Les œufs des Îles pris dans la tempête sur la Passe Archipel

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La ferme avicole Bourgeois Dumont située aux Îles-de-la-Madeleine est au cœur de la tempête sur l’application de la redevance touristique qui divise la population de l’archipel.

Le propriétaire du Marché Bonichoix, Jean-Philippe Déraspe, explique qu’en raison du débat en cours depuis plusieurs semaines, il a pris la décision de faire venir des œufs du continent et de ne plus offrir uniquement ceux produits localement par la ferme avicole Bourgeois Dumont, située aux Îles.

La copropriétaire de la ferme, Jeanne Bourgeois, a pris la parole publiquement pour dénoncer la Passe Archipel et la création d’un parc régional sur le territoire madelinot. Lors de la séance du conseil municipal du 14 mai, elle a vivement critiqué le conseil municipal et demandé la démission de tous les élus madelinots.

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Plusieurs clients m’ont contacté pour que je leur offre une alternative, ce que j’ai accepté de faire sans pour autant retirer les oeufs de la ferme parce que, pour moi, c’est quand même important de soutenir le produit local, ajoute l’épicier.

Quand elle s’est rendu compte que l’épicier faisait venir des œufs d’ailleurs, Mme Bourgeois a contacté le propriétaire de l’épicerie, Jean-Philippe Déraspe, pour qu’il retire ses œufs de ses étagères.

Mme Bourgeois n’était pas très contente de la situation et m’a demandé de faire un choix entre ses produits et les produits de l’extérieur. J’ai pris la décision de continuer de faire venir des produits extérieurs étant donné le besoin exprimé par la clientèle, dit M. Déraspe.

Moi, j’ai toujours l’intention de réintroduire son produit si la ferme veut me les vendre, mais pour le moment, on est dans une situation de flou sans canal de communication.

Une citation de Jean-Philippe Déraspe, propriétaire Marché Bonichoix

L’épicier estime que les gens ont le droit de choisir s’ils veulent ou non acheter les oeufs produits par la ferme de Mme Bourgeois. C’est quand même des oeufs de qualité, une ferme établie aux Îles depuis plusieurs années, donc ça vaut la peine de la soutenir, mais en même temps, ça ne vaut pas la peine de donner un monopole, surtout quand il y a une grogne comme ce qui se passe.

Jeanne Bourgeois déplore la décision prise par l’épicier et confirme avoir demandé à M. Déraspe qu’il retire ses œufs des étagères.

Je lui ai dit : « Tu ne pourras pas avoir les deux sortes d’œufs. Si tu en fais venir de l’extérieur, des vieux œufs qui ont cinq ou six semaines quand tu les reçois, tu ne pourras pas avoir les nôtres », explique Mme Bourgeois, copropriétaire de la ferme avicole Bourgeois Dumont.

La citoyenne Jeanne Bourgeois au micro du conseil municipal.

La citoyenne Jeanne Bourgeois a demandé la démission de tous les élus madelinots. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Elle estime que M. Déraspe a voulu lui enlever un droit de parole légitime. Je lui ai dit : « Jean-Philippe, fais attention. On a des entreprises. Il ne faut pas mêler les affaires. Ce n’est pas la même chose. Mon droit de parole d’aller parler à la Municipalité, ça n’a pas de rapport avec ma ferme ou ton entreprise à toi », ajoute Mme Bourgeois.

Elle dit ne pas avoir d’inquiétude pour son entreprise. Les gens qui veulent nos œufs savent qu’ils sont disponibles à la ferme à meilleur prix. Ils vont juste faire quelques kilomètres de plus ou aller dans d’autres épiceries.

Un monopole de longue date

La directrice générale de l’organisme qui fait la promotion des produits locaux sur l’archipel, Le bon goût frais des Îles, Caroline Jomphe, explique que cela fait longtemps que seuls les œufs locaux produits par la ferme avicole Bourgeois Dumont sont vendus aux Îles.

On a un modèle assez particulier aux îles de la Madeleine. Tous les œufs dans les marchés d’alimentation sont produits aux îles et servent à alimenter les locaux et les touristes, donc il n’y a pas d’œufs normalement qui entrent du continent. Mais les œufs des Îles ne peuvent pas non plus se retrouver sur le continent. C’est vraiment une particularité qu’on a aux îles de la Madeleine, explique-t-elle.

Des poules dans un poulailler.

Aux Îles, touristes et résidents consommaient seulement les oeufs produits localement, selon Caroline Jomphe. (Photo d’archives) PHOTO : SHUTTERSTOCK

Caroline Jomphe précise que l’organisme tente de trouver une solution pour régler le différend entre les parties impliquées. C’est sûr que ça nous met dans une drôle de position parce que ce sont des produits importants et c’est un marché d’alimentation qui est important, ajoute Mme Jomphe.

Jean-Philippe Déraspe est l’actuel président du Bon goût frais des Îles, un poste qu’il compte quitter lors de la prochaine assemblée générale en juin. Sa décision a été annoncée au conseil d’administration il y a plusieurs mois et n’a pas de lien avec la controverse actuelle entourant les œufs.

Ça fait déjà six mois qu’il nous a annoncé ça et ça ne devrait pas changer, confirme Caroline Jomphe. Elle dit qu’un nouveau président devrait être choisi lors de la prochaine assemblée, le 12 juin.

Caroline Jomphe ajoute que M. Déraspe s’est retiré des discussions du conseil d’administration quand il est question du dossier des œufs pour qu’on soit en mesure de prendre les meilleures décisions et qu’on reste neutre dans le dossier.

Pas de regret

Jeanne Bourgeois dit ne pas regretter d’avoir pris la parole publiquement contre la Passe Archipel et la création d’un parc régional. Non, je n’ai pas de regret d’avoir un droit de parole. J’ai posé trois questions au maire et si on n’a plus le droit d’aller au conseil municipal pour poser des questions au maire, [où est] la démocratie?, lance Mme Bourgeois.

Le débat entourant la Passe Archipel déchire la population des Îles depuis plusieurs semaines. La redevance de 30 $ devait être imposée aux touristes à compter du 1er mai, mais la Municipalité a récemment décidé de rendre son paiement facultatif pour 2024 en raison de problèmes logistiques. De nombreux Madelinots ont soulevé des questions d’accès au territoire et de vie privée en lien avec la redevance touristique. Ces affirmations ont été niées par la Municipalité.

Jeanne Bourgeois dit qu’elle continuera de vendre ses œufs à sa ferme et dans les coopératives IGA. Elle ajoute que puisque sa ferme est en processus de vente, elle compte être moins présente dans les assemblées publiques pour ne pas nuire aux nouveaux propriétaires.

On ne veut pas nuire à l’entreprise qu’ils achètent, indique la copropriétaire de la ferme avicole, qui produit environ 9500 œufs par jour et compte 10 000 poules.

LA UNE : La ferme avicole Bourgeois Dumont est le seul producteur d’oeufs de l’archipel. (Photo d’archives) PHOTO : GRACIEUSETÉ : FERME BOURGEOIS-DUMONT

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