Québec autorise une chasse aux phoques gris à des fins scientifiques sur l’île Brion

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Dans le cadre d’un projet scientifique, Québec permettra une chasse « structurée » aux phoques gris sur une partie de l’île Brion durant l’hiver 2021. Les chasseurs de phoques madelinots estiment qu’une telle mesure ne permet pas d’avancée concrète à court terme pour mieux contrôler la population du troupeau.
 

Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, consent à retirer une section de plage des limites de la réserve écologique de l’île Brion pour permettre l’abattage de phoque gris.

Québec ne précise pas pour l’instant la superficie du site où la chasse sera permise ni le nombre de bêtes qui pourront être chassées. Le gouvernement mentionne que les modalités de la chasse seront déterminées en collaboration avec les acteurs locaux concernés.

L’attachée du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) précise que deux rencontres auront lieu bientôt pour réunir des représentants de l’Association de chasseurs de phoques intra-Québec, de Pêches et Océans Canada, de la Communauté maritime des Îles et du MELCC (ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques).

La chasse aux phoques autorisée par Québec fera l’objet d’observations scientifiques et sera complémentaire au projet de recherche mené par le directeur du département de biologie de l’Université Laval, Stéphane Boudreau, visant à documenter les impacts potentiels de la taille croissante de la colonie de phoques gris sur la faune et la flore de l’île Brion.

«On veut voir si le phoque, depuis l’établissement de la colonie, a eu des impacts sur la dynamique des écosystèmes terrestres, particulièrement les écosystèmes dunaires de l’île où vivent certaines espèces fauniques ou floristiques qui sont considérées comme vulnérables», indique le chercheur Stéphane Boudreau en faisant notamment référence à un piétinement excessif qui pourrait perturber la végétation et déstabiliser les dunes.

Parallèlement, le chercheur s’intéressera également aux effets de la chasse sur les dunes de l’île Brion.

«Est-ce que la chasse entraîne une perturbation de l’écosystème dunaire via, par exemple, un piétinement se demande le chercheur.

«On va profiter de cette chasse-là pour récolter certaines données sur les phoques,» indique Stéphane Boudreau. «On va prélever des contenus stomacaux de 30 à 40 individus qui vont être chassés et on va probablement prélever certains tissus musculaires.»

Le professeur souhaite également valider si la présence de carcasses de phoques gris peut profiter au renard roux et ainsi causer une prédation supérieure à d’autres espèces fauniques qui sont considérées comme menacées à l’île Brion, ou encore si la fertilisation créée par les excréments de phoques gris peut s’avérer bénéfique sur les habitats floristiques.

L’étude d’une durée de trois ans comprend également l’installation de caméras sur l’île Brion pour mieux documenter la colonie de phoques gris évaluée à au moins 10 000 individus par le chercheur Stéphane Boudreau.

Mandaté par Québec en 2018, le Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE) s’était penché sur la possibilité d’autoriser une chasse commerciale à l’île Brion, tel que demandé par la Communauté maritimes des Îles.

Le BAPE avait finalement conclu que les données étaient insuffisantes pour prendre une décision éclairée et avait demandé au gouvernement d’approfondir les recherches avant de permettre ou non la chasse au phoque gris sur les plages de ce territoire protégé.

LA UNE : La colonie de phoques gris de l’île Brion, une réserve écologique au large des Îles-de-la-Madeleine, est évaluée à au moins 10 000 individus (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ELISA SERRET