Pêches et Océans a fait connaître son plan de pêche au sébaste dans l’unité 1 pour les flottilles hauturières, semi-hauturières et les crevettiers du golfe. Une majorité des détenteurs des parts de sébastes sont maintenant autorisés à participer à la pêche.
La ministre des Pêches et des Océans annonce une pêche compétitive, sans quota individuel. Une fois, l’allocation atteinte, la pêche sera fermée. Ceux qui détiennent des permis valides pourront partir dès le 15 juillet.
Même si la pêche est officiellement ouverte depuis le 15 mai, le plan de pêche du ministère des Pêches et des Océans se faisait toujours attendre.
Plus tôt cette année, Pêches et Océans a annoncé un total de captures autorisé de 60 000 tonnes dont 5000 tonnes avaient été mises en réserve pour ceux qui avaient déjà participé à des pêches indicatrices ou qui étaient prêts à partir et à desservir des usines de transformation.
Il s’agit d’allocations qui ont été distribuées sur demande. Peu de pêcheurs ont donc participé à la pêche jusqu’à maintenant puisque la majorité des parts, plus de 32 000 tonnes, sont détenues par les flottilles hauturières.
Peu d’élus
Même s’il s’agit d’une pêche compétitive, ils seront peu au Québec à y participer en raison du manque d’acheteurs, souligne le directeur de l’Association des capitaines propriétaires de la Gaspésie, Claudio Bernatchez.
Dans le contexte actuel, dit-il, où il y a très peu de joueurs de pêcheurs et de transformateurs actifs, je parle de quatre ou cinq au Québec, il est mieux que ce soit une pêche compétitive parce qu’ils n’auront pas à essayer de louer des quotas. Donc, comme plan de transition si ça fait toujours partie du plan de transition de la ministre sur deux ans, la pêche compétitive pour le moment fait du sens.
Faute de débouchés, Madelipêche qui détient une part de 11 000 tonnes pourrait faire pêcher et transformer le sébaste hors Québec. L’entreprise se dit sans soutien du MAPAQ.
Prises accessoires
Tant Madelipêche que les pêcheurs du Québec auraient aimé certains ajustements dans le plan de pêche afin de limiter les prises accessoires et ainsi mettre à mal d’autres pêcheries comme celle du flétan de l’Atlantique.
C’est le cas notamment de la profondeur permise. Dans des endroits moins profonds, la concentration des bancs de sébastes permet de relever un filet contenant presque seulement du sébaste en peu de temps, explique M. Bernatchez.
Les associations de pêcheurs, comme Madelipêche, ont demandé au ministère de permettre une pêche dans des eaux moins profondes afin de limiter les prises accessoires.
En profondeur, le sébaste est plus dispersé, le temps de chalutage plus long et la possibilité de ramener des prises accessoires est plus grande. Ramener juste du sébaste rapidement, ça augmente les chances de rentabiliser ton voyage
, commente le directeur de l’ACPG.
Pour essayer de leur faire comprendre ça, [aux représentants du ministère], j’ai même des données des usines de transformation qui démontrent que l’an passé, les taux de prise accidentelle étaient plus faibles que ça pourrait être cette année, raconte M. Bernatchez.
Les représentations auprès du MPO n’ont pas eu d’écho.
Le ministère n’a pas non plus écouté les doléances sur la grosseur des mailles des filets de pêche. Si on veut protéger des petits poissons qui sont la relève à venir dans les années futures pourquoi on n’a pas été tout simplement avec des mailles plus grandes. Ils ont laissé ça à 90 mm alors que ça aurait pu être facilement 110, 120 mm.
Ni fédéral ni provincial
Le ministre André Lamontagne avoue qu’il aurait souhaité une plus grande collaboration avec le gouvernement fédéral afin de développer une vision commune, notamment à l’écoute des besoins des pêcheurs côtiers quant au partage des parts de sébaste. Quand est-ce que tu as l’opportunité d’avoir une nouvelle pêche qui arrive pour un secteur surtout dans un contexte où ce secteur est mis à mal? Alors comment peut-on utiliser au maximum cette nouvelle opportunité au bénéfice d’un maximum de personnes? Jusqu’à maintenant, on est complètement passé à côté de cette possibilité.
Ce manque d’écoute ne surprend pas, le porte-parole de l’ACPG. Le MPO est à l’occasion un appareil politique plutôt qu’un appareil de protection de la ressource et des communautés côtières qui dépendent des ressources.
Le ministre des Pêcheries du Québec, qui était de passage à Gaspé, la semaine dernière, se montre de plus en plus critique de la gestion fédérale des pêches. Ça fait cinq ans et demi que je suis ministre des Pêches, ça fait quatre ans que j’exprime des positions, des demandes. J’ai passé quatre ministres des pêches jusqu’à date, puis honnêtement je ne veux pas mettre de nom sur les ministres, rien, mais une chose est sûre c’est que de toutes les représentations qu’on a faites, il n’y a rien de ce qui a été entendu, rien.
C’est d’une grande tristesse, première des choses. Des situations comme celle qu’on vit dans les pêches au Québec, ce n’est pas des choses qui arrivent tous les cinq ans.
Si le MAPAQ se montre plus présent auprès des pêcheurs en difficulté, les attentes du directeur de l’ACPG restent minces quant au soutien provincial. Au niveau du Québec, ce qu’on comprend, c’est qu’il n’y a pas nécessairement de budget disponible pour aider à rationaliser ou pour aider concrètement, l’industrie à se réorganiser.
Interpellé, le Cabinet de la ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier, a rappelé que les pêcheurs de crevette se sont vu octroyer une nouvelle allocation de 10 % de total autorisé de capture et que la part historique du Québec avait été augmentée, égratignant au passage le ministre québécois en soulignant que sa visite en Gaspésie était la première depuis près d’un an. On encourage finalement le ministre Lamontagne à visiter la région plus souvent
‘ peut-on lire dans la réponse écrite du Cabinet de Mme Lebouthillier.
LA UNE : La pêche au sébaste pourra commencer dans l’unité 1. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA
PAR Joane Bérubé