L’Est-du-Québec est un « jardin marin » : les vagues apportent mollusques, algues et crustacés sans toutefois que l’accès à ces ressources ne soit autorisé pour la cueillette. Un nouvel organisme souhaite militer pour rendre ces richesses marines accessibles aux citoyens.
La mer en Gaspésie est partout autour de nous
, fait remarquer Hugo Daniel, président d’Ensemble pour un accès aux ressources marines, un organisme qui devrait devenir officiel au mois de novembre.
La mission du groupe est de démocratiser l’accès au fleuve pour les citoyens, en respectant l’environnement, et en intégrant différents acteurs du milieu, comme les Premières Nations, les gouvernements, les pêcheurs et les citoyens.
On a de la misère à remplir notre assiette alors qu’on a ce garde-manger incroyable à notre portée.
Il est entre autres interdit par la Loi sur les pêches d’attraper des homards notamment à marée basse, sous peine d’amendes salées.
Les zones pour récupérer des mollusques sont limitées, et les contrevenants s’exposent à des contraventions de plusieurs milliers de dollars. Les algues aussi sont à cueillir avec prudence si un permis est octroyé.
Des agents de Pêches et Océans surveillent les berges pour éviter ces comportements et agir en cas de gestes illégaux. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Nicolas Lachapelle
Un garde-manger pour les citoyens
Hugo Daniel explique que certaines régions plus chaudes du Québec peuvent récolter des aliments plus longtemps comparativement aux régions où les hivers sont rigoureux.
On l’a aussi, notre jardin, mais la mer, c’est notre jardin à l’année, alors ça serait vraiment important de pouvoir l’utiliser, nous aussi
, croit le président.
Il soulève la problématique des déserts alimentaires. Il faut parfois parcourir des dizaines de kilomètres en Gaspésie pour trouver une épicerie.
Inclure le Saint-Laurent dans les options alimentaires de la région marquerait une grande différence dans le quotidien des citoyens, pense Hugo Daniel.
Il décrit l’approche du collectif Manger notre Saint-Laurent, qui vise à améliorer l’accès au fleuve d’un point de vue plus commercial, par exemple en mettant de l’avant des poissons et des fruits de mer du Québec dans les poissonneries et les restaurants.
Hugo Daniel précise que son organisme défendrait une démarche citoyenne, le lien direct entre la mer et le citoyen.
Ce qu’il faudrait faire c’est vraiment faire changer la vision du gouvernement face à ça
, ajoute le président.
De nombreux crustacés peuvent se retrouver sur les plages. L’organisme suggère de changer la législation pour qu’ils puissent être amassés. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Jérémie Tessier-Vigneault
Convaincre les autorités
Avec cette vocation de représenter une voie citoyenne devant le gouvernement, l’organisme souhaite donner un nouvel élan aux mobilisations qui existent depuis plusieurs années.
On a des gens qui sont impliqués sur la Côte-Nord et aux Îles-de-la-Madeleine.
La Côte-Nord défendait d’ailleurs la pêche récréative comme tradition régionale en 2019. Plusieurs mouvements prônaient cet accès citoyen aux ressources maritimes, en comparant les pratiques de la Colombie-Britannique.
LA UNE : L’organisme Ensemble pour un accès aux ressources marines souhaite que les citoyens puissent se nourrir avec les ressources du fleuve Saint-Laurent. Photo : Radio-Canada / Sandra Fillion
PAR Alice Jacottin avec les informations de Renée Dumais-Beaudoin