Les Îles précisent leur règlement sur les locations touristiques

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Après la ville de Percé, c’est au tour des Îles-de-la-Madeleine de s’attaquer à l’hébergement touristique à court terme. Pressé par un manque criant de logements et la spéculation immobilière, l’archipel lance des consultations sur un projet de règlement qui vise à interdire la transformation de résidences secondaires en hébergement touristique hors des zones désignées. 

Annoncée en octobre dernier, à quelques semaines des élections municipales, l’intention du conseil municipal des Îles-de-la-Madeleine d’agir dans le dossier de l’hébergement touristique se précise. Le conseil a déposé, mardi, un projet de règlement visant à interdire la création de nouvelles résidences de tourisme sur une grande partie de son territoire.

Réclamée depuis des mois par les Madelinots, lassés de voir les rares maisons à vendre s’envoler pour des sommes faramineuses, la législation se veut «encore modifiable et modulable», précise le maire, Jonathan Lapierre.

Ce dernier, qui s’est montré plutôt tiède à ce type de recours au cours de la dernière année, demande à la population «de peser tous les avantages et les conséquences» et de «bien prendre connaissance de l’ampleur et des impacts» du règlement proposé.

M. Lapierre a longtemps hésité à adopter une telle législation, de crainte que l’offre touristique en subisse les conséquences. «Les gens nous ont beaucoup demandé de mieux contrôler l’hébergement touristique. On compte le faire, mais il faut rappeler que ça n’a pas que des avantages», note-t-il. «Peu importe la décision, il y a des pour et des contres, et c’est la job du conseil de peser tout ça.»

«Je le répète souvent : on est à l’heure des choix, à la croisée des chemins pour notre communauté. Nous aussi, on conseil, on partage le constat qu’il faut agir. Peu importe la décision, il va falloir assumer nos choix et leurs conséquences», convient l’élu.

Un projet de règlement «ciblé»

Si adopté tel que, le projet de règlement déposé au conseil municipal, mardi, interdirait la location touristique de résidences secondaires sur près de 70% du territoire. La transformation de maisons unifamiliales en hébergement à court terme serait permise dans les zones de villégiature, dispersées une peu partout sur l’archipel.

«On veut empêcher que quelqu’un achète une maison dans un secteur résidentiel dans le but unique de la louer aux touristes», résume Jonathan Lapierre.

Le dépôt du projet de règlement est le résultat d’une pression immobilière intense aux Îles-de-la-Madeleine. En raison de coûts de construction plus élevés qu’ailleurs, la ville peine à répondre à la demande du marché immobilier. Plusieurs intervenants parlent même d’une «crise du logement» sur l’archipel, situation qui se répercute sérieusement sur les commerces madelinots qui peinent à recruter des employés, faute de logements.

«Notre offre d’hébergement touristique passe surtout par les maisons unifamiliales aux Îles. Ce phénomène met une pression énorme sur le prix des résidences à vendre et crée l’importante spéculation immobilière qu’on connaît présentement», explique Jonathan Lapierre. «Et c’est clair que si tu achètes une maison dans un but commercial, tu es prêt à payer un peu plus puisque tu sais que tu vas faire un profit en la louant.»

«Ici, on n’a pratiquement pas d’hôtels et la très vaste majorité de l’hébergement touristique est sous propriété madelinienne, contrairement à Percé, où on a eu peur de l’intérêt externe pour les maisons», note le maire, ajoutant que bon nombre de Madelinots décident de louer leurs résidences principales en été pour faire un peu d’argent. «Ça restera permis. On touche vraiment juste aux résidences secondaires.»

Le projet de règlement prévoit aussi une clause de droit acquis, soit une «clause grand-père», permettant aux propriétaires qui exploitent déjà des logements locatifs à court terme dans des résidences secondaires hors des zones de villégiature de continuer leurs activités commerciales.

Le conseil municipal des Îles-de-la-Madeleine invite la population à répondre à un questionnaire en ligne afin de l’orienter sur cet enjeu. Une séance de consultation aura également lieu le 12 janvier. «Dans un monde idéal», la version finale du règlement serait adoptée autour du mois de mars.

«Ce que je veux léguer à ma fille, c’est un territoire où il fera bon vivre et où on aura trouvé l’équilibre entre le visiteur et le visité. Pour y arriver, il faut y réfléchir sérieusement et faire preuve de courage», conclut M. Lapierre.

PAR : Simon Carmichael, Initiative de journalisme local / Le Soleil
LA UNE : Paysage des Îles-de-la-Madeleine. Archives La Presse, Édouard Plante Fréchette