Le projet pilote visant à allonger de quatre semaines les prestations d’assurance-emploi n’est qu’un « pansement », jugent les représentantes d’Action-Chômage.
Le gouvernement du Canada estime que 42 000 travailleurs saisonniers en Atlantique et au Québec sont admissibles à quatre semaines supplémentaires de prestation d’assurance-emploi, dans le cadre d’un projet pilote annoncé en novembre.
Cela représente 5400 travailleurs au Bas-Saint-Laurent et sur la Côte-Nord, et 3400 travailleurs en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine.
Réduire le trou noir
Emploi et Développement social Canada cherche à réduire le trou noir, c’est-à-dire la période sans revenu entre la fin des prestations d’assurance-emploi et le début du travail saisonnier.
Or, Action-Chômage, qui attend une réforme de l’assurance-emploi depuis plusieurs années, y voit plutôt un coup d’épée dans l’eau.
On trouve ça dommage, parce que beaucoup de travailleurs n’ont pas droit à ces quatre semaines supplémentaires
, se désole la directrice générale d’Action-Chômage Côte-Nord, Line Sirois.

Selon Line Sirois, ce projet pilote n’est pas suffisant pour éliminer le trou noir, soit la période sans revenus des prestataires. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / BENOIT JOBIN
Car ce ne sont pas tous les travailleurs saisonniers qui remplissent les conditions nécessaires pour les obtenir.
Pour profiter des quatre semaines du projet pilote, 000saisonniers au Canada, comme ceux qui ont perdu des heures à cause des feux de forêt","text":"Il faut avoir fait trois demandes durant les cinq dernières années, avant le 10 septembre ou après. Ça exclut 20000saisonniers au Canada, comme ceux qui ont perdu des heures à cause des feux de forêt"}}">il faut avoir fait trois demandes durant les cinq dernières années, avant le 10 septembre ou après. Ça exclut 20 000 saisonniers au Canada, comme ceux qui ont perdu des heures à cause des feux de forêt
, explique Mme Sirois.
Le projet pilote laisse aussi dans le néant ceux qui n’ont pas droit du tout aux prestations.
Pour avoir droit aux prestations d’assurance-emploi, les travailleurs doivent avoir cumulé 700 heures sur la Côte-Nord et au Bas-Saint-Laurent. En Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, 560 heures sont nécessaires.
L’activité économique ralentie en été
Cet été, des circonstances incontrôlables, comme des désastres naturels et des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement, ont réduit les heures de travail de plusieurs travailleurs.
On n’a pas eu une très belle année avec les feux, la fermeture du pont Touzel et les pluies. Les gens n’avaient pas accès à leur emploi
, rappelle Line Sirois.
Selon la coordonnatrice du mouvement Action-Chômage Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Nadia Mongeon, la mesure laisse plus de la moitié des travailleurs saisonniers de son secteur sans aide. Elle estime que sa région compte 9000 travailleurs saisonniers au total.

Nadia Mongeon aurait souhaité que la période débute plus tôt. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / MARTIN TOULGOAT
La date de début du programme, le 10 septembre, est elle aussi critiquée. D’autant plus qu’elle est arbitraire, selon la députée de Manicouagan, Marilène Gill.
Elle a été choisie sans penser à l’impact sur les travailleurs. Ils devraient consulter les groupes de défense des droits des chômeurs et cesser de travailler en vase clos
, décrie-t-elle.

Marilène Gill aimerait que son gouvernement présente enfin une réforme de l’assurance-emploi. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA
C’est pourquoi Nadia Mongeon trouve que le projet pilote n’est qu’un semblant de mesure
.
La saison a été écourtée et ceux qui ont terminé au mois d’août ont beaucoup moins d’heures.
Si la date de début avait été fixée un mois plus tôt, plus de travailleurs auraient pu en bénéficier, croit-elle.
La députée Marilène Gill espère que le gouvernement de Justin Trudeau sera à l’écoute de la population qui souhaite voir une réforme de l’assurance-emploi.
Le gouvernement essaie de nous faire oublier qu’il doit faire une réforme, alors que c’est ce dont on a besoin.
Ottawa a investi près de 67 millions de dollars pour ajouter ces quatre semaines supplémentaires.
LA UNE :Le projet pilote touche 5400 travailleurs au Bas-Saint-Laurent et sur la Côte-Nord, et 3400 travailleurs en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine. (Photo d’archives). PHOTO : GRACIEUSETÉ: CORBO