C’était il y a 40 ans : à la session d’automne 1983, le campus collégial des Îles-de-la-Madeleine a accueilli ses premiers étudiants. Les Madelinots, qui n’avaient auparavant d’autre choix que de s’exiler pour poursuivre leurs études, avaient enfin accès à de l’enseignement supérieur dans l’archipel.
Le tout premier directeur de l’établissement, Reynald Déraspe, se souvient très bien des débuts de cette aventure. C’était vraiment la brousse
, raconte-t-il.
Alors enseignant à la polyvalente des Îles, M. Déraspe est nommé à la tête du campus au courant de l’été 1983. Le début des cours est prévu pour le 22 août.
La commission scolaire des Îles fournit six locaux préfabriqués, qui sont installés à côté de la polyvalente.
Pour créer une vie étudiante, une atmosphère collégiale, on avait choisi un des locaux, qu’on a gardé pour un café étudiant et des activités étudiantes
, souligne Reynald Déraspe.
L’ancien directeur du campus collégial des Îles ajoute qu’un autre local servait de salle d’informatique et de salle des enseignants et un autre de bureaux pour la direction et l’aide pédagogique.
Il restait trois locaux de classe. On avait mis l’horaire de midi à 20 h, et on avait négocié avec la commission scolaire : après la fin des cours au secondaire, vers 15 h 30, on pouvait commencer à donner des cours chez eux. Ils nous prêtaient d’autres locaux
, se rappelle l’ancien directeur.
Des enseignants madelinots fraîchement diplômés, qui avaient quitté l’archipel pour leurs études, décident d’y revenir pour se joindre à l’équipe de Cégep. C’est comme ça qu’on est parti avec un groupe de jeunes enseignants avec peu d’expérience, mais beaucoup de conviction qu’il fallait développer cette institution-là
, affirme Reynald Déraspe.
En août 1983, alors que l’objectif était d’atteindre une cinquantaine d’inscriptions, selon M. Déraspe, ce sont 82 étudiants qui font leur entrée au campus des Îles-de-la-Madeleine du Cégep de la Gaspésie et des Îles. À la session suivante, en janvier 1984, ils sont près de 120.
Dans les mois suivants, des travaux d’agrandissement et d’aménagement du campus sont rapidement entamés pour ajouter, notamment, une bibliothèque et des salles de classe supplémentaires.
« Le milieu a besoin de ses jeunes »
Dans les 40 dernières années, le campus des Îles-de-la-Madeleine a permis à de nombreux Madelinots de rester plus longtemps sur les bancs de l’école, selon l’ancien député et ministre péquiste Maxime Arseneau. Avant de se lancer en politique, M. Arseneau a été enseignant en histoire, puis directeur de la formation continue au Cégep de la Gaspésie et des Îles, de 1988 à 1998.
La situation était épouvantable pour les Madelinots
, dit-il. Ceux qui avaient de l’aisance ou qui avaient des finances pouvaient très bien se permettre d’aller à l’extérieur, parce qu’ils risquaient de terminer des études. Mais tous ceux qui étaient incertains ou qui n’avaient pas les moyens ne pouvaient pas mener des études postsecondaires.
Au-delà de l’accès à l’enseignement supérieur, Reynald Déraspe considère que la présence du campus aux Îles-de-la-Madeleine a grandement contribué au développement de l’archipel.
Si on voulait que l’avenir des Îles soit meilleur, il fallait intéresser notre jeunesse à vouloir revenir s’impliquer pour développer notre milieu
, soutient l’ancien directeur de l’établissement. Et une bonne façon d’y arriver, c’est de les garder un peu plus longtemps et que devenus jeunes adultes, ils voient les défis du milieu et voient comment eux, ils peuvent être utiles, et qu’ils soient intéressés à y revenir.
M. Déraspe ajoute qu’en évitant que certains étudiants quittent l’archipel pour poursuivre leurs études collégiales ailleurs, cela contribue au dynamisme de la société madelinienne. Le milieu a besoin de ses jeunes
, affirme-t-il.
C’est une tranche de la population qui participe à la vie économique, qui va dans les activités culturelles et sportives, et quand on ne les a pas, c’est vraiment quelque chose d’important qui nous manque
, précise-t-il.
L’effet Denise Leblanc
Maxime Arseneau et Reynald Déraspe soulignent tous les deux le rôle de la députée des Îles-de-la-Madeleine de l’époque, Denise Leblanc, dans la création du campus.
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, affirme M. Arseneau.
En 1983, Mme Leblanc était ministre de la Fonction publique dans le cabinet de René Lévesque.
Le premier ministre avait annoncé, cette année-là, la mise en place de quatre dessertes collégiales en milieux éloignés.
Reynald Déraspe croit que la présence de Denise Leblanc au sein du Conseil des ministres a joué un rôle dans le choix des Îles pour accueillir un de ces nouveaux campus.
Les municipalités d’Amos, de Chibougamau et de Mont-Laurier ont également obtenu leur campus collégial en 1983.
Quarante ans plus tard, le Cégep de la Gaspésie et des Îles est tourné vers l’avenir. Environ 125 étudiants fréquentent le campus des Îles-de-la-Madeleine chaque année et des formations à distance sont également offertes par l’établissement d’enseignement.
LA UNE : Le campus des Îles-de-la-Madeleine du Cégep de la Gaspésie et des Îles célèbre ses 40 ans en 2023. PHOTO : CÉGEP DE LA GASPÉSIE ET DES ÎLES
PAR Michaële Perron-Langlais