L’entreprise insulaire Bait Masters a suspendu sa production d’appâts à base de phoque après que des soucis concernant des représailles du marché américain eurent été soulevés par des membres de l’industrie de la pêche et par Pêches et Océans.
Pour Mark Prevost, copropriétaire de Bait Masters, à Nine Mile Creek, la suspension de la production de son appât à base de phoque était nécessaire pour protéger l’industrie de la pêche de l’île.
La société Bait Masters a commencé à produire ces saucisses-appâts composées de poissons et de viande de phoque en avril 2021, mais elle a dû mettre un terme à leur fabrication.

Alors que le moratoire sur la pêche au maquereau et au hareng, traditionnellement utilisé comme appât dans la pêche au homard et au crabe, est toujours en vigueur au Canada, l’appât à base de phoque pourrait être une solution de rechange.
Nous ne voulons pas nuire à l’industrie du homard ou du crabe
, dit Mark Prevost en justifiant sa décision d’arrêter la production.
La loi américaine sur la protection des mammifères marins interdit la chasse de ces animaux, dont les phoques, ainsi que l’utilisation de ceux-ci dans la production d’appâts.
L’industrie de la pêche préoccupée
L’Association des pêcheurs de l’île a déclaré dans un courriel que l’organisme avait des inquiétudes quant à la production de cet appât, car environ 80 % du homard pêché à l’île est exporté vers les États-Unis.
Nous sommes heureux que ce produit ne soit plus fabriqué ou testé pour être utilisé à l’Île-du-Prince-Édouard
, a indiqué l’association dans un communiqué.
L’organisme a tenu une réunion avec le ministère de Pêches et Océans et avec le ministère provincial des Pêches afin de comprendre les conséquences de la loi américaine sur la pêche insulaire.
Dans le cas présent, l’Association a voulu s’assurer que toutes les parties prenantes étaient conscientes des implications d’un tel produit, car la pêche au homard est un moteur économique essentiel dans cette province
, peut-on lire.
Les chasseurs de phoque déçus
Le directeur de l’Association des chasseurs de phoques Intra Québec aux Îles-de-la-Madeleine, Gil Thériault, se dit déçu, mais pas surpris de l’arrêt de la production de cet appât.
Chaque fois qu’on amène des idées pour faire progresser l’industrie du phoque, on retrouve toujours de la résistance
, dit le directeur de l’association.
Selon lui, la fabrication de cet appât représenterait une possibilité de créer davantage d’emplois pour les chasseurs de phoques de la région.
Ça aurait été la façon idéale pour relancer l’industrie, c’est-à-dire qu’on aurait pu former des chasseurs rapidement à l’abattage et à la manutention ainsi que desservir ce marché
, ajoute le directeur de l’Association.
Gil Thériault reproche à Pêches et Océans de ne pas se battre pour protéger la pêche canadienne face aux représailles des Américains.
C’est de l’ingérence étrangère. C’est exactement ce que font les États-Unis dans ce dossier-là
, ajoute-t-il.
LA UNE : L’équipement de l’entreprise Bait Masters, à Nine Mile Creek, à l’Île-du-Prince-Édouard, peut produire jusqu’à 40 appâts par minute. (Photo d’archives). PHOTO : CBC/KIRK PENNELL
PAR Gabrielle Drumond avec des informations de Nancy Russell, de CBC