Dans son bilan de session, le porte-parole du Parti québécois en matière de santé et député des Îles, Joël Arseneau, revient sur la création de Santé Québec et sur l’absence de mesures pour améliorer l’offre de transport dans le ciel des régions.
La pétition déposée en avril par le député pour demander une bonification de la politique de déplacement des usagers du ministère de la Santé et des Services sociaux a recueilli jusqu’à maintenant 1219 signatures. Les gens ont jusqu’au 15 juillet pour la signer.
Même si la politique a été revue et les montants indexés en 2023, Joël Arseneau, qui en a fait son cheval de bataille. Pour lui, notamment dans un contexte inflationniste, la politique ne permet pas un remboursement adéquat de toutes les dépenses occasionnées par des soins hors de sa région.
Les gens, dit-il, n’ont pas à s’appauvrir ou même à renoncer à des soins parce qu’ils n’ont pas accès aux services chez eux. La pression est encore beaucoup plus forte qu’elle l’était il y a quelques années. On comprend la détresse que ça peut ajouter aux gens qui sont déjà aux prises avec la maladie.
Il n’est pas rare qu’un Madelinot doive se rendre dans un hôpital sur le continent pour plusieurs jours, voire parfois plusieurs semaines alors que Québec ne rembourse que quelques journées de déplacement. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-FRANÇOIS DESCHÊNES
Le député dit avoir sensibilisé le ministre de la Santé, Christian Dubé, sur la nécessité de revoir l’ensemble de la politique. Sauf, ajoute-t-il, que le ministre a décidé de confier ce mandat à Santé Québec.
Cette décision ne le rassure pas. Il juge que la nouvelle organisation va accélérer la centralisation des décisions au détriment des besoins plus locaux. Quelle sera la marge de manœuvre qui va être laissée aux professionnels sur le terrain, aux soignants, leur capacité d’ajuster les soins? Je m’inquiète sur le panier de services qui va demeurer pour nos régions si les décisions sont prises à Québec
, commente M. Arseneau.
Le député croit que la superstructure risque de démobiliser le personnel et avoir des impacts néfastes sur les capacités de rétention des professionnels de la santé en région.
Des vols toujours plus rares
Critique de son parti en matière de transports, Joël Arseneau attend avec impatience une nouvelle mouture du Programme d’accès aérien aux régions.
Le programme actuel, selon lui, reste inadéquat puisque les PME, les OBNL, les organisations scolaires, sportives et culturelles qui ne peuvent pas obtenir les fameux billets à 500 $. Toutes les propositions, dit-il, amenées depuis deux ans pour améliorer le programme, ont été bien reçues, mais n’ont jamais été mises en œuvre.
Le député rappelle que le gouvernement avait promis des modifications du programme pour le mois d’avril et que deux mois plus tard, le comité permanent sur le transport aérien n’a encore rien annoncé. Je pense que d’ici le mois de juillet, il faut que le gouvernement annonce ses couleurs.
Il souhaite que le gouvernement se penche sur le développement de l’offre. Il souligne que le nombre de vols disponibles reste insuffisant dans les aéroports de Gaspé, Mont-Joli, Sept-Îles ou Baie-Comeau.
D’après le député, 17 M$ sont encore disponibles dans le programme auquel s’ajoutent les 9 M$ par année sur trois ans, annoncés dans le dernier budget. Il y a des projets qui sont déjà déposés, qui sont dans les cartons du gouvernement, déposés par des promoteurs puis par des transporteurs. Je ne comprends pas l’immobilisme du gouvernement.
Adoption du projet de loi 57
C’est à la toute dernière minute, juste avant la fermeture de la session, que les élus ont adopté le projet de loi 57 sur la protection des élus contre les menaces, le harcèlement et l’intimidation. La nouvelle loi s’inscrit dans la foulée d’une vague de démissions des élus municipaux et du climat difficile qui règne parfois lors des séances publiques des conseils municipaux.
L’ancien maire des Îles-de-la-Madeleine estime qu’il était important de préserver la liberté d’expression des citoyens. Il estime que la notion d’entrave au travail des élus mériterait d’être mieux définie. On va être très vigilants pour qu’il n’y ait pas le développement de la jurisprudence qui vient brimer les libertés fondamentales d’expression ou de réunion pacifique.
Au cours des derniers mois, la salle du conseil municipal des Îles-de-la-Madeleine a plus d’une fois été remplie. (Photo d’archives) PHOTO : GRACIEUSETÉ
La Municipalité des Îles a d’ailleurs connu son lot de séances publiques houleuses, d’abord avec une hausse majeure de la taxation des commerçants, puis plus récemment de l’introduction de la Passe Archipel, une redevance payée par les visiteurs afin d’aider au financement des infrastructures et à l’entretien du parc régional.
Appelé à commenter, Joël Arseneau y voit justement l’exemple d’un débat démocratique qui évolue entre les élus et les citoyens. Je constate que le climat est très difficile et très lourd, mais les gestes qui sont posés cherchent à pacifier les choses et j’ai bon espoir qu’on arrive au cours des prochaines semaines à un climat qui est davantage dans l’ordre du dialogue et de la compréhension mutuelle afin de prendre les meilleures décisions pour l’ensemble de la Communauté.
Joël Arseneau rappelle que ce n’est pas la première fois que les Madelinots se divisent sur des enjeux d’avenir. Il rappelle que la création du parc industriel, la spéculation sur les propriétés et la protection des terres agricoles avaient suscité de grandes discussions. Il en a été de même pour les débats sur la fusion municipale suivis de celui sur la défusion. Les familles se déchiraient, et puis des boycottages de commerce étaient lancés
, se souvient M. Arseneau pour qui le temps, mais surtout le dialogue, la bonne volonté arrangent bien les choses.
Lutter contre le gaspillage
Au cours de la session, le député s’est aussi penché sur le gaspillage en déposant une deuxième mouture de son projet de loi.
L’Assemblée nationale ayant déjà voté une loi pour contrer l’obsolescence programmée, cette partie a été retirée de la proposition. Joël Arseneau souhaite que Québec s’attaque à la mise aux ordures des invendus comme l’ont fait de grandes chaînes d’alimentation ou des magasins comme Dollorama ou Home Depot.
Le député souhaite que ces grandes organisations partagent leurs invendus avec des groupes communautaires et les plus démunis.
LA UNE : Le député du Parti québécois aux Îles-de-la-Madeleine est aussi porte-parole du parti en matière de santé et de transport. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / SYLVAIN ROY ROUSSEL