La Voix acadienne – Entre 17 et 25 tempêtes nommées sont prévues, mais il est encore bien trop tôt pour savoir lesquelles toucheront les côtes de l’Île-du-Prince-Édouard. L’augmentation sans précédent de la température de l’océan, liée au réchauffement climatique, explique en grande partie l’intensification des ouragans de l’Atlantique Nord.
La nouvelle saison des ouragans qui a commencé le 1er juin dernier s’annonce très active dans l’océan Atlantique.
Selon l’Agence nationale océanique et atmosphérique américaine (NOAA), il pourrait se former de 17 à 25 tempêtes nommées dans l’océan Atlantique d’ici le 30 novembre prochain.
Les tempêtes sont baptisées lorsque les vents dépassent la vitesse de 119 km/h et qu’ils sont accompagnés de pluies torrentielles. D’après les prévisions, 8 à 13 de ces tempêtes d’importance pourraient se transformer en ouragans et de 4 à 7 risquent de devenir des ouragans majeurs.
«Ce sont des prévisions records, observe Bob Robichaud, météorologue à Environnement Canada. C’est assez exceptionnel parce qu’en principe les années El Niño il y a tendance à avoir moins d’ouragans.»
Surchauffe sous les tropiques
En réalité, les températures de l’eau largement au-dessus des normales dans l’océan Atlantique expliquent cette situation hors norme et contre-balancent les impacts d’El Niño.
«L’eau chaude s’évapore et monte en altitude pour nourrir l’ouragan, c’est comme une source d’énergie», explique Bob Robichaud.
Dit autrement, les ouragans transportent l’excès de chaleur des océans de la basse atmosphère vers des altitudes plus élevées.
Influencé par la rotation de la Terre, le phénomène se met ensuite à tourner sur lui-même avant d’être poussé par des vents, éventuellement vers les côtes.
Sous la surface de l’océan dans la zone des tropiques, le thermomètre chauffe d’ores et déjà à des niveaux équivalents à ceux habituellement observés à la mi-août.
«Normalement, la période la plus active est entre septembre et octobre, mais cette saison, les premières tempêtes pourraient arriver plus tôt que d’habitude», relève Bob Robichaud.
L’automne dernier, une étude américaine a illustré la façon dont le réchauffement climatique d’origine humaine amplifie la puissance et la force d’impact des ouragans, principalement à cause de l’augmentation inhabituelle des températures de la partie supérieure des océans.
El Niño contre La Niña
«Une analyse des changements observés dans la vitesse du vent dans les ouragans de l’Atlantique de 1971 à 2020 indique que leur intensification a déjà changé à mesure que les émissions de gaz à effet de serre ont réchauffé la planète», précise dans son étude l’auteure, Andra J. Garner, climatologue à l’Université Rowan, dans le New Jersey.
Bob Robichaud relève de son côté que «les ouragans ont à la fois gagné en puissance, le vent maximal étant plus fort, mais s’intensifient aussi plus rapidement»,
Le nombre d’ouragans qui passent de la catégorie 1 aux catégories 3,4 et 5 en à peine 36 heures a ainsi plus que doublé au XXIe siècle (2001-2020) par rapport à la fin du XXe siècle (1971-1990).
«Par contre, les modèles montrent qu’on n’aura pas nécessairement des tempêtes à une plus grande fréquence», précise Bob Robichaud.
Cette année, un autre facteur entre en ligne de compte : La Niña. Ce phénomène climatique refroidit les eaux dans certaines parties de l’océan Pacifique, ce qui a tendance à créer plus d’ouragans en Atlantique.
Quel que soit le nombre de tempêtes prévu, Bob Robichaud insiste sur l’importance de se préparer et de se tenir régulièrement au courant de conditions météorologiques.
«Faut se tenir prêt de la même façon chaque année, qu’il y ait 10 ou 25 tempêtes d’annoncées, ça en prend juste une dans la zone où on habite pour qu’il y ait des dégâts majeurs», souligne le météorologue.
LA UNE : En 2022, l’ouragan Fiona a atteint des vents soutenus de pointe de 220 km/h. Poursuivant vers l’Est du Canada, l’ouragan a graduellement faibli sur les eaux plus froides et est devenu post-tropical juste au sud de la Nouvelle-Écosse, mais il s’agissait toujours d’un ouragan de catégorie 2. (Photo : Domaine public, NASA).
PAR Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne