La passion d’Hugo Barrette pour le cyclisme s’est confirmée à l’adolescence, dans sa quête de liberté aux Îles-de-la-Madeleine, dans une famille de six enfants. Elle l’a mené rapidement vers la piste, où il a trouvé un environnement taillé sur mesure pour lui et dans lequel il espère pouvoir repousser longtemps ses limites, bien au-delà des Jeux olympiques de Rio.
« J’ai une grosse famille. Le vélo me permettait de sortir de la maison et d’être seul, explique Hugo Barrette. Quand tu as 14, 15 ou 16 ans aux Îles et que tu n’as pas de permis de conduire, le vélo c’est le plus près que tu peux t’approcher de la liberté. »
Ce goût de liberté lui a ouvert les yeux sur un sport qui est un « combat contre soi-même » et qui pouvait être plus qu’un moyen de garder la forme comme hockeyeur.
À 15 ans, l’athlète de Cap-aux-Meules était convaincu d’avoir trouvé sa voie après avoir remporté « Les Îles à vélo », une course de 90 km. « J’ai gagné et j’ai su que j’avais ma place en vélo », se souvient-il.
« La meilleure école »
Hugo Barrette a quitté les Îles le lendemain de son bal de finissants pour s’investir plus sérieusement dans le cyclisme. Il a rapidement été initié à la piste par son premier entraîneur Patrick Gauthier. « Une bénédiction », dit-il. Il a tout de suite eu la piqûre.
« J’ai su que c’était fait pour moi. Les épreuves de sprint, ça ne dure pas plus d’une minute. Je peux utiliser ma vitesse, ma puissance. »

L’école de la piste est la « meilleure école », estime Hugo Barrette, fier d’y avoir été formé. De grands noms de la route comme Bradley Wiggins et Mark Cavendish y sont passés et y ont beaucoup gagné, souligne-t-il.
Les pistards travaillent dans un environnement contrôlé, sans raccourcis, où seule la forme physique compte, fait valoir Hugo Barrette.
« Ma tête va m’arrêter avant mon corps »
Hugo Barrette n’a que 24 ans. Les meilleurs sprinteurs sont dans la fin de la vingtaine et au début de la trentaine, estime-t-il. Ça lui laisse plusieurs belles années devant lui.
Son sport a déjà été très bon pour lui, même après sa terrible sortie de piste à l’entraînement le 27 octobre, à Cali, en Colombie. Cet accident l’a laissé avec une commotion cérébrale et un nez et des vertèbres fracturés, entre autres.
Moins de trois mois plus tard après une rééducation éclair, il remportait sa toute première médaille en Coupe du monde en janvier à Hong Kong. Il a décroché l’argent au keirin, sa spécialité, dans laquelle il est 7e au classement mondial.

Avant son accident, à l’été 2015, les Jeux panaméricains de Toronto avaient été pour lui un immense point d’exclamation avec trois médailles : l’or au sprint et au sprint par équipe, et le bronze au keirin.
Hugo Barrette veut poursuivre sur sa lancée en 2016, année de grands rendez-vous avec les Championnats du monde de Londres qui commencent mercredi (il sera des épreuves de sprint et de keirin) et, bien sûr, les Jeux de Rio en août. Il voit les Olympiques comme un formidable tremplin.
Le voyageur
Hugo Barrette ne compte plus les kilomètres à son compteur. C’est vrai aussi à l’extérieur de la piste. Il a quitté ses Îles-de-la-Madeleine à l’adolescence, s’est installé dans la région de Los Angeles à 19 ans et a déménagé dans la région de Toronto en 2015 pour s’entraîner au vélodrome de Milton, construit pour les Jeux panaméricains.
Il s’est rapproché un peu de ses Îles, mais ça n’a pas chassé le mal du pays. Les Madelinots et leur esprit communautaire lui manquent. « On est proches, comme une grosse famille », dit-il.
Une famille qu’il compte bien rendre fière à Rio, où il pourrait devenir le premier athlète madelinot à participer à des Jeux olympiques.