Des thons rouges acceptent de manger de la main de pêcheurs, en plein océan Atlantique, selon un nouveau documentaire sur le thon rouge qui met en lumière les comportements inhabituels de ce géant des mers.
Le thon rouge de l’Atlantique aurait perdu sa crainte de l’humain, selon le cinéaste John Hopkins. Dans son documentaire intitulé Bluefin, produit par l’Office national du film du Canada, il raconte comment les thons ne sont plus nerveux autour des pêcheurs, comme c’était le cas auparavant.
Le film de 53 minutes traite de la résurgence du thon rouge dans le port de pêche de North Lake, à l’Île-du-Prince-Édouard.
Le cinéaste montre que les thons qui arrivent dans les Maritimes sont affamés parce que le hareng et le maquereau se font de plus en plus rares sur la côte est de l’Amérique du Nord. Cela fait craindre que le thon disparaisse complètement de la région.
« Une des choses que l’on constate, c’est qu’ils ont perdu la peur naturelle des êtres humains. Ils sont devenus comme des animaux de compagnie. Ils se laissent nourrir le long du flanc [des bateaux], par les pêcheurs. Ce comportement a rendu le tournage beaucoup plus facile, mais c’est intrigant », explique John Hopkins.
Les scientifiques craignent pour la survie de l’espèce
Des environnementalistes et des scientifiques croient que le thon doit être protégé.
L’océanographe Boris Worm, de l’Université Dalhousie, compare les thons qui reviennent dans le golfe du Saint-Laurent à un dernier troupeau de bisons qui erre sur les plaines après que tous les autres animaux de l’espèce eurent été abattus.
Le scientifique explique que ces thons sont les survivants d’une population beaucoup plus imposante qui a disparu de la plupart des coins de l’océan Atlantique depuis les années 1960.
« Si le thon était un animal terrestre, personne n’accepterait que l’espèce soit si près de l’extinction. Parce qu’il est un poisson, il est loin des yeux, loin de nos préoccupations, il est froid et écailleux. Les gens ne semblent pas avoir le même respect pour lui [que pour d’autres animaux] », a affirmé le photographe duNational Geographic Brian Skerry lors d’une entrevue pour le documentaire.
Tous ne sont pas convaincus de la nécessité de protéger le thon rouge.
« Ce n’est pas vrai qu’il est en danger. Comment les scientifiques peuvent-ils dire qu’il n’y a plus de thons alors qu’il y en a 15 qui se précipitent lorsqu’un pêcheur se penche sur le côté d’un bateau », demande le pêcheur Jeff MacNeill dans le documentaire.
Le mois dernier, le gouvernement fédéral a décidé de ne pas ajouter le thon rouge à la liste des espèces menacées, ce qui aurait rendu la pêche illégale et signé l’arrêt de mort d’une industrie de pêche qui vaut 10 millions de dollars en Atlantique.
Le long métrage Bluefin sera présenté mercredi à Halifax, dans le cadre du Festival du film de l’Atlantique.
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LA UNE : Une image tirée du documentaire Bluefin, du cinéaste John Hopkins