Homardiers madelinots : nouvelle chicane et manifestation aux Îles

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Le Rassemblement des pêcheurs et des pêcheuses des côtes des Îles (RPPCI) organise mardi une manifestation pour obtenir la gestion du quota de crabes accordé par Pêches et Océans Canada au regroupement concurrent, soit l’Association des pêcheurs propriétaires des Îles-de-la-Madeleine (APPIM).

Le porte-parole du RPPCI, Jacques Bourbeau explique que son organisation a appris qu’un quota de 114 000 livres de crabes des neiges était accordé par le ministère des Pêches et des Océans à l’Association des pêcheurs propriétaires des Îles-de-la-Madeleine (APPIM) qui, jusqu’à l’an dernier, représentait la majorité des homardiers.

Le Rassemblement fait valoir que ce quota appartient aux 325 homardiers des Îles et non à l’APPIM. Le Regroupement estime que les quotas ne doivent pas appartenir ni aux entreprises ni aux associations qui « gèrent à leur place ».

Par contre, ajoute M. Bourbeau, il revient au MPO de céder sa gestion. « Si le MPO veut sous-traiter sa juridiction qu’il change de gérant et nous on est prêt à le gérer », poursuit le représentant des homardiers.

Selon les principes de gestion adoptés par les pêcheurs lors de leur assemblée générale du 9 mars dernier, le Rassemblement ne sous-traitera pas cette pêche puisque cela contreviendrait, selon M. Bourbeau, aux principes du capitaine-propriétaire. La pêche serait confiée aux homardiers.

«On va se battre pour que les pêcheurs soient les véritables propriétaires de ce crabe.» – Jacques Bourbeau, porte-parole du RPPCI

Des chèques aux homardiers

De son côté, l’APPIM explique qu’elle s’apprête à verser aux 325 homardiers des Îles une partie des profits réalisés en 2016 par l’exploitation de ce quota de crabe de 114 000 livres.

Comme les homardiers des îles sont divisés et ne s’entendent plus sur l’association qui doit les représenter, le président de l’APPIM, Mario Déraspe précise qu’il a été décidé lors de l’assemblée générale de l’APPIM, en décembre dernier, de mettre en place un programme de remboursement pour les homardiers.

Un pêcheur de homard
Un pêcheur de homard Photo : Reuters/Brian Snyder

Les pêcheurs recevront entre 500 $ et 325 $ pour aider à payer des opérations comme l’étiquetage des homards et la tenue du livre de bord électronique.

Les pêcheurs recevront cette année un peu moins de 50 % des 300 000 $ de revenus qu’a générés cette pêche l’an dernier.

Toutefois, ce montant représente, selon le président de l’APPIM, Mario Déraspe, la moyenne des revenus obtenus au cours des années par l’exploitation du quota de crabe. L’APPIM souhaite que son programme s’étale sur au moins deux ans.

Retour insuffisant pour les pêcheurs, selon le RPPCI

Pour Jacques Bourbeau, l’APPIM a conservé au fil des ans la majorité des sommes amassées par la vente du crabe sans verser tout leur dû aux pêcheurs. M. Bourbeau accuse le MPO de fermer les yeux sur cette situation qui lèserait les pêcheurs des Îles. « L’APPIM a volé les pêcheurs avec la complète complicité du MPO », accuse M. Bourbeau.

Mario Déraspe s’en défend et n’entend pas répondre directement à ces accusations.

Paniers de pêche pour le crabe des neiges
Paniers de pêche pour le crabe des neiges Photo : Radio-Canada/Evelyne Côté

Ce quota, raconte M. Déraspe, a été accordé par Pêches et Océans Canada aux associations de homardiers des Îles, de la Gaspésie et du Nouveau-Brunswick pour pallier leur absence lors du partage des quotas avec les pêcheurs de poissons de fond.

Cet argent, poursuit M. Déraspe, devait être utilisé pour des projets au profit des pêcheurs, comme la construction de récifs artificiels pour le homard. « Tous les projets n’avaient jamais été contestés jusqu’à maintenant et les pêcheurs étaient au courant par des envois, par nos assemblées », commente le président de l’APPIM.

La situation a toutefois changé. L’Association admet qu’elle représente maintenant moins de 50 % des homardiers des Îles.

«On a bien compris en 2016 qu’on ne faisait plus l’unanimité et que les projets seront toujours remis en question.» – Mario Déraspe, président de l’APPIM

Aucune décision prise pour 2017

Pêches et Océans indique que la gestion du quota pour la prochaine saison n’a pas encore été déterminée.

D’ailleurs, des pourparlers se poursuivent entre le ministère et des représentants de tous les pêcheurs pour en arriver à une solution concertée sur la gestion du quota. Le ministère précise qu’il s’agit d’une allocation stable.

Depuis deux ans, des homardiers madelinots contestent la représentation de l’APPIM.

Le débat autour de questions sur l’implantation du livre de bord électronique ou la pose des étiquettes de traçabilité sur le homard ont été parmi les éléments déclencheurs du mouvement d’opposition des pêcheurs envers l’APPIM.

Plusieurs pêcheurs des Îles ont vertement critiqué ces deux programmes dont l’un, le livre de bord électronique, a été imposé par Pêches et Océans Canada, et l’autre, l’étiquetage des homards, est un programme provincial au départ bipartite entre les usines et les pêcheurs, qui est devenu volontaire. Cette opposition s’est cristallisée avec la création du RPPCI qui regroupe maintenant près de 200 homardiers.

Malgré ces tensions entre les associations, l’Office des pêcheurs des Îles a réussi cette année à obtenir un prix au débarquement qui variera entre 6,27 $ et 6,79 $ la livre.

La Régie des marchés agricoles a refusé de modifier la méthode de fixation des prix comme le demandait l’Association québécoise de l’industrie des pêches. Le prix du homard des îles est basé sur une valeur témoin établie à partir du Seafood Price Current (SPC) aux États-Unis, jumelée à des paramètres comme l’état du marché et les débarquements aux Îles.

 

Un texte de Joane Bérubé
LA UNE : Pêche au homard Photo : Radio-Canada