Dans mon dernier roman Roméo et ses Juliette, chacun des participants choisit un numéro de page et nous notons les mots ou groupes de mots de la première ligne. Voici ces mots :
Depuis – Non, pas du tout – Appartient – Oui – Martine – Lorsque – Décomposition – Leur disparition – Je comprends – De retour – Sécurité – Parce que.
* * *
Où sont-elles passées ?
Depuis ma plus tendre enfance, je rêvais de devenir policière. Pas une simple policière, mais faire les enquêtes sur le terrain.
Pourquoi ? me direz-vous. Tout simplement parce que pour moi ce serait ma façon d’être utile au plus grand nombre de personnes. Je comprends que cela peut paraître étrange pour certains. Pour moi, non pas du tout, ce n’est pas bizarre.
Lorsque j’ai grandi, ce rêve inatteignable n’a pu se réaliser.
Alors je me suis inventé mes propres enquêtes, mes propres crimes. Dans mes histoires, je me nomme Martine. Je suis responsable d’une équipe extraordinaire qui fait un travail remarquable.
Avec nous, les citoyens peuvent se sentir en sécurité. Nous sommes là pour veiller. Nous avons l’œil ouvert. Nous parcourons les rues.
Bien entendu, on ne peut être partout et il arrive que des crimes soient commis.
C’est alors que nous retroussons nos manches, nous faisons notre travail du mieux que l’on peut et le plus vite possible afin d’apaiser la population.
Nous avons eu besoin d’enquêter sur la découverte de corps en décomposition. Nous avons vite déterminé la date de leur disparition, ce qui nous a permis d’accélérer nos investigations et trouver le coupable.
Tout à coup, un bruit me fait sursauter. De retour à la réalité, je suis assise dans mon salon, la manette de la télé en main, un film policier venant de se terminer.
Oui, ce rêve m’appartient et revient régulièrement lorsque la nostalgie de ma jeunesse remonte en moi.
Je recommencerai et je résoudrai encore beaucoup d’autres crimes.
Dominique Damien
Martine appartient à une famille riche. Malheureusement, ses parents sont décédés dans un accident alors qu’elle n’avait que 3 ans.
On pourrait penser que Martine est demeurée très chagrinée de cet événement. Mais non, pas du tout !
Depuis leur disparition, Martine habite avec ses grands-parents maternels qui l’on entourée d’amour et lui ont permis d’oublier ce drame en ne conservant que les beaux souvenirs de ses jeunes années.
Habitant loin de la ville, elle doit maintenant s’éloigner de ses grands-parents adorés afin d’aller étudier à l’université. Lorsqu’arrive le moment du départ, elle a beaucoup d’inquiétudes parce qu’elle doit abandonner la sécurité qui l’entoure depuis sa petite enfance.
Oui, je comprends, tout comme vous, qu’elle anticipe le moment où elle sera de retour dans son foyer familial.
Pendant la dernière nuit qu’elle passe dans cette maison chaude et confortable, au moins 100 mouchoirs ont été mis en décomposition. Mais, il faut avancer dans la vie et assumer son choix afin de terminer ses études.
Après tout, que sont 3 années comparativement à toute une vie ?
Et puis, il faut devenir adulte !
Michèle
Depuis, l’ambiance dans la cuisine n’était plus la même. Tous se rappelaient le temps où le groupe se retrouvait ensemble autour de la table et discutaient.
Cependant le vide que Martine a laissé, cette chaise vide que personne n’a jamais plus occupée et qui aujourd’hui appartient à son fantôme ne laisse personne indifférent. Je comprends que leur disparition (Martine et ses chats) par ce matin chaud de juillet et que personne n’a pu expliquer, laisse un froid parce que justement personne ne s’explique ce mystère. Oui, j’aimerais me dire qu’elle s’est juste envolée lorsque j y pense, mais non, pas du tout !! La découverte de ses trois chats en décomposition n’apporte pas plus de réponses sur sa disparition.
De retour chez moi, je me demande encore pourquoi la sécurité à l’asile n’était pas mieux adaptée à Martine!
Si tel avait été, cette chaise ne serrait pas vide, Martine serait toujours là et les chats auraient comme d’habitude servi de repas aux bénéficiaires.
Sylvain Poirier
16 août 2017
* * *
Je suis toujours émerveillée de voir la réaction des participants lors de la lecture des textes inventés de chacun. Un moment de rires francs à rendre jaloux les passagers qui nous écoutent derrière les portes et qui n’ont pas participé.
Merci à tous mes participants et plus particulièrement à Michèle et Sylvain d’avoir eu la gentillesse de me donner leur texte afin que je les partage avec vous tous.
Bonne semaine à toutes et à tous.