Écofaune boréale, qui avait mis la main sur les équipements de l’entreprise madelinienne Total Océan lors de sa faillite, pourrait s’en départir prochainement, au profit de la province voisine, Terre-Neuve.
Le Centre collégial de transfert de technologie (CCTT) du Cégep de Saint-Félicien, Écofaune boréale, indique qu’il ne peut plus soutenir financièrement les installations. Le CCTT n’a pas pu trouver rapidement les fonds pour concrétiser son projet de Centre intégré de valorisation des produits du phoque (CIVPP).
Un groupe de gens d’affaires de Terre-Neuve a entre temps déposé une proposition à Écofaune boréale. L’offre arrive bientôt à terme, et le centre collégial se dit dans l’obligation de prendre une décision.
Écofaune boréale lance un cri du cœur
Dans un courriel envoyé le 19 septembre à des élus et des représentants des gouvernements provincial et fédéral, le directeur d’Écofaune boréale, Louis Gagné, indique qu’il ne peut plus avancer seul dans le projet de Centre intégré de valorisation des produits du phoque.
Pouvez-vous aider à renverser la vapeur très rapidement et maintenir les actifs aux Îles?
, peut-on y lire dans ce courriel, dont Radio-Canada a obtenu une copie.
Le besoin [d’amasser] un fonds de recherche significatif pour faire face à tous les besoins nous apparaît désormais inatteignable pour le Centre intégré de valorisation des produits du phoque à très court terme.
Nous n’avons plus les moyens d’attendre le temps requis habituel
, est-il mentionné en caractères gras dans le courriel. Écofaune boréale indique aussi que son partenaire industriel fait face à des défis qui contribuent à rallonger les délais et les besoins financiers
.
Les équipements de Total Océan, qui permettent de transformer le gras de phoque en huile pharmaceutique, quitteraient donc les Îles, ce que déplore le directeur de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec, Gil Thériault.
Ce serait un recul important aussi s’il fallait que les équipements partent pour Terre-Neuve. On a travaillé quand même fort pour que ces équipements de haute technologie, de pointe, se retrouvent aux îles de la Madeleine
, commente M. Thériault.
Gil Thériault, directeur de l’Association des chasseurs de phoques Intra-Québec. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE
Gil Thériault souligne que les projets dans le dossier de la transformation du phoque sont souvent venus d’initiatives québécoises.
Selon lui, contrairement à ce qui se passe à Terre-Neuve, le gouvernement du Québec n’a pas été très présent dans le dossier. Le gouvernement du Québec nous a aidés, on va dire, du bout des lèvres et du bout des doigts. Il n’a jamais investi dans ce dossier-là comme le fait Terre-Neuve.
On est pas mal les leaders dans plein de dossiers, mais malheureusement, c’est sûr que si on n’a pas plus d’appuis que ça au niveau politique, que ça soit provincial, municipal ou surtout fédéral, c’est peu étonnant qu’éventuellement les partenaires lâchent prise.
Gil Thériault craint que si ces équipements partent des Îles à prix de rabais, il soit difficile d’obtenir d’autres investissements pour soutenir la transformation et la valorisation des produits du phoque.
Interpellé, le cabinet du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, indique que le dossier est encore en analyse.
LA UNE : Les équipements de Total Océan, qui permettent de transformer le gras de phoque en huile pharmaceutique, pourraient quitter les îles. (Photo d’archives) PHOTO : GRACIEUSETÉ DE TOTAL OCÉAN
PAR Joane Bérubé / Isabelle Larose