95 km à vol d’oiseau. C’est la distance qui sépare la plage de Sandy Hook aux Îles-de-la-Madeleine et Chéticamp au Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse. Quatre voyageurs ont fait la traversée, la semaine dernière, en kitefoil, aussi appelé planche à aile portante.
Les Madelinots Dominique Fournier, Constance Koenig-Soutière, Hans Aubert et Xavier Fontaine se sont récemment lancé ce pari un peu fou.
Armés de leur planche à aile portante tractée en plus par une voile, ils sont d’abord partis faire 17 km aller-retour vers une des îles de l’archipel, une traversée qui s’est déroulée sans problème. Une première étape vers une aventure encore plus grande.
L’idée a été lancée, Hans nous dit »Aye, on va à Chéticamp, on le fait ». L’excitation est montée, là on essayait juste d’assembler les conditions pour réaliser l’exploit
, raconte Dominique Fournier, au micro de l’émission L’Heure de pointe.

Une traversée bien préparée
Le voyage a nécessité son lot de préparation. Ça va demander surtout de la sécurité en mer, donc, des répétitions, comment récupérer un corps immobile dans l’eau, comment récupérer un kite, comment défaire des lignes
, précise Xavier Fontaine. Ce n’est pas un trip qui s’improvise.
La participation d’un bateau de pêche pour escorter le quatuor était aussi primordiale. Le capitaine et son équipage, en plus des kitefoil, allaient pouvoir communiquer par walkie-talkie pendant la traversée ou intervenir en cas de problème.
Les éléments météorologiques devaient aussi être pris en compte.
Préparations faites, le quatuor fixe finalement la date du départ au lundi 12 août à 8 h. Ils estiment que la traversée prendra quatre heures.
Une table pour neuf
Bien motivé, le groupe a décidé de rajouter une couche au défi en faisant une réservation pour neuf personnes, au restaurant Le Gabriel de Chéticamp pour le lundi soir.
On aimerait avoir notre réservation pour à peu près sept heures. Nous autres, on fait la drive des Îles, ça se peut qu’on aille une couple de minutes de retard, on descend avec des voiles
, a dit Hans Aubert au téléphone à l’employé du restaurant, en enregistrant sa conversation.
Lundi matin arrive enfin et le départ se fait un peu plus tard que prévu. On a eu un manque de vent alors que ça a pris un petit peu plus de temps
, explique Hans Aubert.
Ensuite, le quatuor a dû faire face à des trous de vents
et quelques problèmes techniques, dont le contournement d’un traversier.

Le bateau de pêche qui a escorté les kitefoileurs lundi était piloté par le capitaine Martin Nadeau, épaulé par son équipage composé de Kevin Duquette, Emmanuel Paquette, Frédéric Plourde et Frédéric Marin. PHOTO : GRACIEUSETÉ : ISABELLE EMOND
Constance Koenig-Soutière, qui avait changé son kitefoil pour un surf pendant la traversée, a finalement pris la décision d’abandonner en cours de route en raison des vents. J’ai fait signe au bateau que je voulais embarquer parce que ça n’avançait plus à la vitesse que je voulais
, explique-t-elle.
Notre vitesse de croisière était diminuée par rapport à ce que l’on pensait, mais après, ça a repris vraiment fort au bout de trois heures
, poursuit Hans Aubert.
Malgré les pépins, le défi a été relevé, avec un temps de traversée de six heures. La réservation du lundi soir au restaurant Gabriel a pu être honorée.
Repousser les limites du possible
D’être en haute mer en kitefoil est dans tous les cas une expérience qu’ils ne sont pas prêts à oublier.
Tu regardes autour de toi, c’est désert, c’est l’horizon, 360 […] moi j’ai pogné des fous rires
, partage Dominique Fournier. Tu sais quand on dit »Enjoy le moment présent. » Là, c’était le moment de le faire et c’est dur de passer à côté.

Les sportifs estiment que ce projet souligne l’audace des sportifs en repoussant les limites du possible dans un environnement maritime exigeant. PHOTO : GRACIEUSETÉ : ISABELLE EMOND
Déjà, le groupe s’est mis à rêver d’autres traversées potentielles.
Ce serait vraiment le fun d’aller en Gaspésie ou à Saint-Pierre-et-Miquelon
, dit Constance Koenig-Soutière. Tout le monde est motivé pour le prochain voyage.
LA UNE : Quatre courageux ont tenté la traversée entre les Îles-de-la-Madeleine et le Cap-Breton en kitefoil ou planche à aile portante. PHOTO : GRACIEUSETÉ : KEVIN DUQUETTE