Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Îles demande aux autorités responsables du réseau routier de prioriser la construction de voies cyclables et piétonnes sécuritaires sur l’archipel.
À l’initiative du comité de développement durable du CISSS, le conseil d’administration a adopté une résolution, lundi soir, pour inviter la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine et le ministère des Transports et de la Mobilité durable à faire de l’aménagement de corridors de transport actif une priorité à court terme.
L’établissement soutient, statistiques à l’appui, que les déplacements en vélo réduisent les risques de mortalité précoce et l’apparition de plusieurs maladies, tout en diminuant la circulation automobile.
Un sondage interne effectué en mai auprès de 63 employés du CISSS des Îles révèle que 75 % des répondants aimeraient faire davantage de vélo pour se rendre au travail et 92 % de ceux-ci veulent un réseau cyclable plus sécuritaire.
Le directeur des services administratifs et membre du comité de développement durable du CISSS des Îles, Claude Cyr, estime que la résolution adoptée par le conseil d’administration n’est pas anodine.
Nos employés considèrent que l’aménagement de pistes cyclables est attractif et nécessaire pour favoriser le transport à vélo
, ajoute-t-il.
M. Cyr croit également que les Îles-de-la-Madeleine sont particulièrement propices au développement d’un réseau destiné au transport actif puisqu’une importante proportion de la population insulaire réside dans un petit périmètre.
Ce n’est pas comme si la plupart des gens avaient 50 kilomètres à faire pour aller travailler sur l’île centrale
, explique-t-il. Si on demeure à Cap-aux-Meules, à Fatima, à L’Étang-du-Nord, même à Havre-aux-Maisons, on parle de cinq, six ou sept kilomètres. Ça se fait très bien à vélo.
La présidente-directrice générale du CISSS des Îles, Sophie Doucet, estime que l’aménagement de corridors cyclables et pédestres encouragerait les saines habitudes de vie, tout en améliorant la qualité de l’environnement.
De plus en plus, les établissements de santé développent des mesures plus proactives en développement durable parce que c’est intimement lié à notre mission
, souligne-t-elle.
La Municipalité favorable, mais à quel prix?
Appelé à commenter la demande du CISSS des Îles, le maire des Îles-de-la-Madeleine, Antonin Valiquette, réagit positivement. Il affirme qu’il s’agit d’une priorité reconnue
par la Municipalité.
M. Valiquette souligne toutefois qu’il s’agit d’un projet ambitieux qui requiert d’importants investissements.
Dans le contexte économique, c’est une chose à laquelle il faut réfléchir très attentivement. On n’a pas les marges de manœuvre qu’on a déjà eues dans le passé en matière de développement
, ajoute le maire.
Malgré plusieurs contraintes financières, physiques et de logistiques
, Antonin Valiquette affirme que la Municipalité est capable de faire un bout dans ce sens-là à moyen long terme
.
Le maire souligne que le transport actif a été identifié comme un besoin prioritaire dans le cadre de nombreuses consultations publiques menées dans les dernières années.
Le directeur des services administratifs du CISSS des Îles appelle la Municipalité à considérer le développement de corridors destinés au transport actif comme un investissement et non comme une dépense
.
On pense qu’en termes de ratio coûts-bénéfices, ce sont des actions qui sont porteuses. C’est vraiment un investissement long terme dans un principe de développement durable
, croit M. Cyr.
D’autres appels à l’action entendus récemment
En août 2022, un comité citoyen qui s’est depuis affilié avec l’Association madelinienne pour la sécurité énergétique et environnementale (AMSÉE) a demandé à la Municipalité des Îles de faire pression sur Hydro-Québec afin qu’un réseau de sentiers cyclables soit mis en place dans le cadre de la reconstruction prochaine d’une ligne de transport d’électricité.
La Municipalité des Îles-de-la-Madeleine s’était alors montrée prudente sur les ressources qu’elle déploiera pour épauler l’initiative citoyenne. Le maire intérimaire, Gaétan Richard, avait souligné que le projet de pistes cyclables ne figurait pas parmi les projets prioritaires inscrits au programme triennal d’immobilisations d’ici 2024.
Questionné sur cette déclaration, Antonin Valiquette nuance. On parle de projet où on doit avoir des partenariats avec Hydro-Québec ou le ministère des Transports, donc ça serait extrêmement présomptueux de mettre ça dans le programme triennal d’immobilisations, alors qu’on n’a pas d’entente signée avec eux.
Le 13 décembre 2022, l’AMSÉE a déposé une pétition de 1300 signatures auprès du conseil municipal, d’Hydro-Québec et du député madelinot pour dénoncer l’état actuel du réseau cyclable et demander leur collaboration pour le développement d’un réseau de sentiers cyclables sécuritaires sur l’archipel.
De plus, durant les élections municipales partielles tenues cet hiver, l’AMSÉE a demandé aux candidats à la mairie de faire connaître leurs intentions en matière de transport actif, tout en dévoilant ses propres attentes.
LA UNE : Actuellement, il existe seulement quelques petits tronçons cyclables séparés de la voie carrossable, sur l’île centrale, ce qui force les cyclistes à rouler à proximité des voitures. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE
PAR Isabelle Larose