Pêches et Océans met en place de nouvelles règles pour assurer que des plans de rétablissement sont en place pour les stocks d’espèces en voie de disparition ou menacées.
Ces nouvelles règles permettent de donner plus de mordant à la Loi sur les pêches adoptée en 2019 et les changements ont été publiés dans la Gazette du Canada mercredi.
L’industrie des pêches suit de près ces modifications qui surviennent quelques semaines après la suspension de la pêche pour le hareng de printemps et du maquereau dans l’est du pays.
Pêches et Océans identifie 30 espèces qui auront besoin d’un plan de rétablissement si le niveau de leur population tombe sous un niveau déterminé. Ce point de référence limite
est atteint lorsqu’il y a une forte possibilité que la productivité soit suffisamment altérée pour entraîner de graves dommages
à une espèce.
Le MPO indique que 16 espèces sont dans cette situation. Des plans de rétablissement ont été développés pour cinq de ces espèces. Dans les autres cas, des plans sont en développements à divers niveaux.
Le ministère a trois ans pour établir un plan de rétablissement une fois qu’il a été déterminé que les stocks d’une espèce se retrouvent sous le point de référence limite.
Pour plus de transparence
Les plans publiés doivent expliquer pourquoi une espèce est en danger, établir des objectifs, déterminer un échéancier pour le rétablissement et comment celui-ci sera réalisé.
Si les stocks d’une espèce n’ont pas d’espoir d’être rebâtis, le ministère doit expliquer pourquoi.
La pêche peut être permise pendant le développement d’un plan en autant que le niveau de pêche de ce stock soit compatible avec le rétablissement de ce stock au-dessus de son point de référence limite
.
L’objectif est de renforcer la transparence et la responsabilité qui accompagnent la surveillance réglementaire par rapport aux approches basées sur les politiques
, indique le ministère.
Le MPO a suspendu l’année dernière la pêche au hareng du Pacifique et a fait de même à la fin du mois de mars pour le hareng de printemps et le maquereau de l’Atlantique.
Des pêcheurs frustrés
Sur la côte est, cette décision a causé l’ire des pêcheurs de hareng et de maquereau. De leur côté, les pêcheurs de homard craignent une pénurie d’appâts.
Le directeur général de l’Union des pêcheurs des Maritimes, Martin Mallet, est frustré de cette suspension. Il dit que son organisme demande des plans de rétablissement depuis des années pour le hareng de printemps.
Le plan pour cette espèce est l’un de ceux qui sont en développement.
Si vous regardez les réussites que nous avons pour d’autres ressources comme le homard ou le crabe des neiges, elles ont toutes été gérées avec succès parce que, dès le départ, nous avons une très bonne collaboration entre les pêcheurs et les scientifiques. Et en ce moment, pour plusieurs des espèces sur cette liste, nous n’avons pas cette collaboration avec le MPO et la ministre
, pense M. Mallet.
Il estime que les évaluations scientifiques de ces espèces doivent davantage tenir compte du rôle de la prédation – par les phoques par exemple – et des changements climatiques qui peuvent déplacer des espèces hors des zones sondées par le ministère.
Il ajoute que certains des changements sont positifs et qu’ils permettront d’établir des feuilles de route pour le rétablissement de ces espèces.
Des mesures bien accueillies par les environnementalistes
Le directeur général du Groupe Oceana, Josh Laughren, appuie les modifications du ministère et croit qu’il était temps qu’on s’attaque aux déclins des stocks avant qu’il ne soit trop tard.
Je pense qu’ils ont le courage de leurs convictions
, en faisant référence aux plus récentes suspensions.
Il ajoute que l’implantation des mesures restera à surveiller, mais que les étapes prises par le ministère sont importantes.
Dans une déclaration écrite, la secrétaire parlementaire de la ministre Joyce Murray a indiqué que la priorité du ministère est d’assurer la croissance de l’industrie de façon durable.
Les nouvelles modifications qui modernisent la Loi sur les pêches sont essentielles au renforcement de notre cadre de gestion, car elles obligent le MPO à gérer de façon durable les stocks de poissons prescrits et à mettre en œuvre des plans de rétablissement en temps opportun si ces stocks s’épuisent
, écrit-elle.
LA UNE : Le hareng de l’Atlantique (reproducteur de printemps) ne peut plus être pêché depuis le 20 mars 2022 (archives). PHOTO : LUKE BARBER