Christian Vigneau a d’abord expliqué comment et pourquoi il a pris part au processus d’appel d’offres en mars 2023 pour racheter les biens de LA Renaissance, après la faillite du 9 février 2023.
Le propriétaire des Pêcheries Léomar a indiqué avoir été informé des difficultés financières de LA Renaissance des Îles dès l’hiver 2022.
Il a souligné que plusieurs pêcheurs qui vendaient leur homard à LA Renaissance en 2022 avaient signifié leur intérêt de faire affaire avec Poissons frais des Îles en 2023. Les pêcheurs avaient perdu confiance en Mme Albert
, a soutenu M. Vigneau.
Le Groupe Vigneau comprend plusieurs entreprises, dont Poissons frais des Îles, Pêcheries Léomar et les Cultures du large. Christian Vigneau possède 76 % des actions, et son fils Gabriel, le reste.
Christian Vigneau a affirmé avoir demandé, par l’entremise de ses avocats, l’ajout de trois lots dans l’appel d’offres lancé par le syndic de faillite en février 2023. Cette demande a été acceptée par le syndic Roy Métivier Roberge.
Ces trois lots faisaient alors l’objet d’une hypothèque légale de la part de la CTMA, mais selon M. Vigneau, ils étaient essentiels pour exploiter les usines, notamment parce qu’ils incluaient une résidence servant à héberger les travailleurs étrangers.
Christian Vigneau a aussi expliqué que l’offre de 6,65 M$ qu’il a déposée et qui a été retenue dans le cadre de l’appel d’offres était conditionnelle à un financement dans les cinq jours suivant l’acceptation.
Selon lui, un prêteur privé avait accepté verbalement d’avancer des sommes dans l’attente que le financement soit conclu avec Desjardins. Au final, ce prêteur privé n’aurait pas eu à débourser cette avance, rapporte M. Vigneau, car la transaction officielle a mis plus de temps à se conclure en raison des hypothèques légales détenues par la CTMA et Menuiserie Lapierre Ancestrale sur certains actifs de LA Renaissance.
Christian Vigneau a pris possession des actifs de LA Renaissance le 29 mars 2023 en vertu d’un contrat d’occupation temporaire. L’acte notarié a seulement été signé le 4 mai 2023. Le bâtiment de l’usine de Grande-Entrée n’a pas été inclus dans cette transaction en raison d’une question de propriété de terrain.

Christian Vigneau et son équipe ont eu une dizaine de jours entre la prise de possession des actifs de LA Renaissance à la fin mars 2023 et le début de la pêche au crabe des neiges pour relancer les activités à l’usine de Grande-Entrée. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE
CTMA refuse désormais de transporter ses huîtres
Christian Vigneau a aussi affirmé que CTMA avait refusé de transporter ses huîtres à plusieurs reprises depuis le mois d’août 2023 et qu’il y voyait un lien avec le dossier de LA Renaissance.
On avait le droit de penser que ça avait un lien, que c’était des représailles
, a ajouté Christian Vigneau.
Dans deux jugements rendus simultanément en juillet, le juge de la Cour supérieure Jacques Babin a refusé de suspendre la vente des actifs de l’entreprise LA Renaissance des Îles et a reconnu la validité des hypothèques légales de la CTMA sur les trois lots achetés par Pêcheries Léomar.
L’actionnaire du Groupe Vigneau a précisé qu’il faisait transporter ses huîtres depuis 2010 par la CTMA. août, on a eu des refus de transport de la CTMA","text":"Cet été, sans avertissement, sans rien, autour du 10août, on a eu des refus de transport de la CTMA"}}">Cet été, sans avertissement, sans rien, autour du 10 août, on a eu des refus de transport de la CTMA
, a mentionné Christian Vigneau. Ça concordait avec le moment où le juge Babin a rendu des décisions, c’était quelques jours ou semaines après.

Selon Christian Vigneau, CTMA refuse de transporter ses huîtres depuis août 2023. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-FRANÇOIS DESCHÊNES
M. Vigneau a aussi indiqué que sa conjointe avait soumis, à son nom plutôt qu’au nom des entreprises du Groupe Vigneau, une demande de transport pour du flétan et que celle-ci avait été acceptée au moment où les demandes de transport d’huîtres étaient refusées. Selon M. Vigneau, les exigences de réfrigération pour ces deux produits sont les mêmes.
Dans son témoignage, mardi, le directeur de la CTMA, Emmanuel Aucoin, a été interrogé sur ces refus. Il a confirmé le rejet de demandes de transport, mais il a expliqué qu’il s’agissait d’une décision d’affaires liée à des changements dans le contenu des remorques. Selon lui, il ne s’agissait pas de représailles.
Le juge Marc Paradis a mentionné douter de la pertinence de ces éléments pour juger de sa cause, bien que la question ait été soulevée durant l’interrogatoire de Christian Vigneau et le contre-interrogatoire d’Emmanuel Aucoin. C’est l’accessoire qui ne suit pas le principal
, a dit le juge Marc Paradis.
Christian Vigneau a expliqué se sentir victime des démarches judiciaires entreprises par certains créanciers et la compagnie Icéto, un soumissionnaire qui a déposé une offre en partenariat avec la CTMA.
On a soumissionné et on a été retenu, on a fait l’impossible pour repartir la boîte et sauver ces emplois-là
, a affirmé Christian Vigneau. On est une entreprise familiale, on vit ici, et on veut rester là pour plusieurs années. On reçoit ça quasiment comme des représailles envers nous autres.
Le témoignage de Christian Vigneau a conclu la présentation de la preuve jeudi midi.
La preuve est close : début des plaidoiries
Depuis le début des audiences, lundi, 12 témoins ont été appelés à la barre.
Jeudi après-midi, la présentation des plaidoiries s’est amorcée.
L’avocat des créanciers requérants et d’Icéto a tenté de démontrer que la décision du syndic de vendre les actifs de LA Renaissance aux Pêcheries Léomar était partiale, déraisonnable et prise au détriment de la masse
des créanciers.
L’avocat du syndic de faillite Roy Métivier Roberge a par la suite plaidé que la vente des actifs de LA Renaissance est valide en tous points
.
Trois autres plaidoiries auront lieu vendredi avant-midi, soit celles des avocats de l’ex-dirigeante de LA Renaissance, Lynn Albert, de Financement agricole Canada et des Pêcheries Léomar.
Radio-Canada publiera un article vendredi après-midi portant sur ces cinq plaidoiries.
LA UNE : Le propriétaire des Pêcheries Léomar, Christian Vigneau, rapporte que la CTMA a cessé de transporter certains de ses produits depuis cet été. PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE