Phoque : de la transformation commerciale sur le continent sous peu?

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La viande de phoque, pour l’instant transformée de façon commerciale dans une seule boucherie des Îles-de-la-Madeleine, pourrait-elle l’être prochainement dans des usines du continent qui se consacrent aux produits de la mer? C’est du moins ce qu’espèrent l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec et le musée scientifique gaspésien Exploramer, à l’origine de la certification Fourchette bleue.

On est en discussions en ce moment pour essayer d’amener de nouvelles usines à aller vers la transformation du phoque, lance d’emblée la directrice générale d’Exploramer, Sandra Gauthier. La gestionnaire constate d’ailleurs une belle ouverture de la part du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) pour faire évoluer ce dossier-là.

On parle d’augmenter la performance de certaines usines. En faisant de la transformation de viande de phoque en hiver, ça permet de pérenniser des usines de poissons. Ça permet de démocratiser l’accès à cette viande-là, ajoute Mme Gauthier.

Capture d’écran, le 2023-11-20 à 19.36.59

Mme Gauthier rappelle que le phoque se veut une ressource abondante qui porte atteinte à minimum huit stocks de poissons. Elle estime ainsi que la province aurait tout à gagner, dans une optique de développement durable, à faciliter sa consommation.

Capture d’écran, le 2023-11-20 à 19.37.07

Gil Thériault, directeur de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec, estime que démocratisation ne peut pas rimer avec monopole. Il croit aussi que de disposer d’installations en mesure de transformer la viande de phoque sur le continent serait fort utile, le transport du produit constituant une importante barrière à sa consommation.

Le produit arrive là-bas et il est encore plus cher alors que c’est déjà, quand même, un produit de luxe, un produit de niche, constate-t-il.

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M. Thériault précise par exemple que des escouades de chasse sont déjà bien présentes sur la Côte-Nord, où circulent d’ailleurs des recettes à base de phoque. Il explique qu’il n’est pas non plus intéressant pour ces chasseurs nord-côtiers de faire transformer leur viande sur l’archipel.

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Pour que ce projet puisse voir le jour, il sera toutefois nécessaire, précise-t-il, de former les chasseurs et de veiller à l’obtention des permis nécessaires aux activités des usines participantes. Il y a beaucoup d’étapes qui se dessinent à l’horizon, admet Gil Thériault.

Alors que l’idée est déjà discutée depuis plusieurs années, M. Thériault espère que cette transformation débutera dès la prochaine saison de chasse. Selon moi, ça va quand même prendre quelques années avant que les rouages soient bien huilés. Moi, je mettrais ça sur un horizon de trois ans, nuance-t-il, précisant que les saisons sont courtes.

Seul dans le décor

La Boucherie spécialisée Côte à Côte est pour l’instant la seule au Québec à transformer le loup marin. L’un de ses copropriétaires, Réjean Vigneau, s’évertue d’ailleurs à ce que ce produit emblématique de l’archipel se retrouve de plus en plus dans les assiettes des Québécois.

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Le boucher et chasseur madelinot entrevoit avec enthousiasme l’idée que d’autres transformateurs se joignent à lui. C’est bien. Vraiment, il y a de la place, ajoute M. Vigneau, précisant que son entreprise ne suffit pas à la demande.

Réjean Vigneau met toutefois en garde les entreprises intéressées : le phoque est la viande la plus compliquée à apporter sur le marché. L’homme d’affaires avertit que des embûches sont en effet à prévoir. Si c’était simple, je ne serais pas tout seul dans le décor.

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M. Vigneau précise notamment que les deux ordres de gouvernement n’entrevoient pas, dans leur réglementation, les produits du phoque du même œil. Alors que le fédéral parle de pêche, le provincial y voit plutôt de la chasse. Ainsi, la transformation de cette chaire relève au Québec de l’abattage, alors qu’elle tombe dans la cour, ailleurs au pays, des usines qui traitent le poisson.

On ne peut pas faire ce qu’on veut avec cette viande-là. Tu peux être un héros, mais tu peux devenir très vite un zéro. Il faut être vigilant, avoir de la formation, explique M. Vigneau. Il note également que l’opinion publique alimente de fausses perceptions qui peuvent nuire à cette transformation.

Au moment de publier ces lignes, le MAPAQ n’avait pas donné suite à la demande d’entrevue de Radio-Canada.

LA UNE : Un employé de la boucherie Côte à Côte, à Cap-aux-Meules, prépare de la viande de phoque. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / CBC

PAR Roxanne Langlois