Transport aérien : « écœurantite » aiguë aux Îles-de-la-Madeleine

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Pour quitter l’archipel, il n’y a pas 1000 solutions, mais seulement 2. C’est soit par bateau, soit par avion. Depuis plusieurs mois, les contretemps se multiplient à un point tel qu’il faut parfois plusieurs jours et débourser des centaines de dollars en surplus pour quitter l’archipel ou y revenir en avion.

C’est pour tenter d’attirer l’attention sur la situation particulière des Madelinots, qui sont dépendants plus que bien des Québécois, d’un système de transport aérien efficace que Céline Cummings veut mobiliser ses concitoyens.

Elle a lancé, cette semaine, une pétition pour demander que le service aérien soit amélioré pour les résidents de l’archipel et que les Madelinots puissent avoir droit à une pleine compensation quand un vol est annulé ou retardé.

En regard des ratés des derniers mois, Céline Cummings considère que cette compensation devrait aussi être rétroactive.

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Pour des raisons professionnelles, Mme Cummings, qui travaille dans le réseau de la santé, voyage beaucoup. Elle ne comprend pas les raisons qui expliquent le si mauvais service offert aux habitants dans l’archipel. Je travaille avec le Nunavik, il y a des compagnies aériennes qui s’envolent chaque jour dans des conditions encore plus extrêmes que celles qu’on retrouve aux Îles-de-la-Madeleine.

En décembre dernier, il lui a fallu trois jours de voyage en avion pour quitter les îles et trois autres jours pour y retourner. J’ai passé trois jours à me promener avec des valises dans les mains parce que c’était reporté toutes les deux heures et finalement annulé.

Elle raconte que pire, en janvier, il lui a fallu cinq jours pour faire le vol Cap-aux-Meules/Montréal. Ma semaine de réservation que j’avais à Montréal, je l’ai perdue, mais j’ai dû la payer. La compagnie aérienne a refusé de la rembourser.

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Pour elle, la pétition met en lumière un état d’exaspération collectif. C’est mon histoire, mais c’est l’histoire de centaines de Madelinots qui vivent des situations similaires, sinon pires que la mienne. On a tous des histoires abracadabrantes.

Un exemple parmi d’autres

Le conseiller financier, Jean-Mathieu Poirier, en sait quelque chose. Sa publication, qui a fait le tour des réseaux sociaux madelinots, la semaine dernière, illustre bien tous les aléas vécus par un Madelinot qui se risque à partir en avion.

M. Poirier, qui devait se rendre à Banff pour un congrès, a vu tous ses vols reportés, modifiés ou carrément annulés avec des offres de remplacement aux coûts parfois exorbitants. Chaque modification avait un impact sur le vol suivant qu’il devait prendre, ses possibilités d’hébergement et de transport.

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Le récit est étourdissant, sa conclusion illustre l’ensemble des problèmes vécus par de nombreux voyageurs locaux. Quand j’ai pris l’avion au moment de partir des îles, j’avais une voiture réservée dont je n’avais plus besoin, un hôtel que j’avais annulé et dont, j’avais maintenant besoin de nouveau. Et j’avais un vol que j’avais déplacé dont finalement je n’avais plus besoin.

Il est devenu compliqué, selon lui, lors d’un voyage en avion de voir plus loin qu’une heure à la fois.

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Effectivement, les vols ne sont pas seulement annulés une journée, observe Mme Cummings. jours, une semaine d’annulation. Les gens avaient des rendez-vous médicaux, des correspondances pour l’étranger, tout ça tombe à l’eau","text":"C’est parfois 2,3,4,5jours, une semaine d’annulation. Les gens avaient des rendez-vous médicaux, des correspondances pour l’étranger, tout ça tombe à l’eau"}}">C’est parfois 2,3,4,5 jours, une semaine d’annulation. Les gens avaient des rendez-vous médicaux, des correspondances pour l’étranger, tout ça tombe à l’eau, illustre la Madelinienne.

Une pétition à l’Assemblée nationale

Sa pétition a été parrainée par le député des Îles et porte-parole en matière de transport au Parti québécois, Joël Arseneau, qui l’a déposée sur le site de l’Assemblée nationale. Plus de 1500 personnes l’avaient déjà signée, deux jours plus tard.

Cet intérêt en un si court laps de temps démontre l’importance du problème dans l’archipel, estime M. Arseneau.

Le député juge que la situation du transport aérien n’a jamais été aussi pire ni aussi catastrophique dans l’ensemble des régions. Mais, ça prend une dimension vraiment cruciale pour l’archipel des Îles-de-la-Madeleine.

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Ces annulations et les modifications de vols, quasi quotidiennes, créent de plus en plus d’incertitudes, renchérit le député des Îles.

Appelé lui-même à voyager souvent, le député estime qu’il y a un problème avec son itinéraire de vol au moins trois fois sur quatreOn tient pour acquis que si on a un vol pour le jeudi, on peut partir le jeudi, le vendredi ou le samedi, et qu’il faut s’y préparer mentalement.

Souvent maintenant, il lui arrive de demeurer à Québec afin de ne pas perdre de précieuses journées de travail dans une interminable attente à l’aéroport. Ce n’est pas tout le monde qui peut le faire ou qui peut vivre avec l’incertitude, relève Joël Arseneau.

