Le thème du congrès, ans d’évolution et de révolution","text":"45 ans d’évolution et de révolution"}}">45 ans d’évolution et de révolution
, n’est d’ailleurs pas anodin. Alors que l’industrie voguait sur des eaux relativement paisibles avant la pandémie, les dernières saisons ont amené leur lot de bouleversements.
L’année 2023 a connu des mauvaises surprises, des ralentissements et des inquiétudes.
La valeur au débarquement a été en baisse de 8 % comparativement à la moyenne des cinq dernières années, pour atteindre 352 millions de dollars. Avec des débarquements d’environ 41 500 tonnes, en baisse de 6 %, 2023 a aussi été une année de captures qui a réservé de bonnes, mais aussi de mauvaises surprises.

Le congrès se déroulera au cours des trois prochains jours et se terminera jeudi avec les allocutions de la ministre fédérale des Pêches, Diane Lebouthillier, et du ministre québécois des Pêcheries, André Lamontagne. PHOTO : RADIO-CANADA / JOANE BERUBE
La biomasse se transforme et perturbe directement la trilogie crevette-homard-crabe qui, jusqu’à récemment, pouvait être vue comme le pilier de l’industrie.
Il n’y a plus que le homard sur lequel les industriels peuvent compter. La capture fracasse des records, parallèlement à des prix sur les marchés d’exportation qui continuent de se maintenir.
Quant au crabe, si la ressource est au rendez-vous pour les pêcheurs, le prix est un désastre pour les transformateurs. Après l’envolée des prix postconfinement, l’effondrement du marché en 2022 a continué de faire mal aux transformateurs l’année suivante. Ils ont poursuivi l’écoulement de leur inventaire payé à fort prix.

Des caisses de pattes de crabe des neiges transformé en usine. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / MICHÈLE BRIDEAU
C’est un bel exemple de la dépendance de l’industrie envers les marchés internationaux. Les congressistes auront d’ailleurs droit, cette année, à une conférence sur l’exportation, un classique de l’AQIP, mais aussi sur l’économie circulaire : un bel exemple d’évolution.
Crevette et turbot
Si le déclin de la ressource était en marche depuis quelques années en raison, notamment, de la prédation du sébaste et du réchauffement de l’eau, les captures anémiques de 2023 ont vraiment surpris l’industrie.
Les pêcheurs de crevette ont ramené à quai 38 % du taux de capture autorisé de 14 500 tonnes. Pour les usines, c’est la catastrophe : les débarquements ne sont pas assez importants pour maintenir des quarts de travail, des employés occupant des postes stratégiques partent et une expertise se perd.
L’industrie attend donc avec impatience le plan de match de la ministre fédérale des Pêches, Diane Lebouthillier.
Selon les scientifiques, les stocks de trois des quatre zones de pêche sont dans la zone critique. Le quota de crevettes pour l’ensemble du golfe sera sans doute abaissé de manière radicale, d’après les scénarios présentés à l’automne par le MPO.
Les stocks ne devraient pas s’améliorer avant au minimum cinq ans, ce qui, à terme, obligera les transformateurs à se tourner vers d’autres ressources ou d’autres sources d’approvisionnement, comme la crevette d’importation.
C’est ce qu’ont d’ailleurs fait les nouveaux propriétaires de Marinard, Georges et Bill Sheehan, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé.

L’usine Marinard a été vendue cet automne et transforme maintenant de la crevette importée des pays scandinaves. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / LUC MANUEL SOARES
Les changements majeurs qui ont cours au fond du Saint-Laurent ont aussi eu des conséquences sur la pêche au turbot et les usines qui le transforment. À peine 7,5 % du quota autorisé a été pêché. Pour les usines de transformation de poissons de fond, la situation est pire que pour la crevette.
C’est donc dans le contexte du déclin dramatique de certaines espèces que les congressistes assisteront mercredi à une conférence sur les changements climatiques.
Vers une pêche au sébaste?
Une possible ouverture de la pêche au sébaste est vue comme une mince consolation et une mesure compensatoire, à la fois pour la capture et pour les industriels.
La ministre Lebouthillier a terminé l’année 2023 en indiquant qu’elle avait l’intention d’ouvrir la pêche en 2024. Il serait étonnant que le congrès de l’AQIP soit le théâtre d’une annonce officielle puisque la ministre a déjà indiqué qu’elle préciserait ses intentions à la fin du mois (Nouvelle fenêtre).
Par contre, les propos de la ministre donnent lieu à des hypothèses sur le partage de cette ressource entre les différentes flottilles du Québec comme celle des îles de la Madeleine ou celle des crevettiers, entre le Québec et les autres provinces maritimes, entre pêcheurs côtiers et hauturiers. L’industrie de la crevette et celle du poisson de fond de la Gaspésie ne seront pas seules sur les rangs, loin de là.
Le moratoire, toujours en vigueur pour la pêche au sébaste, est un frein réel à l’investissement. Même si le sujet n’est pas à l’ordre du jour officiel du congrès, il devrait susciter de belles heures de discussions de corridor, notamment en ce qui concerne les investissements.
Investissements Québec viendra d’ailleurs faire une présentation.
D’autre part, le milieu attend toujours une prolongation du Fonds des pêches. Il reste encore plusieurs millions dans ce fonds, destiné à moderniser l’industrie, dont l’échéance arrive à la fin mars.
Le congrès se termine jeudi soir lors d’un banquet où sont attendus la ministre fédérale des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier, ainsi que le ministre des Pêcheries du Québec, André Lamontagne.
LA UNE : Les mauvaises surprises, les ralentissement et les inquiétudes se sont multipliés en 2023. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE