La suspension des vols directs entre Montréal et Mont-Joli ainsi que la pertinence du Programme d’accès aérien aux régions (PAAR), offrant des billets à 500 $, ont suscité des questionnements dans les derniers jours quant à la situation du transport aérien régional.
Le député de René-Lévesque, Yves Montigny, responsable du volet du transport aérien régional pour la Coalition avenir Québec (CAQ), admet que le programme des billets à 500 $ n’est pas bien adapté à toutes les régions.
On constate vraiment que le programme qu’on a mis en place, présentement, il fait l’affaire dans différentes liaisons, mais il ne s’adapte pas à n’importe quelle situation
, admet-il.
Ce programme, annoncé en mai dernier, devait régler les problèmes des dessertes aériennes régionales, mais nombreux sont les élus et les représentants d’organisations à le critiquer.
Sortir Régionair des cartons
Malgré les intentions politiques en transport régional, le président du conseil d’administration de la Régie intermunicipale de l’aéroport de Mont-Joli, Bruno Paradis, remarque une perte de service aérien régional.
Les gens en région s’attendent à avoir un certain service au niveau des dessertes aériennes
, affirme-t-il.
En ce sens, Bruno Paradis souhaite relancer le projet Régionair. Ce projet de dessertes aériennes soutenues par des MRC et des municipalités avait été élaboré à la suite de l’abandon de dessertes aériennes régionales par Air Canada au début de la pandémie.
Le gouvernement a plutôt choisi d’annoncer un programme de billets d’avion à un maximum de 500 $. La direction de l’aéroport de Mont-Joli avait alors mis le projet Régionair sur la glace, mais la suspension de la liaison aérienne directe entre Montréal et Mont-Joli vient changer la donne.
Bruno Paradis, qui avait soutenu le PAAR lors de l’annonce en mai dernier, convient maintenant que ce programme ne répond pas aux besoins.
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, constate M. Paradis.
Selon les données les plus récentes du ministère des Transports (MTQ), 323 billets aller-retour ont été vendus, via le PAAR, pour Mont-Joli sur la période du 1er juin au 31 décembre 2022.
Yves Montigny ne s’avance pas sur la question d’un possible retour du projet Régionair.
On veut susciter l’adhésion, l’engagement des compagnies aériennes et des aéroports pour mettre en place des solutions qui vont améliorer la mobilité citoyenne sur le territoire, alors on ne peut pas prendre position pour une seule entreprise, parce qu’il faut permettre aux entreprises qui le souhaitent d’avoir accès aux liaisons
, précise-t-il.
M. Montigny promet toutefois de se pencher sur la question de l’efficacité du PAAR. Une rencontre à ce sujet est prévue mardi avec le comité sur le transport aérien de l’Union des municipalités du Québec (UMQ).
La députée de Rimouski et ministre responsable du Bas-Saint-Laurent et de la région Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Maïté Blanchette Vézina qualifie l’absence de liaisons directes entre Montréal et Mont-Joli de situation regrettable
et s’en remet à son collègue Yves Montigny quant à la gestion de ce dossier.
Notre gouvernement continuera de mettre en place des mesures afin d’inciter les entreprises à offrir aux Québécois des moyens de se rendre en région
, a-t-elle mentionné dans une déclaration écrite.
Montréal–Mont-Joli : une question d’offre et de demande
L’offre et la demande auraient poussé PAL Airlines à modifier la liaison aérienne entre Montréal et Mont-Joli, selon le vice-président aux opérations commerciales pour le Québec de PAL Airlines, Alain Boudreau.
Depuis le mois de novembre, les liens aériens directs entre les deux villes n’existent plus. Les passagers doivent faire des arrêts, notamment à Wabush plus au nord, près de Fermont, ce qui rallonge le trajet de quelques heures.
M. Boudreau refuse de préciser si la desserte était rentable ou non pour des raisons stratégiques pour l’entreprise. Le dirigeant de PAL Airlines ajoute qu’il y a régulièrement des modifications aux horaires. Il n’exclut pas que les vols directs entre Mont-Joli et Montréal soient rétablis.
On fait des ajustements de façon proactive à notre horaire pour jumeler la capacité de l’offre à la demande qu’on voit dans les régions
, indique-t-il.
M. Boudreau n’a quant à lui pas voulu commenter le PAAR, mais il soutient cependant que le programme est utilisé par sa clientèle.
LA UNE : La question de la pertinence du PAAR a été relancée lorsque les compagnies aériennes ont suspendu les liaisons directes Mont-Joli–Montréal (photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-LUC BLANCHET
PAR Marguerite Morin avec les informations de Jean-François Deschênes.