Changement de garde à l’Association québécoise de l’industrie de la pêche

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Jean-Paul Gagné, qui préside l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) depuis 30 ans, quittera son poste de directeur général à la fin de l’année.

Son successeur est déjà trouvé. Michel Paradis, qui a travaillé comme consultant et pour divers cabinets politiques, doit prendre la relève à la fin de l’année. Il a été nommé directeur général adjoint pour les prochains mois, le temps de se familiariser avec les mandats et la tâche.

L’AQIP n’a connu qu’un seul directeur général durant les deux tiers de ses 45 ans d’existence.

Remplacer Jean-Paul Gagné, qui est entré en fonction juste après l’imposition du moratoire sur la pêche à la morue, ne sera pas simple. Ce dernier part alors que l’industrie traverse une des crises les plus importantes depuis l’effondrement des stocks de poissons de fond.

Rencontré en marge du congrès annuel de l’AQIP à Québec, M. Gagné nous a dit se rappeler qu’à l’époque, une seule usine, celle de Newport, a finalement fermé ses portes. Les autres ont survécu et se sont reconverties. Il n’y a personne qui se décourage. Je n’ai jamais vu quelqu’un de découragé dans les pêches. Ils ont décidé de faire d’autres choses à ce moment-là, raconte Jean-Paul Gagné. Si on a pu bâtir, c’est qu’on a travaillé ensemble, on s’est rassemblé.

Un mandat plus complexe

La transition s’effectue a un moment charnière pour l’industrie, qui est aux premières loges des changements climatiques et des bouleversements du commerce mondial.

Les tâches et les dossiers se sont complexifiés et multipliés. Il est loin, le temps où la principale tâche était de négocier les plans conjoints sur les prix au débarquement avec les représentants des pêcheurs.

Négocier des prix c’est une chose, mais se concerter pour faire face à l’avenir en est une autre.

Une citation deJean-Paul Gagné, directeur général de l’AQIP

Le dauphin de Jean-Paul Gagné se dit emballé par les défis qui l’attendent.

On ne remplace pas monsieur Gagné, on lui succède. Donc, dans ce contexte-là, j’hérite d’une organisation qui a une très, très grande renommée. J’ai même entendu parler de commentaires d’autres provinces en Atlantique qui sont jalouses un peu de constater à quel point, comme organisation, on a réussi à se structurer, à s’organiser, commente Michel Paradis.

Michel Paradis assis dans un fauteuil.

Michel Paradis a travaillé comme consultant et pour plusieurs cabinets politiques. PHOTO : RADIO-CANADA

Le prochain directeur de l’AQIP croit aussi que l’industrie québécoise des pêches mérite plus de considération. Il rappelle que l’industrie de la pêche représente 1,3 milliard du PIB du Québec. Je tiens vraiment à mettre ça de l’avant auprès de certains intervenants. On a un rôle important à jouer, estime M. Paradis.

Ce rôle, il devra d’abord le faire valoir auprès du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). Jean-Paul Gagné rappelle que les pêcheries occupent toujours une place encore bien circonscrite au sein du ministère.

L’AQIP a vainement tenté de convaincre le gouvernement Legault de créer un ministère délégué aux Pêches lors de la formation du dernier Cabinet.

La relance de la pêche au sébaste et le déclin de la crevette étaient des problèmes qui s’annonçaient. On voyait ce qui s’en venait tranquillement. Bon, on n’a pas eu notre ministre délégué aux Pêches, on en a eu un adjoint gouvernemental, déplore M. Gagné qui s’interroge toujours sur le rôle d’un adjoint gouvernemental.

Il souligne d’ailleurs qu’il n’a toujours pas eu de rencontre avec le député de Gaspé et adjoint gouvernemental aux pêches, Stéphane Sainte-Croix, depuis sa nominationJe l’ai invité à une rencontre au début, au moment de sa nomination, raconte Jean-Paul Gagné. Je l’ai vu une fois par hasard à Percé quand on a eu notre réunion pour le problème de la crevette, il était présent, mais on n’a pas eu de discussion sur ce qui se passe dans la pêche.

Des attentes envers le MPO

Le congrès annuel de l’AQIP se termine traditionnellement par un discours du ministre des Pêcheries du Québec et de son homologue fédérale ou son représentant.

