On s’attend à chasser de 3000 à 4000 phoques, a dit estimer Gil Thériault, directeur de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec, en entrevue au Téléjournal Est-du-Québec. Les bêtes seront transformées à la Boucherie Côte à Côte, la seule de l’archipel.

Gil Thériault, directeur de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE
Les fenêtres de chasse sont minces, il faut qu’il fasse beau plusieurs jours en ligne, qu’on ait de belles conditions, ce qui n’est pas toujours évident à cette période-ci de l’année
, précise-t-il.
Chasser le phoque pour préserver les autres espèces
Pour ce Madelinot, le retour de cette chasse est une réponse cohérente aux bouleversements qui affligent le golfe du Saint-Laurent depuis quelques années.
Il y a une conjoncture d’événements, avec le changement climatique, le réchauffement et l’acidification des eaux, l’oxygène dans l’eau qui manque de plus en plus. Il y a plusieurs facteurs qui font que les stocks de poisson ne vont pas très bien et on sait que la prédation du phoque compte pour beaucoup

Certains secteurs des pêches sont actuellement plongés dans l’incertitude, entre autres, en raison de la chute des prises de crevettes nordiques et des prises de turbots. PHOTO : RADIO-CANADA / LUC MANUEL SOARES
La population totale de phoques gris au Canada est estimée à près de 425 000 individus, selon la dernière analyse de Pêches et Océans Canada.
L’activité permettra donc de répondre à un problème écosystémique
, selon M. Thériault. Si on regarde ce qui se passe au niveau des pêches, ça n’a jamais été aussi fragile
, rappelle-t-il.
De la chasse scientifique à la chasse commerciale
Depuis 2021, les chasseurs pouvaient seulement abattre des phoques sur les berges de la réserve écologique de l’Île Brion, dans le cadre d’une chasse scientifique supervisée par des chercheurs de l’Université Laval.
Ces chasses ont permis de récolter des données probantes sur l’impact de la chasse sur l’Île.

La colonie de phoques gris de l’île Brion, une réserve écologique à 16 kilomètres au nord de Grosse-Île (archives). PHOTO : JONATHAN VIGNEAU
On savait qu’au mois de janvier, alors que tout est gelé, l’impact des chasseurs sur l’écosystème de l’Île Brion serait minime, sinon inexistant, et les quelques données récoltées pendant ces années-là nous ont donné raison
, explique Gil Thériault.
Une chasse controversée
Même si l’engouement est fort aux Îles-de-la-Madeleine, l’opposition à cette chasse demeure vive chez certains activistes, d’après Gil Thériault.
On avait trouvé une solution absolument parfaite pour utiliser le phoque comme appât pour la pêche aux crustacés. C’est la seule pêche qui nous reste, et on n’a plus d’appâts parce qu’on n’a plus d’autres poissons. Et puis on s’est fait dire par le gouvernement canadien que les Américains n’aimeraient pas ça qu’on utilise ça
, relate-t-il en citant les effet de la Marine Mammal Protection Act, une loi américaine.

L’Union européenne interdit le commerce des produits dérivés du phoque depuis 2009, au grand désarroi des chasseurs canadiens qui dénoncent cette réglementation. PHOTO : GRACIEUSETÉ : PAULINE CARRIER
Ce qu’on déplore, c’est que malgré ce dommages à l’écosystème, cette pression-là continue. Elle continue en ayant des impacts […] sur les communautés côtières de l’est du Canada
, conclut M. Thériault.
LA UNE : La population totale de phoques gris au Canada est estimée à près de 425 000 individus, selon la dernière analyse de Pêches et Océans Canada. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA
PAR Emma Guerrero Dufour