C’est à contrecœur qu’Andréanne Cyr Wright et son conjoint Guillaume Brochu ont décidé de quitter les Îles-de-la-Madeleine pour s’installer en Gaspésie. Raison de leur départ? L’absence d’espoir de trouver une garderie pour leurs enfants.
Le couple de néo-Madelinots se voyait pourtant élever leurs enfants dans leur grande maison de Pointe-aux-Loups.
On avait décidé de s’établir aux Îles ensemble pour fonder une famille et avoir des emplois ici
, explique Andréanne Cyr Wright. J’étais aux Îles depuis quatre ans et mon conjoint depuis neuf ans.
Toutefois, le couple n’a pas trouvé de garderie pour Laurier, leur bambin de 17 mois, tandis qu’un deuxième bébé naîtra cet hiver. La situation a forcé le père de famille de quitter son rôle d’entrepreneur pour devenir papa à la maison.
En mars, je suis tombée enceinte de mon deuxième enfant ce qui rajoute de la pression
, explique Mme Cyr Wright. CPE mais l’appel n’est pas venu.","text":"On attendait peut-être un appel d’un milieu familial ou d’un CPE mais l’appel n’est pas venu."}}">On attendait peut-être un appel d’un milieu familial ou d’un CPE mais l’appel n’est pas venu.
Le couple a donc pris la décision déchirante
de s’acheter une maison en Gaspésie, après avoir trouvé une place en garderie à Saint-Alphonse.
Ça a été une décision très rationnelle qui, j’espère, sera la bonne pour notre famille, mais c’est ce que j’appelle un faux choix
, affirme-t-elle, déçue d’avoir été contrainte de partir. C’est difficile de voir que le contexte social ne permet pas de retenir des gens comme nous qui voulaient vivre aux Îles à l’année, s’impliquer dans leur communauté et continuer à promouvoir le développement des Îles.
Andréanne Cyr Wright mentionne que son cas n’est pas unique. Elle précise connaître de nombreuses autres familles qui ont été forcées de quitter l’archipel, faute de place en garderie pour leurs enfants.
Des parents se mobilisent
Au cours du dernier mois, de nombreux parents se sont alliés pour déplorer le manque de place en garderie et tenter de trouver conjointement des solutions.
Plus de 160 personnes ont adhéré à un groupe Facebook nommé Familles sans garderie aux Îles-de-la-Madeleine créé au début du mois de juin par Marie-Claire Bourdages.
Selon une enquête maison réalisée par le groupe, au moins 122 enfants sont actuellement sans place en milieu de garde dans l’archipel.
Après la tenue d’une rencontre avec le député Joël Arseneau le 20 juin, une trentaine de parents ont marché le 26 juin jusqu’à la mairie afin de sensibiliser les élus à leur situation et remettre des témoignages écrits faisant état du stress vécu par les familles.
Étienne Piché, qui a compilé les témoignages récoltés à travers la page Facebook, s’est dit très touché par le désespoir des parents, particulièrement des femmes qui sont nombreuses à délaisser leur carrière pour prendre soin des enfants.
Ce que je voyais c’est beaucoup de détresse, de dépendance financière des femmes envers leur conjoint, ça amène beaucoup de stress et d’anxiété
, explique le papa d’un bambin de dix mois toujours sans place en garderie.
La charge mentale, qui est déjà grosse quand on est une maman, poursuit M.Piché, devient encore pire quand on doit quitter son emploi et devenir dépendante financièrement de son conjoint.
Selon Étienne Piché, le regroupement de parents vise à donner une visibilité au problème tout en permettant de créer des liens entre les familles sans garderie et de favoriser la socialisation des enfants à travers des activités. D’autres marches ou activités devraient se tenir au cours de l’été pour regrouper les familles sans garderie.
On est tous à bout, mais on recherche des solutions
, explique M. Piché. On veut faire partie des pistes de solutions à très court terme. Les mamans sont à bout et elles ne sont souvent pas incluses dans les solutions à apporter, autant au niveau provincial que municipal.
Le groupe demande des actions concrètes à court terme pour aider les parents, notamment le prêt de locaux qui leur permettrait de s’entraider pour garder plusieurs enfants à la fois et la mise en place de primes d’éloignements pour les éducatrices qui travaillent aux Îles-de-la-Madeleine.
Un problème complexe
Le maire des Îles-de-la-Madelein se dit à l’écoute de ce groupe de parents et affirme que toutes les idées pour améliorer la situation sont bienvenues. Il n’y a pas d’option qu’on peut se permettre d’écarter, à ce stade-ci, du revers de la main
, affirme Antonin Valiquette.
M. Valiquette affirme déjà qu’il prévoit rencontrer le député madelinot Joël Arseneau afin qu’ils ciblent ensemble des pistes de solution et qu’ils interpellent le gouvernement du Québec.
Le maire admet que la situation est complexe, car le problème de manque de places en garderie est multifactoriel.
Le maire poursuit en précisant que le manque de main-d’œuvre est lié au manque de logements. C’est une roue qui tourne. On essaie de dénouer cette impasse en attaquant un de ces trois points. Ça passe par la création de logements, par du recrutement de main-d’œuvre.
Au CPE Chez ma tante, 47 des 107 places en installation ne sont actuellement pas disponibles pour les enfants, faute d’éducatrices. La direction a même effectué une mission de recrutement au Maroc pour tenter d’attirer de la main-d’œuvre étrangère. Trois éducatrices se disent prêtes à déménager aux Îles pour y travailler, mais elles n’ont pas encore trouvé de logement.
Par ailleurs, à la fin juillet, environ 70 des 167 places autorisées en milieu familial dans l’archipel ne seront pas accessibles faute de responsables de garde. Deux milieux de garde ont récemment annoncé leur fermeture prochaine.
En vacances, le député des Îles-de-la-Madeleine Joël Arseneau n’était pas disponible pour commenter le dossier.
LA UNE : Andréanne Cyr Wright et sa famille quitteront bientôt l’archipel pour s’installer en Gaspésie où elle a trouvé une place en service de garde pour son petit Laurier aujourd’hui âgé de 17 mois. PHOTO : GRACIEUSETÉ D’ANDRÉANNE CYR WRIGHT
PAR Isabelle Larose