QUOI? C’est illégal est illégal d’enlever les portières des Jeep Wrangler et Ford Bronco?

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« Un gars de notre Club de Offroad a reçu une amende l’été dernier parce qu’il avait enlevé les portières de son Jeep Wrangler. Je ne comprends pas le rapport, s’il est possible de les enlever, ça doit être légal! Et plein de monde le fait. Pouvez-vous nous dire si on a le droit ou pas d’enlever nos portières? » – Mathieu Giroux

Réponse

Voilà une question qui risque fort de mettre à l’épreuve tous les amateurs de Jeep Wrangler et de Ford Bronco. Il est certain que tous les propriétaires de ces véhicules se sont posé au moins une fois la question suivante : est-ce légal d’enlever les portières de mon Jeep ou de mon Bronco? Vous serez choqué d’apprendre que c’est en effet illégal de rouler sans les portières sur la voie publique au Québec.

Oui, je sais, c’est choquant. Je me suis moi-même fait prendre au plaisir coupable d’enlever les portières sur des Wrangler et des Bronco d’essai au fil des ans. Tout comme plusieurs d’entre vous, si on m’avait intercepté, j’aurais plaidé l’innocence. Cependant, il y a un principe social qui est très contraignant : nul ne peut ignorer la loi!

C’est écrit où?

C’est simple, c’est écrit dans le Code de la sécurité routière, article 213, Règlement sur les normes de sécurité des véhicules routiers (décret 1483-98), et encore plus précisément l’article 45 qui stipule :

« Les portières de l’habitacle ou toute autre portière qui donne accès à l’extérieur du véhicule routier doivent être solidement fixées, s’enclencher ou être maintenues fermées par un dispositif pneumatique quand elles sont fermées et s’ouvrir sans difficulté de l’intérieur et de l’extérieur quand un mécanisme a été prévu à cet effet ; de plus, aucune charnière ne doit manquer, être fissurée, cassée ou saisie. »

Le jugement

On ne peut plus dire qu’on ignore encore la loi! Non seulement est-ce une loi, mais, depuis 2013, une jurisprudence vise directement le Jeep Wrangler et son utilisation sans portières. Le juge Laverdure, dans la région de Saint-Jérôme, a tranché, et son jugement est sans équivoque : « Le policier a constaté que le défendeur conduisait sur un chemin public un véhicule de marque « Jeep » sans portières. Le Tribunal, en faisant référence à l’article 213 du Code de la sécurité routière, mentionne qu’il y est prévu que tout équipement visé au présent Code doit être tenu constamment en bon état de fonctionnement. Au surplus, l’article 45 du Règlement sur les normes de sécurité des véhicules routiers (décret 1483-98), prévoit que les portières de l’habitacle ou toute autre portière donnant accès à l’extérieur du véhicule doivent être solidement fixées, s’enclencher ou être maintenues fermées par un dispositif pneumatique quand elles sont fermées et s’ouvrir sans difficulté de l’intérieur ou de l’extérieur quand un mécanisme a été prévu à cet effet ; de plus, aucune charnière ne doit être absente, fissurée, cassée ou grippée.

L’article 213 du Code de la sécurité routière traite de l’obligation pour le propriétaire d’un véhicule routier de s’assurer que son véhicule est maintenu en bon état de fonctionnement. L’article 45 du Règlement sur les normes de sécurité des véhicules routiers prévoit que toutes les portières du véhicule doivent être solidement fixées et maintenues fermées. La preuve testimoniale et les photographies démontrent que le défendeur conduit un véhicule sans portières. Coupable.

Le clou dans le cercueil

Dans son jugement, le juge Laverdure cite même le constructeur d’automobiles Jeep : « Le défendeur conduisait sur un chemin public un véhicule de marque « Jeep » sans portières. Le fabricant du véhicule incite les propriétaires de « Jeep » à ne pas conduire leurs véhicules sans les portières sur un chemin public puisqu’ils ne bénéficieront plus de protection. (…) Pour ce qui est des portières, le juge clôt cet aspect avec l’affirmation suivante : « Les obligations découlant de l’article 213 du Code de la sécurité routière et de l’article 45 Règlement sur les normes de sécurité des véhicules routiers sont d’ordre public et elles créent une infraction de responsabilité absolue pour quiconque y contrevient : Coupable.

Jeep et Ford sont d’accord

Tout le monde sait qu’il est possible d’enlever les portières d’un Jeep Wrangler et d’un Ford Bronco. Pour bien des gens, c’est même l’ultime argument de vente, et l’on obtient même une procédure pour exécuter l’opération. MAIS, les constructeurs Jeep et Ford ne le recommandent pas sur la voie publique. Les constructeurs affirment que les portières ne doivent être retirées qu’en situation de hors-route.

Dans le manuel du propriétaire du Jeep Wrangler (édition du modèle 2024), à la page 52, il y a un AVERTISSEMENT dans la section qui explique comment retirer les portières du véhicule. Cet avertissement ne laisse pas de place à l’ambiguïté : « Ne conduisez pas votre véhicule sur la route sans les portières, car vous ne bénéficieriez plus de la protection qu’elles offrent. Cette procédure doit uniquement être utilisée en mode hors route. Le non-respect de cette mise en garde pourrait entraîner des blessures graves ou la mort. »

Ford y va d’un avis similaire pour ce qui est du Bronco : « AVERTISSEMENT : Dépose des portes uniquement pour une utilisation hors route. La dépose des portes du véhicule réduit la protection qu’elles offrent et pourrait nuire au rendement des systèmes de sécurité touchés, y compris le module de sécurité au pavillon et les coussins gonflables latéraux installés dans les sièges avant en cas de collision ou de renversement.

C’est frustrant

On comprend très bien la frustration de votre ami et de l’amende qu’il a reçue pour avoir retiré ses portières. Malheureusement, il est illégal de le faire au Québec. D’ailleurs, si vous vous posez la question aussi concernant la possibilité de rabattre le pare-brise, c’est aussi illégal au Québec. Très souvent, les corps policiers sont tolérants à la vue d’un Wrangler ou d’un Bronco sans portières. Toutefois, ils sont techniquement tenus de vous intercepter et de vous mettre à l’amende. La loi, c’est la loi, et nul ne peut s’y soustraire.

Il n’y a qu’une seule possibilité légale au Québec de rouler sans portières et sans pare-brise : dans les sentiers hors route et ça tombe bien les Wrangler et Bronco en sont les rois et maîtres. Faudra juste trouver une cabane pour y ranger les portières!

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