La crédibilité de l’ex-propriétaire de LA Renaissance attaquée

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L’honnêteté de l’ex-présidente-directrice générale de LA Renaissance des Îles, Lynn Albert, a été remise en question, lors de la première journée du procès portant sur la validité du processus de vente des actifs de LA Renaissance.

Lynn Albert, a été appelée à la barre par la partie regroupant 29 créanciers requérants et l’entreprise Icéto. Ce groupe allègue que la vente des actifs de LA Renaissance des Îles aux Pêcheries Léomar (Poissons frais des Îles) s’est faite de façon frauduleuse.

Dans une requête déposée en janvier, Lynn Albert a appuyé plusieurs arguments avancés par les créanciers requérants et Icéto. Elle y demandait l’annulation du paiement de sa caution personnelle de 1,4 million de dollars à son principal créancier garanti, Financement agricole Canada.

Le juge a rejeté cette requête lundi matin, ce qui n’a toutefois pas empêché Mme Albert de témoigner.

Dans son interrogatoire, celle qui était la seule actionnaire de LA Renaissance s’est présentée comme étant désormais une retraitée sans emploi .

Elle a nié avoir des liens familiaux avec Alain Lord Mounir, le propriétaire des entreprises Apéri-Fruits Compton et Icéto. Le syndic Roy, Métivier, Roberge avait indiqué, dans un rapport en janvier 2023, que Alain Lord Mounir serait une personne liée à Mme Albert, selon les informations obtenues .

L’entreprise Icéto, propriété d’Alain Lord Mounir, avait déposé une offre de 7,5 M$ pour racheter les actifs de LA Renaissance, mais c’est plutôt l’offre de 6,65 M$ des Pêcheries Léomar (Poissons frais des Îles) qui a été choisie par le syndic Roy, Métivier, Roberge et Financement agricole Canada.

Mme Albert a affirmé que c’est en raison d’un décaissement de plus de 3 millions de dollar fait par la Banque Royale du Canada en juillet 2022 pour payer le dépassement de sa marge de crédit qu’elle a été contrainte de se placer sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité le 19 août 2022, faute de liquidités.

Elle a indiqué que le syndic Roy, Métivier, Roberge qu’elle avait embauché voulait initialement s’opposer à cette transaction jugée préférentielle, mais affirme ne pas avoir eu de suivi après la faillite.

L’ex-PDG a aussi indiqué qu’elle ne savait pas que le syndic Roy, Métivier, Roberge avait accepté un mandat pour représenter également Financement agricole Canada au moment de la faillite.

Un contre-interrogatoire musclé

Durant son contre-interrogatoire, mené par l’avocat du syndic Roy, Métivier, Roberge, Me Jean-François Bertrand, Lynn Albert a admis avoir signé une convention de prêt avec Financement agricole Canada en juillet 2022, son principal créancier garanti, alors qu’elle était en défaut de paiement auprès d’autorités fiscales. Les clauses de la convention lui interdisaient pourtant de le faire.

Juste avant, Me Bertrand avait demandé à Lynn Albert si elle avait toujours dit la vérité depuis 2022, ce à quoi l’ex-dirigeante de LA Renaissance avait répondu oui .

Elle a aussi avoué ne pas avoir informé Financement agricole Canada qu’elle avait accordé des hypothèques légales à la CTMA ainsi qu’à Menuiserie Lapierre Ancestrale lorsque LA Renaissance des Îles s’est placée sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité.

LA Renaissance des Îles devait une somme de plus de 347 000 $ à Menuiserie Lapierre Ancestrale.

Mme Albert a admis qu’entre 50 et 60%  de cette somme étaient liés à des travaux sur sa résidence personnelle, mais que la totalité avaient été facturée à LA Renaissance des Îles. Elle a indiqué qu’elle avait l’intention de rembourser l’entreprise à la fin de l’année, mais que la faillite avait changé ses plans.

Elle a par la suite indiqué ne pas savoir à qui appartenait désormais cette maison qu’elle avait fait construire. Elle a tout de même laissé entendre qu’elle pourrait appartenir à une compagnie liée à Alain Lord Mounir.

Par ailleurs, elle a mentionné avoir omis  d’inclure Apéri-Fruits Compton dans la liste de ses créanciers au moment où LA Renaissance des Îles s’est placée sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité.

Lynn Albert a aussi affirmé avoir omis  de demander au syndic Roy, Métivier, Roberge, de modifier le passage de son rapport où il était allégué que Alain Lord Mounir était une personne qui lui était apparentée, bien qu’elle ait reconnu avoir pris connaissance de ce document.

Durant son contre-interrogatoire, Lynn Albert a souligné avoir passé la majeure partie de son temps à la Barbade depuis la faillite de son entreprise le 9 février 2023, notamment pour faire du surf, comme une snowbird .

Témoignage d’une inspectrice

La directrice générale de l’Office des pêcheurs de homards des Îles, Nadine Cyr, qui a également agi comme inspectrice lors de la faillite a été le premier témoin appelé à la barre lundi matin.

Selon elle, le syndic n’a pas avisé les inspecteurs de certains aspects concernant la vente des actifs de LA Renaissance, dont la modification de l’appel d’offres pour y ajouter trois lots.

L’avocat des créanciers requérants et d’Icéto, Me Emmanuel Préville-Ratelle, allègue que cette demande d’ajout a été faite par Poissons frais des Îles.

Une dame qui tient un papier devant un micro.

Nadine Cyr a agi comme inspectrice dans le cadre de la faillite. Elle a démissionné de son rôle le 12 septembre 2023. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Nadine Cyr a également mentionné que le syndic ne leur avait jamais expliqué que l’offre d’achat d’Icéto contenait la participation d’une entreprise locale, soit la Coopérative de transport maritime et financier (CTMA). Icéto avait conclu une entente avec la CTMA, à qui il devait céder les deux tiers des actifs.

Elle a également affirmé avoir appris la vente des actifs de LA Renaissance aux Pêcheries Léomar (Poissons frais des Îles) dans les médias. Elle affirme ne pas avoir été conviée à l’ouverture des soumissions par le syndic.

Dans son contre-interrogatoire par l’avocat du syndic, Me Jean-François Bertrand, Nadine Cyr a toutefois assuré que le syndic avait toujours répondu aux questions des inspecteurs.

Elle a également confirmé que les inspecteurs avaient accepté que la vente de cinq terrains libres d’hypothèque soit incluse dans le même processus d’appel d’offres que les biens grevés par Financement agricole Canada.

Un entrepreneur madelinot déçu du syndic

Le président de Lavages industriels Vigneau, Léon Vigneau, a été le troisième témoin appelé à la barre.

M. Vigneau a perdu plus de 64 000 $ dans la faillite de LA Renaissance. Il est l’un des 29 créanciers qui participent au recours judiciaire.

Il s’est dit déçu par le travail du syndic Roy, Métivier, Roberge dans le dossier et a mentionné avoir perdu toute confiance à son égard.

C’était scandaleux de ne pas prendre la soumission la plus haute , a lancé Léon Vigneau. Je ne trouve pas que le syndic a fait une bonne job.

Il a indiqué avoir pris part aux démarches judiciaires dans l’espoir de se faire payer son dû et de n’avoir aucun lien avec l’actionnaire d’Icéto, Alain Lord Mounir.

D’ici vendredi, jusqu’à 14 témoins pourraient être appelés à la barre.

LA UNE : L’ex-présidente-directrice générale de LA Renaissance, Lynn Albert, a témoigné lundi. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

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