
Gilles Labonté de Wellington a toujours un projet sur son établi. Ça l’aide à rester dans le moment présent et surtout, dans le concret.
Gilles Labonté de Wellington a le visage même de l’homme heureux. Ses yeux sourient constamment. Maintenant à sa deuxième retraite, il s’amuse toute la journée dans son atelier d’ébénisterie, avec un nouveau jouet, une toupie à commande numérique (CNC).
Quand on entre dans l’atelier rouge vif de Gilles Labonté, derrière sa maison blanche à Wellington, on est accueilli par une chaleureuse odeur de bois coupé, à aucune autre comparable. Une fine poussière
flotte dans l’air et diffuse une lumière douce.

Et tout au fond, devant sa nouvelle toupie à commande numérique, se tient Gilles Labonté, concentré sur sa tâche. «J’ai acheté cet outil il y a un an. J’aime beaucoup cela. Ça me permet de créer des designs très précis. Là, je suis en train de mettre au point divers produits pour les marchés touristiques, l’été prochain. Ça me fait quelque chose à faire». Après une carrière dans les Forces canadiennes, Gilles Labonté s’est retiré pour s’établir dans la région Évangéline. On est en 1992. C’est alors qu’il a lancé son entreprise de séchage de bois. «Je me suis rendu compte qu’il n’existait pas de séchoirs à bois dans l’Île, du moins, je n’en avais pas trouvé. J’ai alors créé mon séchoir. Je vendais facilement les belles planches, mais je restais pris avec celles qui avaient trop de noeuds. Alors, j’ai commencé à faire du bois pour des planchers de bois franc. J’achetais les outils au fur et à mesure. Puis, je me suis mis à faire des armoires de cuisine. Je faisais les portes moi-même. Je faisais tout moi-même. J’en ai fait plusieurs. J’ai fait des meubles. Toujours des gros morceaux. Et puis, j’ai décidé de fermer mon entreprise.
Maintenant, c’est un hobby». Ce hobby occupe Gilles Labonté autant qu’une entreprise. «J’arrive ici vers 8 h le matin, je prends une pause le midi, je reviens dans l’après-midi, jusqu’à 16 heures, et des
fois, je reviens dans la soirée. Si je ne fais pas ça, que veux-tu que je fasse? Regarder la télé toute la journée ce n’est pas pour moi, j’ai besoin de rester actif».
Il fait de petits projets sur demande de temps à autre et explore les possibilités de sa toupie à commande numérique.
Avec cette machine, il peut reproduire des images en bas-relief. Il fabrique des urnes funéraires en bois, il fabrique aussi des sous-verres, des supports pour ouvrir des huîtres sans se blesser. «Je suis en train de mettre au point mes designs. Parfois, je les crée à partir de rien, parfois, j’améliore des concepts existants».


Avec son CNC, il peut reproduire à peu près n’importe quel motif, du moment qu’il a la patience de le convertir en document vectoriel dans l’ordinateur. «Je trouve les motifs que je veux. Je les trace dans le logiciel pour les transformer en vecteur pour que la machine reconnaisse les lignes. Je dois aussi décider de la profondeur à creuser, pour créer l’effet de trois dimensions. Ça me prend plusieurs
essais pour arriver au résultat que je veux, selon l’épaisseur du bois, le grain, etc. Bien souvent, quand je suis à la maison, je travaille à l’ordinateur pour planifier mes designs. Puis je les apporte sur une clé USB à l’atelier pour transmettre les instructions à ma machine. C’est juste là que je vois si j’ai bien planifié. Ça demande du temps et un bon degré de savoir-faire, mais c’est bien plaisant», dit l’artisan.
Ce dernier continue, à l’occasion, de fabriquer des objets plus gros, sur demande. Toujours pour passer le temps. «J’aime avoir des projets. Ça me permet de me concentrer sur du concret», dit l’ébéniste avec philosophie.
PAR JACINTHE LAFIOREST
LA UNE : Gilles Labonté Photo J.L.