Grave crise du logement en Gaspésie et aux Îles

La Société canadienne d’hypothèque et de logements (SCHL), n’a toujours pas fait connaître son portrait 2023 sur l’accès locatif. Mais selon les données de 2022, le taux de logements inoccupés était particulièrement préoccupant à Gaspé avec 0 %.

Et tous les facteurs sont réunis pour aggraver cette situation, estime le Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. La hausse fulgurante des taux d’intérêt déstabilise encore plus la crise actuelle.

Ambroise Henry est directeur général depuis 10 ans du Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine dont le mandat est d’offrir un soutien logistique à des groupes et organises souhaitant développer des projets de logements communautaires. PHOTO : FACEBOOK

2022, et qui n'ont plus les moyens d'acheter aujourd'hui, donc qui ne libèrent pas leur loyer.","text":"Avec les conditions de financement, le continuum d'habitation est brisé, explique le directeur général de l’organisme, Ambroise Henry. Il y a des gens qui sont en logement qui avaient les moyens d'acheter en2022, et qui n'ont plus les moyens d'acheter aujourd'hui, donc qui ne libèrent pas leur loyer."}}">Avec les conditions de financement, le continuum d’habitation est brisé, explique le directeur général de l’organisme, Ambroise Henry. Il y a des gens qui sont en logement qui avaient les moyens d’acheter en 2022, et qui n’ont plus les moyens d’acheter aujourd’hui, donc qui ne libèrent pas leur loyer.

La pandémie et le fort attrait de la région pour des travailleurs et travailleuses qui voulaient quitter les grands centres n’ont fait qu’amplifier cette crise du logement : en raison de la forte demande pour des loyers, mais aussi pour des maisons, analyse M. Henry.

Je dirais quand un an, le marché immobilier s’est vidé des maisons disponibles à des prix raisonnables et en plus, comme dans la région, le quart de l’offre est composée de logements locatifs, alors que c’est la moitié ailleurs au Québec, ça a fait en sorte qu’on se retrouve avec la situation d’aujourd’hui, ajoute Ambroise Henry.

Des taux d’intérêt qui freinent les promoteurs

Une autre enjeu, c’est que les coûts de construction sont plus élevés de 20 % en Gaspésie et de 60 % aux Îles-de-la-Madeleine par rapport au reste du Québec, selon l’organisme, et ils freinent les promoteurs privés.

Pour les neuf premiers mois de 2023, la SCHL notait une importante diminution des mises en chantier par rapport à l’année précédente, en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, avec essentiellement des constructions de maisons individuelles et non pas de loyers.

Donc, avec les coûts de construction et les taux d’intérêt élevés, le retour sur investissement est pratiquement impossible pour les promoteurs privés.

Un entrepreneur qui lance un projet aujourd’hui risque de charger un loyer entre 1500 et 2000 dollars pour un 4 et 1/2. Et dans le monde communautaire, on ne peut pas augmenter le prix des loyers comme on veut pour répondre à des questions de viabilité. On parle de logements abordables pour des personnes à faibles revenus.

Le Programme d’habitation abordable Québec, qui appuie financièrement des projets de logements locatifs destinés à des ménages à revenu faible ou modeste et à des personnes ayant des besoins particuliers, financera une première tranche de 1000 logements, mais la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord n’ont vu aucun de leurs projets être acceptés, rappelle Ambroise Henry.

unités de logements communautaires supplémentaires.","text":"On attend notre tour, mais notre tour devra venir très rapidement, conclut-il. On a déposé cinq projets pour la Gaspésie et les Îles afin d’avoir 182unités de logements communautaires supplémentaires."}}">On attend notre tour, mais notre tour devra venir très rapidement, conclut-il. On a déposé cinq projets pour la Gaspésie et les Îles afin d’avoir 182 unités de logements communautaires supplémentaires.

La situation est davantage critique à Gaspé, qui connaît un véritable boom économique depuis quelques années, alors que le manque de loyers freine l’arrivée de nouveaux travailleurs.

Selon une étude de la MRC Côte-de-Gaspé datant de 2022, il manque, actuellement, sur le territoire, près de 1000 logements, soit 501 logements pour accueillir de nouveaux travailleurs et 421 loyers adaptés pour les personnes âgées.