Près de 90 % du déficit anticipé de 9,1 M$ du CISSS des Îles est attribuable au recours à la main-d’œuvre indépendante, faute d’employés en nombre suffisant dans le réseau de santé madelinot pour pourvoir tous les postes.
Le Centre de santé et de services sociaux (CISSS) des Îles estime que 139 000 heures seront travaillées par des employés d’agence au cours de l’année financière 2024-2025, soit l’équivalent de 91 postes à temps plein.
C’est plus de temps qu’en 2023-2024, où la main-d’œuvre externe a travaillé environ 132 000 heures pour une facture provisoire de 8,5 M$.
Sur les 9,1 M$ du déficit prévu, 8,1 M$ sont liés au recours à la main-d’œuvre d’agence. De cette somme, 7 M$ viennent des surcoûts liés à l’embauche de ce personnel et 1,1 M$ sont liés au service de la dette.
On a 1,1 M$ qui sont des intérêts à payer sur la marge d’emprunt contractée pour les déficits accumulés des dernières années, qui sont entièrement causés par la main-d’œuvre indépendante, explique la présidente-directrice du CISSS des Îles, Sophie Doucet.
La présidente-directrice du CISSS des Îles, Sophie Doucet PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE
Bien que Québec ait récemment plafonné les taux horaires versés au personnel d’agence, il a réduit du même coup le budget des établissements de santé en conséquence, ce qui ne permet pas concrètement au CISSS des Îles d’avoir une plus grande marge de manœuvre budgétaire.
Pour le directeur des services administratifs du réseau de santé madelinot, Claude Cyr, le déficit qui n’est pas lié au recours à la main-d’œuvre externe, soit 1 M$, s’explique en grande partie par des fonds que le ministère de la Santé et des Services sociaux doit verser au réseau de santé madelinot.
Il y a des postes qui ont été autorisés par le ministère, mais il y a eu des omissions dans les calculs qui n’ont pas tenu compte des coûts liés aux disparités régionales s’appliquant aux conventions collectives aux Îles
, souligne M. Cyr.
Une loi aux effets encore méconnus
Québec a adopté une loi visant à éliminer graduellement le recours aux agences privées de placement de personnel dans les hôpitaux et les CHSLD d’ici l’automne 2026. Les Îles-de-la-Madeleine font partie des régions éloignées où la mesure sera mise en place le plus tardivement.
D’ici là, la présidente-directrice générale du CISSS des Îles, Sophie Doucet, espère que l’application de cette loi qui commencera cette année dans les régions urbaines aura des impacts positifs dans l’archipel.
Est-ce que ça va nous aider ou est-ce que ça va nous nuire? questionne-t-elle. La main-d’œuvre indépendante aux Îles, elle n’habite pas sur le territoire. Ce sont des gens qui habitent en ville et qui viennent donner des disponibilités. S’il y a une loi qui interdit la main-d’œuvre indépendante, est-ce que ces gens-là vont vouloir travailler en ville seulement ou bien s’ils vont venir s’établir de manière permanente en région? C’est ce qu’on souhaite.
Je sais qu’on a déjà réussi à recruter deux, trois employés d’agence dans la dernière année à cause de ce qui s’en vient, mais c’est nettement insuffisant.
Bien que la loi oblige les établissements de santé à présenter un budget équilibré, Sophie Doucet croit que le ministère de la Santé n’exigera pas de compressions budgétaires au CISSS des Îles. Comme la presque-totalité du déficit est liée au recours à la main-d’œuvre indépendante, elle s’en remet aux mesures de Québec pour cesser son embauche.
Ici, on ne peut pas réorganiser nos services. On est le seul réseau local de services sans autres établissements à proximité, à cause de notre isolement, indique Mme Doucet. Je ne vois pas de possibilité d’optimisation des services.
L’embauche de travailleurs externes au CISSS des Îles est particulièrement coûteuse, car le réseau de santé doit payer les déplacements et les frais d’hébergement, en plus des salaires. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-FRANÇOIS DESCHÊNES
Bilan pour 2023-2024 à venir
En juin, le CISSS des Îles présentera son bilan financier pour l’année financière qui s’est terminée le 31 mars 2024.
Au moment du dépôt du budget, le déficit anticipé s’élevait à près de 8 millions de dollars. En date du 24 février 2024, cette somme avait toutefois diminué à 5,2 millions de dollars, toujours en raison de la main-d’œuvre indépendante.
Le directeur des services administratifs du réseau de santé, Claude Cyr, croit que le recours aux travailleurs externes devrait coûter 8,5 M$ en 2023-2024, selon des données provisoires.
LA UNE : Au CISSS des Îles, le coût de la main-d’œuvre indépendante a été multiplié par 80 entre 2017-2018 et 2023-2024, passant de 107 000 $ à 8,5 M$. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE
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