Une facture salée

Et ces sagas coûtent cher aux Madelinots. Ça entraîne, dit-il, des coûts de location de véhicules, ça entraîne des coûts d’hébergement, que ce soit à l’aller ou même au retour lorsqu’on est pris quelque part entre Montréal, Saint-Hubert. 

Ce sont des milliers en dépenses inutiles que perdent les Madelinots en raison du mauvais service aérien, calcule Céline Cummings.

Les démarches pour obtenir des remboursements sont longues et ne sont pas à la portée de ceux qui sont moins habiles avec les communications numériques. Les gens se découragent un peu de le faire , observe M. Arseneau.

Céline Cummings relève pour sa part qu’avec l’inflation, les compensations, remboursements d’hôtel ou de repas, sont devenues insuffisantes pour couvrir les véritables frais de repas ou d’hôtel.

De plus, les compagnies aériennes ne remboursent pas toujours les usagers ou vont demander des suppléments pour modifier ou annuler un billet, rapporte le député.

Les transporteurs, indique M. Arseneau, peuvent se soustraire à l’application de la charte fédérale des voyageurs, notamment lorsque les retards ou les annulations sont dus à l’entretien de l’appareil ou à des raisons de sécurité.

Mme Cummings confirme qu’il est plus difficile cette année de réclamer des compensations puisque beaucoup de reports sont dus à des bris mécaniques D’entrée de jeu, dit-elle, on n’est plus admissible aux indemnisations auxquelles normalement le passager devrait avoir droit. 

C’est dans leur description de tâches d’avoir des appareils qui fonctionnent, qui sont sécuritaires, puis de respecter évidemment l’engagement qu’ils ont lorsqu’ils vendent des billets de maintenir leurs horaires , s’insurge le député.

Les gens avec des rendez-vous médicaux, souligne-t-il, n’ont pas de choix et vont souvent quitter l’archipel plusieurs jours avant leur rencontre médicale.

Le CISSS, dit-il, ne rembourse que deux jours de voyage. $ de 600$ qui ne seront pas remboursées ni par la compagnie aérienne ni par le CISSS ","text":"Il y a des gens qui n’ont pas d’argent et qui voient des factures de 500$ de 600$ qui ne seront pas remboursées ni par la compagnie aérienne ni par le CISSS "}}">Il y a des gens qui n’ont pas d’argent et qui voient des factures de 500 $ de 600 $ qui ne seront pas remboursées ni par la compagnie aérienne ni par le CISSS , constate Joël Arseneau.

Pour le député, ces coûts augmentent encore plus le degré d’anxiété de gens déjà stressés par la maladie et le voyage. Mais, ajoute-t-il, ce ne sont pas nécessairement des compensations que les Madelinots demandent, mais un service aérien fiable.

Des solutions à court terme?

En Chambre, cette semaine, le député a interpellé la ministre responsable, Geneviève Guilbeault, citant le cas d’un médecin spécialiste qui quittera l’archipel, après sept ans, en raison du manque de fiabilité du transport aérien.

La ministre a indiqué qu’elle souhaite attendre la fin des programmes actuels en 2024. On va trouver les solutions pour améliorer la prochaine version , at-elle assuré. Pour M. Arseneau, le gouvernement doit proposer autre chose que de prendre acte de la situation et attendre 2024 pour apporter des solutions.

Les solutions doivent venir plus rapidement, selon lui. Il rappelle qu’avant de lancer sa politique de billets à 500 $, plusieurs propositions étaient sur la table et qu’il serait peut-être temps d’en envisager d’autres. Il [le gouvernement] n’a demandé aucun effort de la part des transporteurs. Il n’y a aucune exigence de maintenir un service fiable, d’augmenter les fréquences. 

Ce n’est pas une solution valable non plus pour Céline Cummings : $ à côté pour prendre un vol à 500$, ça n’a pas de sens. ","text":"S’il faut en dépenser 1500$ à côté pour prendre un vol à 500$, ça n’a pas de sens. "}}">S’il faut en dépenser 1500 $ à côté pour prendre un vol à 500 $, ça n’a pas de sens. 

Céline Cummings considère que sa pétition, qu’elle a aussi distribuée dans l’archipel, comme une première démarche. J’espère que la population va se mobiliser parce qu’on est tous, on est tous concernés par ça. J’ose espérer que ces actions réussiront à se rendre aux bonnes personnes, puis que quelqu’un quelque part va s’en occuper. 

Plus pessimiste, Jean-Mathieu Poirier croit que les Madelinots devront prendre leur mal en patience.

Il estime qu’il faudra une réflexion profonde sur la restructuration du transport aérien en région afin qu’elle touche autant le transport des malades que celui des passagers, du courrier et des marchandises. De mon côté, j’ai encore plusieurs déplacements prévus dans les prochains mois, donc je serai aux premières loges pour assister à l’évolution ou à la régression des problèmes. 

LA UNE : Un avion du transporteur aérien Pascan est sur le tarmac de l’aéroport des Îles-de-la-Madeleine. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE
PAR Joane Bérubé