Les ministres des Ressources naturelles du Canada et de Terre-Neuve-et-Labrador disposent de 30 jours pour déterminer si la compagnie Corridor Resources obtiendra un nouveau permis d’exploration pour le site Old Harry, situé au large des Îles-de-la-Madeleine et de Terre-Neuve.
Alors que le permis actuel arrivera à échéance le 14 janvier 2017, l’Office Canada-Terre Neuve et Labrador des hydrocarbures extracôtiers a choisi d’en octroyer un nouveau de quatre ans à la pétrolière. Il revient maintenant aux deux paliers de gouvernements de l’entériner.
Une consultation publique de 90 jours a précédé l’envoi de la demande officielle. Bon nombre de groupes environnementaux, d’élus et de communautés autochtones se sont alors opposés au projet.
« Tous dans le même bateau »
Un important regroupement de communautés autochtones des maritimes et du Québec tente de convaincre les gouvernements de refuser la proposition de l’Office.
Troy Jerome représente des milliers d’Innus, de Malécites et de Micmacs dans le dossier et estime que l’exploration des hydrocarbures dans le golfe du St-Laurent est insensée.

Le 7 décembre dernier, Monsieur Jerome a rencontré le ministre des Ressources naturelles du Canada, Jim Carr.
Il a profité de la rencontre pour interpeler le ministre sur son récent soutien aux projets de pipelines dans l’Ouest canadien.
Ce dernier lui aurait répondu :
« Que voulez-vous qu’on fasse? Toutes les communautés n’étaient pas d’accord. »
Cette fois, tout le monde veut la même chose, selon le représentant des premières nations.
«Quand vous avez tout le monde qui veut la même chose : allez-vous répondre à notre demande? Allez-vous annuler ce permis?» – Troy Jerome, représentant des Premières Nations
Troy Jérome affirme que la décision d’Ottawa sera symbolique, et que c’est plutôt la province qui aura le dernier mot.
Il compte d’ailleurs se rendre à Terre-Neuve-et-Labrador afin de s’entretenir avec la ministre des Ressources naturelles de la province, Siobhan Coady.
Même chose aux Îles
Le maire de la municipalité des Îles-de-la-Madeleine, Jonathan Lapierre, est déçu de la décision de l’Office Canada-Terre Neuve et Labrador des hydrocarbures extracôtiers.

«L’Office ne semble pas se préoccuper des conséquences ni prendre en considération les inquiétudes des populations, qui seront les premières à l’avant-plan en cas de catastrophe.» – Jonathan Lapierre, maire de la municipalité des Îles-de-la-Madeleine
Il espère que les gouvernements rejetteront la proposition de l’organisation : « Le gouvernement canadien devrait bien réfléchir aux différentes conséquences de cette approbation. »
La semaine dernière, les élus de la Communauté maritime des Îles-de-la-Madeleine adoptaient une résolution à l’unanimité pour s’opposer à ce que tout nouveau permis soit accordé à Corridor Resources.
La compagnie possède un permis d’exploration depuis 2008 et selon Monsieur Lapierre, la compagnie n’a pas su rassurer les populations au fil des années.

Un permis de facto
Si les gouvernements ne se prononcent pas avant le 14 janvier 2017, la compagnie recevra de facto le nouveau permis d’une durée de quatre ans.
À pareille date l’an dernier, Corridor Resources se voyait accorder une année supplémentaire à son permis, pour la troisième fois.
Ce sursis d’un an devait lui permettre la tenue de consultations publiques auprès des communautés concernées, notamment les Premières Nations. Ces consultations n’ont toujours pas eu lieu.
LA UNE : Îles-de-la-Madeleine Photo : Ariane Bérubé