 90 km/h pour être sûr que je n’aurais pas de craintes. Ces accidents-là changent une vie et nous font réaliser comment elle est fragile, mais, en même temps, je garde toujours en tête que je suis dans un sport dangereux. Avant chaque course, je me dis que je suis d’accord à prendre des risques et que ça fait partie de mon sport. L’important, c’est de se relever et de combattre ça.»


UNE BONNE RÉPÉTITION POUR LES JEUX DE RIO
Dans le vélodrome olympique de Londres, Hugo Barrette trouvera l’environnement parfait pour la dernière générale avant les Jeux de Rio.

Les principaux ténors de la piste participeront aux championnats du monde, du 2 au 6 mars, ce qui devrait fournir au cycliste québécois une tribune adéquate pour s’évaluer, surtout au keirin, seule épreuve dans laquelle on le verra aux Jeux du mois d’août au Brésil.

«Habituellement, j’ai une bonne idée d’où je me situe, mais là, avec tous les événements qui me sont arrivés, j’ai de l’incertitude parce que ma préparation s’est finalisée un peu à la dernière minute. Par contre, je me sens bien et je suis confiant», affirme le spécialiste des épreuves de vitesse, qui s’élancera également au sprint individuel.

Réputation acquise
Huitième au classement mondial au keirin, Barrette traîne une bonne réputation parmi l’élite de cette spécialité. Avant de terminer deuxième à la Coupe du monde de Hong Kong, en janvier dernier, il avait aussi remporté la médaille de bronze aux Jeux panaméricains et fini 17e aux mondiaux d’il y a un an.

«Ce qu’il y a eu de nouveau pour moi cette année, ça a été de gagner aussi l’épreuve de sprint aux Jeux panaméricains. Ça démontre que je suis maintenant rendu à un autre niveau. Quand je vais être sur la ligne [à Londres], on se respecte tous entre coureurs, mais ils savent ce que j’ai dans les jambes. À l’endroit de n’importe quel coureur qui a gagné quelque chose durant l’année, il va y avoir une crainte chez les autres gars.»

L’accident comme excuse
Le coureur originaire des Îles-de-la-Madeleine aura toujours l’excuse de son accident en Colombie pour expliquer un résultat en deçà de ses attentes. Il a forcément échappé quelques semaines de préparation dans cet épisode de l’automne.

Au moins, se console-t-il, Londres et les mondiaux ne sont pas Rio et les Olympiques.

«J’ai prouvé ce que j’avais à prouver aux Jeux panaméricains. Ensuite, j’ai fini deuxième à Hong Kong, je sais donc où est ma place quand je suis bien préparé. À cinq mois des Jeux, j’ai encore du temps pour avoir une bonne préparation. Mais je vais quand même à Londres pour essayer de gagner, pas pour visiter la ville!»

 

 

Texte : Alain Bergeron
LA UNE : PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, DIDIER DEBUSSCHÈRE