Cette année, la visite de la ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier, se déroule dans un contexte particulier. L’industrie québécoise attend des décisions notamment quant à l’attribution des quotas de crevette pour la prochaine saison et à éventuel plan d’aide pour la capture.

Lors de la réunion du comité consultatif l’automne dernier, l’industrie a demandé que les quotas soient établis selon les prises effectuées en 2023. Il est toutefois fort probable, estime Jean-Paul Gagné, que la ministre suive les avis scientifiques et annonce des baisses importantes.

Pour Jean-Paul Gagné, ces temps difficiles qui s’amorcent amèneront possiblement les usines à investir dans une transformation plus perfectionnée. Ça va prendre, dit-il, de l’investissement, on est rendu là, ça va forcer l’investissement.

Améliorer la gestion des plans conjoints et convaincre le ministère des Pêcheries de revoir sa politique de délivrance des permis de transformation ne sont que deux des dossiers dont héritera Michel Paradis.

L’AQIP devra aussi continuer à assurer la résilience de l’écosystème industriel et à en conserver la rentabilité. C’est sans doute pour cette raison qu’une des grandes fiertés de Jean-Paul Gagné est d’avoir obtenu un crédit d’impôt sur la masse salariale. C’est important, ça représente beaucoup d’argent.

Se serrer les coudes

Jean-Paul Gagné estime que depuis 30 ans, les industriels ont appris à se parler et à différencier ce qui était de leur intérêt individuel de leur intérêt commun.

Des gens discutent autour de tables dans une salle.

Pour Jean-Paul Gagné, le congrès annuel a toujours été une occasion pour les industriels de se regrouper et de discuter des enjeux communs. PHOTO : RADIO-CANADA

Il donne en exemple le projet mené par un regroupement d’entreprises pour transformer le sébaste dont la pêche sera relancée cette année.

Cinq usines ont présenté un projet pour valoriser l’entièreté du poisson. En plus de la production de filets, les usines pourraient fabriquer de l’huile et des appâts. Aussi, une usine de crevette se dit ouverte à la production de seconde transformation.

Le nouveau venu, Michel Paradis, estime que cette capacité des industriels à se regrouper, même s’ils se font concurrence, sera une force pour traverser la tempête.

3etransformation, à comment faire plus avec une ou avec des ressources qui vont être moindres. C’est à ça qu’on doit faire face. Ça va être une manière aussi pour l’industrie d’aborder les 5,10,15,20prochaines années de manière beaucoup plus solide","text":"On va être en mesure de faire davantage un travail de concertation, amener les gens à aller davantage vers la 2e,3etransformation, à comment faire plus avec une ou avec des ressources qui vont être moindres. C’est à ça qu’on doit faire face. Ça va être une manière aussi pour l’industrie d’aborder les 5,10,15,20prochaines années de manière beaucoup plus solide"}}">On va être en mesure de faire davantage un travail de concertation, amener les gens à aller davantage vers la 2e, 3e transformation, à comment faire plus avec une ou avec des ressources qui vont être moindres. C’est à ça qu’on doit faire face. Ça va être une manière aussi pour l’industrie d’aborder les 5, 10, 15, 20 prochaines années de manière beaucoup plus solide, commente M. Paradis.

J’ai rencontré des chefs d’entreprise qui ont une ouverture d’esprit, qui sont très conscients de ce qui se passe.

Une citation deMichel Paradis, directeur adjoint de l’AQIP

Pour Jean-Paul Gagné, une autre des forces de l’industrie reste sa relève.

Jean-Paul Gagné dans le lobby de l'hôtel Hilton à Québec.

Jean-Paul Gagné quittera ses fonctions en décembre 2024, tandis que Michel Paradis, nommé directeur adjoint, prendra l’année pour se familiariser avec les dossiers. PHOTO : RADIO-CANADA

Le directeur général de l’AQIP indique que selon une enquête récente du MAPAQ, 75 % des usines de transformation pouvaient compter sur une relève pour leurs entreprises. C’est spectaculaire. Avec l’expérience des plus anciens, avec le soutien de la relève, qui a de très bonnes idées, je pense que l’industrie va rester en vie, puis elle va être efficace.

Persévérant, résilient, toujours aussi passionné, Jean-Paul Gagné prendra sa retraite à 81 ans.

LA UNE : Jean-Paul Gagné, à gauche, et Michel Paradis, à droite. PHOTO : RADIO-CANADA / JOANE BÉRUBÉ

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